Vous ne le savez peut-être pas mais allumer la lumière, faire réchauffer un plat au micro-ondes ou passer un coup de fil nous expose à des champs de forces électriques et magnétiques.
En France, les seuils de rayonnement sont fixés par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), un organisme qui veille à ce que notre monde ultra-connecté ne se transforme pas en jungle électromagnétique.
Chacun peut faire des choix simples pour éviter de (trop) s’exposer à la maison. C’était l’objet de la conférence de Thierry Gautier organisée par les élus de l’échelon local de la MSA de Maine-et-Loire. Loin des discours anxiogènes, en citoyen « éclairé », celui qui se présente comme « géobiologue* et sourcier », a expliqué, à une salle comble, de façon simple et concrète, sa vision d’un environnement « électromagnétiquement » plus sobre.
Ils s’appellent Jacques, Blandine, Mauricette ou Olivier. Ils sont membres du comité local d’Angers-Les-Ponts-de-Cé de la MSA de Maine-et-Loire. Véritable pouls de la France des territoires, ces bénévoles s’emparent aussi de sujets sociétaux dès lors que la santé et le bien-être des adhérents, mais aussi de toute la population, sont en jeu. En 2017, le thème de l’isolement social les avait mobilisés. Cette année, la pollution électromagnétique dans l’habitat a retenu leur attention.
« Je vais commencer par vous dire comment j’en suis venu à m’emparer de ce sujet, annonce Thierry Gautier, micro sans fil branché pour être entendu de tous. J’ai vécu dans la maison qu’il ne fallait pas habiter. Un foyer très pollué… On a galéré, mon épouse, mes enfants et moi, pour comprendre pourquoi nous étions toujours malades. Jusqu’au jour où un médecin nous a dit : “C’est peut-être votre maison qui vous rend malade.” Je me suis dit : “Qui est ce charlatan ?” Comme je ne voulais pas mourir idiot, on a fait venir un spécialiste des ondes qui nous a expliqué que toute la consommation électrique du village passait sur la façade de la maison. »
Un déménagement, des recherches, l’écriture de livres très documentés plus tard, il est devenu une référence sur le sujet. Dans votre poche, votre bureau, votre salon, votre cuisine et même dans votre chambre, Thierry Gautier est du genre à s’inviter partout. Non pas que ce chasseur d’ondes électromagnétiques soit sans gêne, mais il va là où elles se trouvent. Nous sommes en permanence exposés à des champs électriques et magnétiques. Certains sont d’origine naturelle, d’autres sont créés par les activités humaines (transport, distribution de l’électricité ou… petites merveilles connectées).
Le cas du portable
« Ce nouveau venu dans la grande famille des pollueurs de l’habitat peut devenir un problème si l’on n’y prend pas garde, prévient- il. Le téléphone portable, vous en avez déjà vu ? Vous connaissez des gens qui en ont ? [Rires dans la salle.] Vous connaissez son DAS [débit d’absorption spécifique] ? Si ce n’est pas le cas, renseignez-vous. Plus le chiffre est élevé, plus votre Smartphone émet d’ondes. » Les sourires font place à des moues interrogatives.
Thierry Gautier rappelle que les parents doivent être très attentifs à l’usage de leurs enfants. Il est en accord avec les recommandations de l’Anses : réduction du temps d’exposition, usage modéré et recours au kit mains libres. « Quand tombe-t-on dans l’excès ?, interroge-t-il. Je ne vais pas vous dire de vous terrer dans une grotte, ni de jeter vos affaires. Les fréquences et la durée d’exposition sont très importantes. Comme on passe de nombreuses heures chez soi, notamment pour y dormir, autant commencer par y faire le ménage. »
Le géobiologue est venu les bras chargés (box, prises électriques, objets du quotidien et détecteurs aux signaux sonores si caractéristiques) pour asseoir son propos.
Lorsqu’il s’approche d’un téléphone sans fil, le signal est immédiat. « Préférez un téléphone filaire, insiste-t-il, car la base d’un téléphone fixe sans fil émet des ondes en continu. Si vous ne souhaitez pas revenir au bon vieux téléphone, tournez-vous vers les appareils n’émettant pas d’ondes quand vous n’êtes pas en conversation. » Il explique qu’on peut protéger son intérieur des émissions du WiFi tout en utilisant les avantages quand on en a besoin. « Mais surtout pas 24 heures sur 24. Si on peut se servir d’une connexion filaire, c’est mieux. »
Prudence et bonnes habitudes
Il porte une attention particulière à la chambre. « C’est une pièce centrale car on y passe environ un tiers de notre journée en position statique. Ce qui signifie que la fréquence et la durée d’exposition aux ondes y sont très élevées. Utilisez un radioréveil à piles ou éloignez-le de votre lit. »
De même, il est préférable de ne pas coller une chambre à la cuisine. « La pièce rassemble de nombreux appareils émetteurs d’ondes. » Il a en ligne de mire le four à micro-ondes. « Pas de catastrophisme ou d’alarmisme mais de la prudence. En présence d’un four au joint abîmé, il ne faut pas hésiter une seconde à le jeter. » Il déconseille aussi aux gourmands pressés d’éviter de rester plantés devant pour voir si le hachis parmentier est décongelé.
Pour la cuisson, il conseille les plaques vitrocéramiques ou au gaz plutôt que les plaques à induction dont la chaleur est générée par un champ électromagnétique.
À la fin de son exposé, Thierry Gautier a eu droit à une question sur Linky, le compteur électrique connecté qui déchaîne les passions. « Bien sûr qu’il émet des ondes, comme tout objet connecté, mais on ne dort pas à côté. Un convecteur électrique qui irradie toute la nuit près d’un lit, dormir à côté de son Smartphone ou d’une lampe de chevet mal branchée sont plus problématiques. »
Pendant la conférence, un autre type de pollution a envahi la salle, pas non plus facile à éradiquer : la sonnerie du portable de ceux qui ne savent pas le mettre en mode silencieux quand ils sont dans une assemblée ou au théâtre…
*La géobiologie est une discipline qui a l’ambition de traiter des relations de l’environnement, des constructions et du mode de vie avec le vivant, de l’ensemble des influences de l’environnement sur le vivant.