Témoignages
Donner des réponses de proximité
Notre département, qui compte 2,6 millions d’habitants, est jeune mais avec tout de même une population vieillissante qui va être exponentielle dans les années à venir. C’est de notre responsabilité d’anticiper des solutions d’accueil et d’accompagnement, de même que pour les personnes en situation de handicap. Nous sommes aussi un département rural, et devons donc donner des réponses de proximité en ruralité.
Nous avons ainsi réfléchi, conjointement avec la MSA et la chambre d’agriculture, à comment accompagner les agriculteurs qui souhaitent devenir accueillants familiaux. Chacun apporte sa pierre à l’édifice pour trouver les meilleures conditions possibles de cet accueil à la ferme. La chambre d’agriculture et la MSA, qui connaissent bien leurs ressortissants, nous aident à donner des agréments d’accueil de qualité. C’est une palette qu’on élargit et une réponse qui prend en compte le parcours des personnes. Nous avons déjà une cinquantaine de candidatures d’exploitants.
Faire avancer les réflexions
Nous organisons des réunions de sensibilisation auprès des agriculteurs auxquelles viennent témoigner des accueillants comme Martine Tourneux.
Nous réalisons également les diagnostics conseil : nous nous rendons chez les agriculteurs pour voir la situation de l’exploitation, faire le point sur les activités de la ferme, et les sensibiliser sur la conciliation du travail d’exploitant et d’accueillant familial. Deux ont été effectués chez des agricultrices par nos services cette année. Pour la deuxième, il a permis de faire avancer sa réflexion. Initialement, elle pensait accueillir de façon permanente et, à la suite du rendez-vous, elle s’orienterait vers un accueil de jour ou temporaire.
Recréer un vivre ensemble
Le but est d’éviter de recréer des Ehpad. Ça coûte cher, sans répondre forcément aux besoins de tous, et face à la population croissante de personnes âgées, les demandes vont saturer. À titre d’exemple, dans la commune de Bavay, il y a aujourd’hui environ 480 personnes qui ont 69 ans et plus, sur un total de 3 500 habitants. C’est beaucoup, et pour seulement 69 places dans l’Ehpad.
Nous devons donc trouver des solutions alternatives, l’accueil familial en fait partie. Nous avons également un projet de béguinage [mode de vie collectif pour les seniors avec un but de maintien du lien social] dans plusieurs communes. Mais certains quartiers construits pour les seniors sont comme des ghettos, il n’y a pas d’échange intergénérationnel alors que les anciens participent à l’éducation des jeunes ; il faut travailler là-dessus pour réussir à recréer une mixité, un vivre ensemble. Ce qui se faisait naturellement il y a plus de 50 ans, dans la vie des villages.