« L’inspection du travail, ce n’est pas que du contrôle, c’est aussi une mission de promotion, de prévention santé », prévient M. Boutin, ingénieur prévention à la direction régionale des entreprises de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (la Direccte) de Bretagne. Il est venu sur le stand des MSA Portes de Bretagne et Armorique, le vendredi 13 septembre, pour assister à la présentation au public du site Internet www.prevention-tms-tpe.bzh, entièrement consacré aux troubles musculosquelettiques (TMS) par l’équipe qui a porté le projet.
Olivia Raas, médecin de travail de la MSA Portes de Bretagne, Jean-Michel Fougère, ingénieur-conseil régional adjoint pour la caisse d’assurance retraite et de la santé au travail (Carsat) de Bretagne et Florent Arnaux, chargé de mission à l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact) de Bretagne, en ont détaillé la navigation, les points d’entrée et la cible. La Direccte est partenaire de ce qu’ils désignent tous comme un « outil de prévention ».
La constitution du groupe de travail s’est faite afin de répondre à l’action 3 du plan régional santé au travail (PRST), portant sur l’évaluation et la diffusion des démarches et des outils « développés notamment en matière de prévention des troubles musculosquelettiques (TMS) ».
« En 2017, en Bretagne, le régime général de sécurité sociale a dénombré pour ses travailleurs salariés la reconnaissance de 3 259 TMS (10 par jour) et le régime agricole 457 TMS. »
Jean-Michel Fougère ingénieur-conseil régional adjoint pour la Carsat de Bretagne.
Le plan, piloté par le Comité régional d’orientation des conditions de travail (Croct) et présidé par la Direccte, a réuni la Carsat, l’Anact, la MSA, les partenaires sociaux (CFDT, CFTC, CGT, CFE-CGC et Medef), ainsi que Bretagne santé au travail, l’association des services de santé au travail. Dans son intervention, Jean-Michel Fougère insiste sur l’enjeu pour la région, qui doit « faire face à une problématique majeure en santé au travail : les troubles musculosquelettiques. En 2017, en Bretagne, le régime général de sécurité sociale a encore dénombré pour ses travailleurs salariés la reconnaissance de 3 259 TMS (10 par jour) et le régime agricole 457 TMS. » Avec un double impact à la fois sur la santé (« souffrance des victimes ») et sur l’économie, qui se traduit, selon le responsable de la Carsat, par des « coûts indirects pour les entreprises qui rencontrent même des difficultés de recrutement dans certains bassins d’emploi ».
Haro sur les idées reçues
Grâce à une extension en .bzh dans l’url et aux deux mots clés, TMS (troubles musculosquelettiques) ainsi que TPE (très petites entreprises), le thème et les destinataires du site Internet sont explicitement énoncés. Toutes les connaissances connues sur cette maladie professionnelle, provenant de littératures scientifiques ou d’institutions, comme la MSA, ont été rassemblées pour être rendues disponibles et accessibles aux salariés comme aux employeurs bretons. Présentés sous forme de fiches téléchargeables, les documents mis à disposition ne se contentent pas juste d’informer mais cherchent à enclencher une démarche de prévention contre cette pathologie, tout cela dans l’intérêt de l’entreprise elle-même. La petite vidéo, placée en page d’accueil du site, revient sur la situation. « En Bretagne, les TMS représentent 90 % des maladies professionnelles. Notre région est deux fois plus touchée que la moyenne nationale. » Et délivre de l’information. La lutte contre ce mal du travail implique de s’attaquer en priorité aux idées reçues. Les TMS ne sont pas une spécialité des grandes entreprises, par exemple. leurs causes sont multiples. « Les facteurs de risque peuvent également être le froid, les vibrations, et le mal-être provoqué par le stress, la pression ou une mauvaise organisation du travail. »
Un travail collaboratif enrichissant
Olivias Raas n’est pas prête d’oublier l’aventure. « J’ai trouvé ça intéressant car cela m’a permis de collaborer avec des collègues de différentes institutions en santé au travail. Je conseille vivement de participer à ce type de projet au sein du Plan régional en santé au travail, parce que c’est enrichissant. On collabore chacun avec ses regards, son vécu et son expérience professionnelle », raconte-t-elle.
Quelle serait la prochaine étape de ce travail collaboratif ? Elle esquisse une piste : ce serait de « pouvoir avoir un retour d’expérience de ces outils auprès des TPE pour échanger ensuite, et construire voire alimenter ou faire évoluer les choses s’il y a besoin ».
Spécial Élections
MSA 2020
Au salon, un espace a été consacré aux élections MSA de janvier 2020 sur le thème «Et si vous aussi vous deveniez délégué MSA», avec le rappel de la date limite pour candidater. Sur une borne interactive tactile, après avoir indiqué leurs coordonnées, les visiteurs ont eu l’occasion de participer à un jeu concours qui leur permettait d’empocher un lot par jour. Christelle Guerin, animatrice MSA Portes de Bretagne aux côtés d’Yvon Recoursé, un administrateur de MSA d’Armorique, se sont occupés de l’animation. En même temps, les adhérents de la MSA ont été invités à vérifier jusqu’au 13 septembre s’ils figuraient bien sur les listes électorales et dans le bon collège pour pouvoir voter du 20 au 31 janvier 2020.
À l’écoute des agriculteurs.
Patrice Barbier, conseiller en prévention à la MSA Portes de Bretagne, aux côtés d’autres préventeurs, infirmiers et médecins du travail, a répondu aux questions des agriculteurs sur les sujets qui les préoccupent concernant l’exercice de leur métier et/ou les TMS.
Quelles pathologies rencontre-t-on en Bretagne ?
Les pathologies fréquentes dans la région se situent au niveau des membres supérieurs, notamment l’épaule. Sur les postes de traite, par exemple, souvent les personnes atteintes par ces douleurs ont conscience qu’elles doivent se soigner et qu’elles ne pourront pas continuer à exercer leur métier. La première solution qu’elles trouvent, c’est d’alléger le poids des faisceaux trayeurs. Nous intervenons à ce stade pour leur conseiller d’agir également sur d’autres paramètres, comme l’organisation du travail. Nous leur proposons de se faire aider par d’autres personnes sur l’exploitation quand c’est possible. Parmi les solutions techniques, il est possible de travailler sur l’allégement des griffes, quitte à en changer juste une partie, comme les étuis qui sont parfois les parties les plus lourdes sur le faisceau, ou d’installer des systèmes mécanisés de brossage. Alors le geste ne fait plus qu’accompagner le mécanisme ou l’outil.
En quoi consiste votre rôle de conseiller ?
Notre rôle, c’est de répondre à la problématique qui nous est posée par une entreprise, une filière, une exploitation. Concernant les TMS, nous sommes en veille sur toutes les innovations technologiques. Un salon comme celui-ci représente l’occasion de voir ce que les fabricants proposent comme outils permettant d’améliorer le confort de travail dans les exploitations. En tant que préventeurs, nous sommes capables de rapporter aussi cette information-là aux éleveurs que nous rencontrons. Si je reprends l’exemple des griffes, il existe aujourd’hui des modèles qui réalisent plusieurs opérations en même temps : l’action de traire et celle de nettoyer le pis après la traite, ce qu’on appelle le postrempage. Ces accessoires, qui existent déjà depuis quatre ans, sont en train de se développer. Bien sûr, cela représente un surcoût. Mais c’est un investissement qui améliore les conditions de travail, le confort et les résultats en matière de traite.
Combien coûtent un faisceau de traite standard et un de nouvelle génération ?
Autour de 1 000 euros pour un équipement classique. Pour l’installation avec des faisceaux nouvelle génération à plusieurs fonctions, le prix varie de 1 500 à 2 000 euros par poste en fonction de leur nombre total. En effet, une partie du coût concerne une installation fixe identique quel que soit le nombre de postes.
La MSA accompagne-t-elle l’acquisition de ces outils ?
Nous proposons, entre autres, l’Aide financière simplifiée agricole (AFSA). Elle n’est pas réservée à ce type d’équipements en particulier. Mais elle est versée quand l’investissement entre dans la catégorie «amélioration des conditions de travail», c’est-à-dire quand le dispositif d’amélioration permet de remplacer une tâche manuelle, fastidieuse ou pénible.
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