Aménagement paysager, fleuristerie, cheval

À une vingtaine de kilomètres de Paris, l’Agrocampus de Saint-Germain-en-Laye, dédié aux métiers de la nature et du vivant, propose diverses voies de formation : lycée agricole et général, technologique et professionnel, centre de formation pour adultes, CFA. Ce dernier forme des apprentis, du CAP au BTS, « dans les filières aménagement paysager, fleuristerie, cheval, détaille Madame Wullus, sa directrice. Ceci sur un site riche en diversité, propice à la découverte du geste technique. Les équipes pédagogiques portent une attention forte à chacun des apprenants, pour le choix des études, l’intégration du jeune en entreprise, dans le cadre d’un suivi individualisé tout au long de leur parcours ».

Une cellule d’écoute spécifique avec une psychologue diplômée indépendante des équipes pédagogiques fonctionne par ailleurs depuis 2014 et assure, si besoin, une médiation entre apprentis, équipes pédagogiques et entreprises pour trouver les solutions les plus adaptées. Atelier paysager et exploitation horticole participent également à l’acquisition des compétences que les jeunes mettront en oeuvre à l’issue de leur formation.

« La MSA travaille avec nous depuis de nombreuses années, poursuit la directrice. Ses interventions sur l’hygiène et la sécurité sont primordiales pour les disciplines que nous enseignons, pour que les jeunes se préparent à un avenir professionnel dans les meilleures conditions. »

Opération régionale de solidarité

En ce 16 novembre, forte des liens étroits noués avec les CFA de la région Île-de-France, la MSA est présente dans le cadre d’une opération initiée quelques semaines auparavant, mais avec une autre casquette que celle de la santé-sécurité au travail. « Nous avons lancé une collecte depuis septembre dans nos agences, indique Laurent Pilette, directeur général de la MSA de l’Île-de-France, pour remettre des sacs solidaires aux apprentis et aux étudiants des filières agricoles. Nous voulons par cette action symbolique montrer aux jeunes durement touchés en cette période particulière l’intérêt que nous leur portons et les assurer de notre soutien ».

Depuis le début de la crise sanitaire, plusieurs études ont alerté sur les conséquences de celle-ci sur la santé physique et mentale des jeunes, la dégradation de leur situation financière et les complications auxquelles ils peuvent être confrontés dans le cadre de leurs études. Difficile alors pour eux d’assurer le quotidien, d’imaginer un horizon professionnel et un avenir sereins.

La réduction des interactions sociales, la tenue des cours à distance ont participé à ce contexte anxiogène et ont entraîné chez certains un sentiment de vulnérabilité. Certains s’en sont mieux sortis que d’autres puisqu’ils étaient en activité dans pour assurer l’alimentation de la population. Reste que la fermeture des établissements scolaires et la dispensation des cours à distance ont compliqué la donne : « les contacts avec les copains, c’était via les réseaux sociaux », pointe l’une des jeunes présente, aujourd’hui apprentie à la Bergerie de Rambouillet. Dans le petit groupe venu avec elle, la plupart ont l’intention de s’installer en agriculture : ferme pédagogique, élevage équin, élevage bovin, reprise d’un haras… les projets ne manquent pas. La pandémie s’est invitée mais n’a pas altéré leur passion ni leur volonté.

Denrées alimentaires, produits d’hygiène, fournitures

Pourtant, « elle a laissé des traces visibles chez les apprentis et les étudiants, et a notamment affecté leur budget de manière significative, faisant basculer certains jeunes dans la précarité et accentuant certaines situations déjà fragiles, relève Michel Grésille, premier vice-président de la MSA de l’Île-de-France. D’où le souhait de nous mobiliser pour organiser cette action de solidarité régionale. »

Les apprentis de cinq CFA sont réunis à Saint-Germain-en-Laye pour se voir remettre ces colis solidaires « réalisés en partie grâce aux dons provenant de la collecte organisée au sein des agences de la MSA de l’Île-de-France et auprès de ses adhérents, mais aussi avec des produits achetés auprès des producteurs franciliens (miel et jus de pommes des Fermes de Gally, pâtes aux oeufs de la Ferm’ Meaux Pâtes, tablettes de chocolat fabriquées à Nemours…). » Outre les denrées alimentaires, « ils contiennent des produits d’hygiène, qui coûtent cher, et quelques fournitures scolaires ». Une opération à laquelle s’est largement associé le Crédit agricole, proche partenaire de la MSA de l’Île-de-France, en apportant un financement important pour l’opération. Sa 4e édition des Semaines du sociétariat qui se tenait en novembre a été justement axée sur la solidarité envers les jeunes.

« Solidarité, proximité, utilité »

« Cette période de deux ans a été d’une violence sans nom, déplore Nathalie Mourlon, directrice générale adjointe du Crédit agricole de l’Île-de-France. La population de la région est jeune et nous devons la soutenir. Nous avons notamment pris le double de stagiaires et d’alternants dans le groupe pour leur offrir la possibilité d’avoir un avenir. Nos élus et collaborateurs dans les caisses locales ont imaginé des animations spécifiques : cagnotte interne au profit d’associations, initiatives pour l’insertion… Ces jeunes sont les actifs agricoles de demain et il faut aussi les sensibiliser aux outils que sont la MSA et le Crédit agricole. » Guillaume Vanthuyne, agriculteur, vice-président du banquier mutualiste en Île-de-France, pointe lui aussi les difficultés pécuniaires, la perte du petit boulot, les retentissements psychologiques liés à la crise du Covid-19, et la volonté commune des deux institutions de mener des actions concrètes en direction des jeunes : « Solidarité, proximité, utilité », précise-t-il.

2 600 sacs distribués en novembre

Autre partenaire présent : Benjamin Beaussant, à la tête de la direction régionale et interdépartementale de l’agriculture, de l’alimentation et de la forêt (Driaaf). Il souligne que « 2 200 apprentis sont présents dans l’enseignement agricole en Île-de-France, au sein de 13 CFA. Ce sont aussi 2 000 entreprises qui se sont engagées auprès de jeunes pour les conduire vers une insertion professionnelle. Cette opération donne une occasion à l’enseignement agricole et à la Driaaf de prolonger des partenariats qui existent déjà avec la MSA en matière d’hygiène et de sécurité. Et, pour les jeunes, c’est une opportunité d’identifier les institutions qui sont susceptibles de les accompagner pendant leur vie professionnelle. »

D’autres distributions de sacs – près de 2 600 au total – ont eu lieu durant le mois de novembre dans tous les départements de la région, rassemblant de nouveaux partenaires sur certains territoires (comme l’association Solaal, en Seine-et-Marne). Une initiative porteuse des valeurs solidaires du monde agricole, qui a mis un peu de baume au cœur à des jeunes bien éprouvés.

Voir aussi

De la nourriture et du lien. Article sur l’opération de solidarité conduite par la MSA d’Alsace envers les étudiants.