Mesures économiques et sociales pour faire face à la pandémie

Afin d’éviter une envolée du chômage et une dégradation trop marquée du revenu des ménages en Europe, une série de mesures d’urgence destinées à assurer la sécurité économique et sociale des individus sont mises en place. Le recours à l’activité partielle, ou « chômage partiel », où l’État rembourse à l’employeur tout ou partie du salaire sous forme d’indemnité, prend une ampleur sans précédent en Europe. Au plus fort de la crise, en avril 2020, 32 millions d’Européens bénéficient de ce système, sur une population active de 205 millions de personnes.

Plus de 25 % des personnes en âge de travailler sont en activité partielle en France, au Luxembourg, au Royaume-Uni et aux Pays-Bas. L’objectif premier de la mesure est de préserver l’emploi, ce qui stabilise les ressources des ménages en assurant un revenu de remplacement. Par ailleurs, cela permet un meilleur redémarrage de l’activité une fois la crise passée.

Soutien des travailleurs indépendants

L’une des préoccupations majeures pour les pays de l’Union est de soutenir les travailleurs indépendants dont l’activité est limitée ou empêchée. Ne possédant pas le statut de salariés, ils ne sont pas éligibles à l’activité partielle dans la quasi-totalité des États. L’enjeu est alors d’arriver à les indemniser pour compenser la perte de chiffre d’affaires entraînée par les restrictions sanitaires.

Une aide financière d’urgence, sous forme d’un fonds de solidarité, est mise en place par exemple en France. Elle s’accompagne du report automatique du paiement des cotisations sociales et fiscales. Les travailleurs indépendants peuvent demander un report du paiement de leurs factures d’eau, de gaz et d’électricité, ainsi que de leurs loyers.

Pour les arrêts maladie liés au Covid-19, en France, les indépendants bénéficient d’une couverture maladie identique à celle des salariés. L’État n’a pas besoin de dégager d’urgence des liquidités pour les financer. Ce n’est pas le cas partout. Dans certains pays, le système de protection sociale ne prend pas en charge le risque maladie.

Actions pour les ménages à faible revenu

Ceux-ci sont également les premiers à être visés par les dispositifs de soutien au revenu. Des mesures hétérogènes par leur nature et leur montant sont mises en œuvre dans de nombreux pays européens. En Belgique ou en Espagne par exemple, l’État prend en charge ou permet de reporter certaines dépenses courantes (eau, électricité, chauffage) via des chèques énergie et le remboursement de certains prêts immobiliers est repoussé.

Pour aider les ménages à payer leur loyer, des primes sont accordées en Belgique, en Espagne et en Suède. En France, en Allemagne et en Irlande, les procédures d’expulsions sont gelées. Des masques sont distribués en France, en Italie et en Allemagne. Des secteurs associatifs clés ont bénéficié de soutiens publics importants : 100 millions d’euros en France en 2020 pour l’aide alimentaire, 100 millions de couronnes suédoises pour les associations s’occupant d’enfants vulnérables ou de femmes victimes de violences domestiques en Suède.

Les aides aux jeunes

Dans les pays de l’OCDE, pour 34,4 % des 18-29 ans, la crise Covid crée une vulnérabilité économique qui se prolonge par des difficultés financières ressenties plus importantes et une forte dégradation de leur santé mentale et de leur bien-être en comparaison des autres tranches d’âge (26,5 % des 30-49 ans et 19,5 % des 50-64 ans).

En fonction de l’état préexistant de leur protection sociale, les Etats européens utilisent de nombreuses politiques publiques très différentes les unes des autres pour soutenir les jeunes en cette période. Certaines d’entre elles sont mises en place pendant la crise de façon ad hoc. D’autres sont déjà effectives avant le début de la crise et ont pu absorber le choc social dû à celle-ci, jouant ainsi leur rôle de « stabilisateurs automatiques ».

L’OCDE identifie cinq grandes familles de dispositifs : les aides au revenu, les aides à l’embauche pour promouvoir l’emploi des jeunes (y compris les dispositifs de maintien dans l’emploi), les mesures pour favoriser les possibilités de formation professionnelle et d’apprentissage, les mesures pour renforcer les services de l’emploi pour les jeunes et les aides en matière de santé mentale.

Même si elle ne cible pas spécifiquement les jeunes, la première forme d’intervention consiste au recours massif aux dispositifs de préservation de l’emploi grâce aux programmes de chômage partiel et de subventions salariales.

Concernant les aides spécifiques aux jeunes, les actions en faveur de la formation professionnelle et de l’apprentissage se retrouvent dans tous les pays où le maintien des jeunes en formation professionnelle et la préservation des possibilités d’apprentissage est l’un des axes prioritaires pour limiter les effets de la crise.

La France, qui se caractérise par la grande variété des mesures mises en œuvre, ne se cantonne pas à l’apprentissage en termes de politique de l’emploi. Le programme « 1 jeune, 1 solution » s’élevant à 9 milliards d’euros cumule des primes en faveur du recrutement d’apprentis (de 5 000 à 8 000 euros), des aides à l’embauche des moins de 26 ans (sous la forme d’une compensation de charges de l’ordre de 4 000 euros), ainsi qu’un accompagnement renforcé vers l’emploi pour les jeunes défavorisés (sous la forme de services de mentorat, de parcours de formations qualifiantes ou pré-qualifiantes, ou encore via le dispositif de Garantie jeunes).

Pour permettre le soutien au revenu des jeunes au chômage, la durée des prestations chômage est allongée pendant la crise en Allemagne, au Danemark et en France. Le délai de carence est également suspendu au Danemark et en Suède.
En Espagne, en France et en Suède, les critères d’accès sont également modifiés afin de faciliter l’accès aux prestations pour les chômeurs ayant eu des trajectoires d’emploi atypiques ou n’ayant pas suffisamment cotisé (y compris les auto-entrepreneurs).

Redistribution par la protection sociale en France en 2020

L’année est marquée par l’importance du versement aux ménages de prestations de remplacement des pertes de revenus (indemnités de chômage partiel ciblant des ménages de tous niveaux de vie), et de solidarité (aides exceptionnelles aux foyers modestes avec enfants). La redistribution opérée en France en 2020 représente 34 % du total des prestations du champ de la protection sociale.

Entre autres mesures pour soutenir les revenus des ménages : des indemnités de chômage partiel et des aides  exceptionnelles de solidarité qui représentent respectivement 70 euros par mois et moins de 10 euros par mois en moyenne. Les 40 % d’individus les plus modestes (et en particulier les 10 % les plus pauvres) sont les destinataires de ces aides exceptionnelles. Ces 10 % d’individus les plus modestes présentent un profil particulier.
En effet, 78 % de leur revenu disponible sont constitués par les prestations sociales : ils perçoivent en moyenne 230 euros de minima sociaux, 180 euros de prestations de logement, 140 euros de prestations familiales et 45 euros de prime d’activité par mois.

Pour ces ménages, les aides exceptionnelles de solidarité versées en 2020 représentent un montant moyen de 25 euros mensuels. La priorité est donnée aux ménages avec enfant(s) et jeune(s) aux revenus modestes. Pour les ménages monoparentaux, elles représentent 10 euros par mois avec un enfant, 30 euros avec deux enfants et 65 euros par mois en moyenne avec trois enfants ou plus. Au total les prestations de protection sociales en France augmentent de 6,8 % en 2020 pour atteindre 813 milliards d’euros, soit 35 % du PIB.

En France, concernant le monde agricole, la MSA s’est également fortement mobilisée.