En ce mardi 15 mars, il est difficile de se dire que le salon parviendra au chiffre record de 26 000 visiteurs atteint en 2020 lors de sa dernière édition.
C’est, qu’à l’inverse de certains consommateurs, le calendrier agricole respecte les saisons : si, en janvier, la nature endormie permet de procrastiner, à l’approche du printemps, les travaux des champs requièrent une attention de tous les instants. Et à cause de ce décalage de deux mois, dû à la crise sanitaire, les professionnels de la viti-viniculture, des cultures légumières, de l’arboriculture, de l’horticulture ou des semences arpentent davantage leurs terres nourricières que les allées du Sival.
Mais ce n’est que le premier jour. Après une année en jachère, le salon rouvre ses portes et nul doute que les professionnels seront ravis d’en passer le pas tout au long de ses trois journées. Ceux déjà présents ont, pour l’heure, tout le loisir de découvrir les nouveautés et de discuter avec les exposants.
La MSA est dans la place
Ce qui est plutôt un avantage au stand FG 493, dans le grand palais, le hall principal du parc des expositions d’Angers, où les MSA du Val de Loire tiennent salon. Bien loin des potins mondains, les infirmières santé au travail, les responsables santé-sécurité au travail (SST) et les conseillers des MSA de Maine-et-Loire, Berry-Touraine, Mayenne-Orne-Sarthe et Loire-Atlantique – Vendée y causent prévention.
Dans les starting-blocks depuis deux ans, les équipes ne sont pas venues pour trier les lentilles lors de cette 35e édition (les machines dédiées à cette opération se trouvent hall B). Elles proposent quatre animations réparties en pôles dont les thématiques concernent l’ensemble des secteurs présents sur le salon, comme le précise Sergine Urvoy, conseillère en prévention à la MSA de Maine-et-Loire : « Le but est de nous adresser à l’ensemble des professionnels qui le fréquentent. Il est important de toucher chaque filière. Le choix des animations et des thèmes proposés s’est fait en fonction de ce critère ». Pour ce Sival 2022, les protections respiratoires, la prévention du risque solaire, l’accueil des salariés saisonniers et l’accompagnement à la conception de bâtiments sont ainsi abordés.
Il faut que tu respires
Si la sensibilisation des utilisateurs au choix de bonnes protections respiratoires et à la connaissance du risque chimique n’est pas un des sujets les plus attractifs, l’outil utilisé pour le présenter l’est bien davantage. Placez un grand écran, en bordure de stand, qui diffuse ce qui se déroule dans un casque de réalité virtuelle et vous êtes sûr d’attirer le chaland.
Ce vecteur, au premier abord ludique, joue parfaitement son rôle de leurre. Une fois le casque sur la tête et les manettes en main, le visiteur est immergé au cœur d’une problématique qu’il n’aurait certainement pas abordée sans ce support.
Grâce à l’un des quatre scénarios, qu’il choisit en fonction de son secteur d’activité (maraîchage, pépinière, arboriculture ou viticulture), il prend rapidement conscience que cette réalité n’est pas si virtuelle.
Choisir entre deux produits après en avoir décrypté les étiquettes et décider quelle protection respiratoire utiliser sont des problématiques souvent rencontrées dans la vie réelle. L’animation est l’occasion d’entamer la discussion sur ces décisions qui n’ont rien d’anodines.
Des pommes, des poires et des saisonniers
C’est à travers un autre support interactif, la tablette tactile, que se déroule l’animation consacrée aux travailleurs saisonniers.
Elle s’adresse autant aux employés qu’aux employeurs, et a pour but de sensibiliser les nouveaux arrivants aux principaux risques de l’activité de travail en arboriculture.
L’histoire commence avec une fresque, non pas chronologique mais interactive, sur laquelle il s’agit de repérer les différents risques. Elle se poursuit avec un conseiller en prévention lors de questions/réponses permettant d’éviter les risques professionnels, d’en apprendre davantage sur la réglementation et, pour l’employeur, de mettre en place la formation initiale au poste de travail.
Sous le soleil exactement
S’il met du baume au cœur et donne du cœur à l’ouvrage, le soleil n’est pas toujours le compagnon idéal au travail. C’est ce que découvrent les visiteurs au pôle « Soleil » du stand. Comme pour les protections respiratoires, c’est sous la forme d’un jeu, avec la roue « 3, 2, 1, soleil », qu’ils en prennent conscience.
Que la question porte sur les risques (cancers, UV), sur la prévention (tenue, crème, hydratation) ou qu’elle soit technique (chaleur, définitions) elle ouvre toujours sur un dialogue avec une infirmière afin d’aborder les risques liés à l’exposition solaire dans le cadre du travail. Le visiteur repart ainsi avec des informations lui permettant notamment de protéger sa peau, de la surveiller et repérer les changements.
Bien plus qu’un projet
Dernière animation, et pas des moindres, « Mon projet de chai » est en quelque sorte la star du stand. Non que le message de prévention qu’il délivre soit plus important que celui des autres pôles ou parce qu’il concerne la viticulture, mais pour le site internet qui l’accompagne.
Là encore, l’accent est mis sur le fait que l’on n’attrape pas le visiteur avec une simple plaquette. Mieux vaut exposer une belle maquette de bâtiments aux multiples détails avec tracteur, camion benne, tonneaux et petites figurines si l’on veut attirer l’œil de l’éternel enfant qui sommeille en chacun de nous.
Judicieusement placé à côté, un kakémono précise le propos. Le savoir-faire des conseillers en prévention fait le reste. Ils laissent quelques secondes au visiteur pour détailler la maquette. S’il s’y attarde davantage ou que ses yeux glissent sur le kakémono, c’est une potentielle cible pour le préventeur, qui fond, tout sourire, sur sa proie et le ferre d’un « Vous êtes vigneron, vous avez pour projet d’aménager un chai ? ». Le voilà pris dans les mailles du filet. Qu’il ait un projet d’aménagement ou de conception, il n’aura plus d’autre choix que de visiter le site monprojetdechai.fr.
And the winner is …
Développé par les services de santé-sécurité au travail de la MSA, le site est lancé officiellement ce mardi lors d’une conférence se déroulant à l’espace forum du salon, mais plusieurs vignerons ont déjà bénéficié de cet accompagnement.
« J’avais déjà un peu réfléchi à la construction de mon chai. J’ai visité pas mal de bâtiments, avec déjà une petite idée de ce que je voulais, explique Thibaut Henrion, vigneron à Saint-Macaire-du-Bois dans le Maine-et-Loire. C’est un viticulteur qui m’a parlé de cette démarche et je me suis renseigné lors du Sival en 2019. J’ai rencontré à plusieurs reprises les conseillers en prévention de la MSA afin de déterminer quels étaient mes besoins, comment seraient gérés les flux de matières, etc.
On ne cherche pas à vous forcer la main, à vous vendre quelque chose ; l’idée est d’échanger, de bénéficier du retour d’expérience des conseillers pour se poser les bonnes questions concernant l’utilisation des machines, les mouvements, les interactions entre les différents intervenants et la maintenance. Il y a de nombreux points de détail, d’aménagements et d’évolutions que je n’avais pas pris en compte. Nous avons donc planifié chaque étape de vinification et de réception de vendange. Nous avons essayé de mixer toutes les situations que l’on peut rencontrer afin d’avoir un bâtiment adapté à chacune et qui puisse évoluer. Je ne suis pas passé par le site, il n’était pas encore en ligne, mais ils y ont repris le même parcours de questionnement, la même démarche. Elle est bien aboutie, par rapport à la réflexion globale. Mes travaux viennent de commencer et je me rends compte qu’elle m’évite de nombreux écueils. »
Ce témoignage est la plus belle récompense que peuvent recevoir les services SST de la MSA pour cette démarche entreprise depuis quelques années. Toutefois, le Sival d’or du Concours Sival Innovation 2022 remis à l’équipe le mercredi16 mars est une reconnaissance tout aussi importante qui vient saluer la pertinence et l’esprit novateur de son travail.