Pour Harmony, qui va débuter un certificat d’aptitude professionnelle du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation (Capa) services aux personnes et vente en espace rural, et Dorian, qui entre en troisième, c’est le grand rush. Ils font leur rentrée à la maison familiale rurale (MFR) et centre de formation d’apprentis (CFA) de Bourgueil et retournent ainsi sur les bancs de l’école. Enfin, presque. Parce qu’à la MFR, c’est un enseignement un peu différent que les jeunes reçoivent. Ils sont à l’école, certes, mais également en alternance ou en apprentissage. Ils suivent donc un cursus scolaire tout en travaillant en entreprise.
Avec ses 430 structures associatives en France, les MFR forment chaque année plus de 100 000 personnes, de la classe de quatrième aux formations supérieures, dans 18 secteurs professionnels.
Valoriser les compétences des jeunes
Cette rentrée, Harmony, 16 ans, et Dorian, 15 ans, l’attendent avec impatience. Mais ça n’a pas toujours été le cas. Comme beaucoup de jeunes qui se tournent vers les MFR, ils étaient en échec scolaire. Pour certains, ces structures sont un moyen de rebondir et faire ce qu’ils aiment : travailler et pratiquer des activités manuelles. Pour Anne-Marie Leroy, la maman d’Harmony, sa fille a fait le bon choix. « J’avais 5 de moyenne au collège, explique la jeune fille. Je m’ennuyais et ça me rendait malade d’aller en cours. » Après en avoir discuté avec sa mère, qui a elle-même été formée en MFR, le choix est fait : elle y intègre sa quatrième, en internat.
Et depuis, tout a changé. « Aujourd’hui, elle a 16 de moyenne et se sent bien. » Un choix que cette mère de famille ne regrette pas, malgré le coût de l’internat qui pèse parfois sur le porte-monnaie. « Entre le budget qu’on aurait dû mettre pour le transport et les repas, les coûts s’équilibrent. Et de toute façon, son bien-être est le plus important », confirme-t-elle.
Même réaction du côté de Laëtitia Froger, mère de Dorian. « Mon fils n’a jamais été très scolaire. Ce qu’il voulait depuis tout petit, c’était faire des activités manuelles », souligne-t-elle. Il s’est donc inscrit dès que possible à la MFR CFA de Bourgueil et s’est lancé dans la maçonnerie, avec une spécialisation en taille de pierres. « Depuis, il revit ! », confie-t-elle.
Décrochage scolaire, harcèlement… « De nombreux parents et apprenants se tournent vers nous, déçus et épuisés par le système classique », assure Aurore Aussant, directrice de l’établissement. La combinaison école et stage permet ainsi une nouvelle approche et une valorisation, autant pour les uns que pour les autres.
Tremplin pour la vie active
Grâce à cette technique de formation, les MFR peuvent s’enorgueillir d’avoir un taux de réussite exemplaire, souvent bien plus important que dans l’enseignement général. Leur taux de réussite aux examens, toutes filières confondues, est de 92 %. De plus, les élèves qui suivent cet enseignement développent non seulement des compétences professionnelles, mais aussi des qualités personnelles qui leur serviront au quotidien dans leur futur métier.
« On développe une maturité que les autres élèves n’ont pas dans l’enseignement général, note Harmony, qui effectue son alternance en boulangerie. Le fait de travailler, mais aussi d’être en contact avec d’autres apprenants plus âgés, nous permet de mûrir plus vite. » L’insertion professionnelle est aussi facilitée. Pour Dorian, le fait d’être en MFR est un vrai avantage pour sa future carrière. « On découvre beaucoup de métiers, et on rentre dans la vie active directement. » Un véritable atout pour ces jeunes qui souhaitent se bouger et qui n’ont qu’une envie, travailler.
Un corps enseignant à l’écoute et présent
En plus de valoriser les compétences et les envies des élèves, les MFR accompagnent aussi les jeunes (et les moins jeunes) au quotidien. « On est tous très proches des maîtres d’apprentissage, explique Harmony. Ils prennent le temps de nous écouter et de répondre à nos interrogations. Si on a des difficultés, on n’hésite pas à se tourner vers eux. » Entre un effectif raisonnable d’élèves par classe – en général entre 15 et 20 – et le nombre restreint de moniteurs, l’enseignement en MFR favorise la proximité et la qualité.
Un carnet de liaison permet également aux enseignants de faire le lien entre les élèves et les parents qui sont au courant des progrès et de l’évolution de leur enfant. « Les enfants sont bien suivis, proches de leurs moniteurs, confirme Anne-Marie. À la fin de la semaine, on peut discuter avec eux, ils prennent toujours le temps. »
Harmony a une vision à long terme, puisqu’elle sait déjà qu’après la validation de son diplôme, elle s’engagera dans un CAP Accompagnant éducatif petite enfance. Un choix qu’elle a fait en concertation avec le corps enseignant. Pour Dorian, qui se laisse le temps de se décider, ce sera sûrement un changement d’école pour rejoindre une spécialisation maçonnerie et pourquoi pas se lancer dans la taille de pierres qu’il a déjà pratiquée cette année ?