Gilles Giraud, délégué à la MSA du Limousin, ne prend pas les trains en marche. Il les achemine lui-même en gare pour peu qu’on lui en laisse les commandes : 75 ans dont 42 ans et demi de cotisation et de travail ne l’ont pas épuisé. Son esprit ingénieux et sa vaillance viennent à bout de tout. Cet ancien salarié agricole court toujours après l’action, volontaire, bouillonnant de projets pour son territoire et d’idées de rénovation pour sa maison qu’il bichonne ou façonne – on ne sait plus – depuis plus de quarante ans.
Un vrai bijou datant de 1777, posé au beau milieu de la campagne, entre Bellac et Saint-Junien, pas très loin du village Mortemart, au cœur du Limousin où, si l’on en croit cet ancien Picard né dans l’Oise, on voit les étoiles scintiller dans le ciel. « Là-haut, on en observe beaucoup moins», déclare-t-il.
Son caractère bien trempé, Gilles Giraud le revendique. Quand quelque chose lui pèse sur le cœur, il n’hésite pas à le faire savoir. Chez lui, le verbe et l’action ne font qu’un. L’engagement n’a d’autres pulsations que ce tempo : il dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit. Plus qu’une valeur, c’est sa façon d’être. « Je ne suis pas là pour faire de la figuration. Si j’ai été élu par exemple à la MSA, c’est pour être actif. C’est une question de respect. J’entends aider les gens qui ont des soucis et représenter l’institution de toutes les manières possibles. » Qu’on se le tienne pour dit.
Le 8 octobre prochain, il organise une fête locale à Peyrat-de-Bellac sur le thème de l’alimentation avec force animations et interventions d’acteurs locaux, que ce soient des agriculteurs ou des professionnels de la santé. Il donne déjà rendez-vous au second semestre afin de découvrir lors d’une conférence la question des perturbateurs endocriniens.
Découvrez la fête de l’agriculture organisée par les bénévoles de la MSA du Limousin en octobre dernier 2022 en Creuse, en Corrèze et en Haute-Vienne.
Avoir confiance en soi
Au cœur de cette intarissable énergie, la confiance en soi. Il l’acquiert à l’adolescence lorsqu’il arrive troisième au certificat d’étude primaire, un concours qui n’existe plus depuis 1989 et qui sanctionnait le savoir acquis en classe primaire. Lui qui n’aimait pas apprendre, peu à l’aise avec le principe de la note, découvre au centre d’apprentissage qu’il n’est pas « fainéant ». Mieux il possède la faculté de retenir tout ce qu’il entend. À l’époque, tout le monde est surpris par sa performance. Pour lui, ce sera une révélation et le déclic qui le réconcilie avec l’école, l’enseignement et l’apprentissage.
Depuis, les certifications et les diplômes pleuvent au gré de ses curiosités et de sa faim de connaissances. Rien de nouveau ne lui paraît insurmontable : « Il faut juste travailler, se documenter, tester », suggère-t-il. Aucune technique ne lui semble inaccessible : la Toile est une mine de tutos. « Il suffit de se servir pour se tenir à jour côté innovations. »
« J’étais le seul et l’unique »
Il s’installe dans la région en 1987 après avoir quitté son emploi. Très vite, il crée son entreprise d’entretien d’espaces verts (parc et jardin) : une nouvelle activité dans le coin qui fera des émules. « J’étais le seul et l’unique », s’honore-t-il. Quelques années après, il cesse l’activité et rejoint comme salarié agricole un centre d’aide par le travail (devenu établissement ou service d’aide par le travail).
Un bénévole connecté
Ce qu’il reproche aux anciens : se couper des évolutions du monde agricole. « Quand je suis descendu ici, se souvient-il, il y avait un petit temps de retard à l’allumage. Maintenant, les jeunes agriculteurs bougent beaucoup plus et se mettent plus facilement au diapason de ce qui se passe à l’extérieur. Ils voyagent et séjournent dans d’autres régions. »
Chaque jour, le vaillant retraité est debout dès 6 heures. Au lever du soleil, les yeux rivés sur l’horizon, il déguste tranquillement son petit déjeuner, heureux d’avoir cru en son étoile.
On se dit presque tout…
Avez-vous été un enfant rebelle ?
A l’école primaire, j’étais un enfant qui ne voulait pas apprendre. J’étais feignant. Je n’aimais pas les compositions.
Quelle musique aimez-vous ?
Je suis “polymusical”. J’écoute la station de radio NRJ. J’adore danser. Je le fais par instinct. Je n’ai pas besoin de prendre de cours. Quand on a le rythme dans la peau on s’adapte à toutes les chansons, à toutes les musiques.
Regrettez-vous la fin du service militaire ?
Oui, tout compte fait. Je ne suis pas militariste mais c’est une bonne solution pour éduquer tous les jeunes un peu trop turbulents. Je suis capable de rempiler rien que pour ça. Pour les faire crapahuter dès 5 heures du matin, avec un sac de 30 kilos sur le dos.