C’est un établissement scolaire, c’est un commerce de proximité, un snack, une ferme urbaine, une conciergerie d’entreprise, c’est un habitat, que dis-je, c’est un habitat… C’est une micro-crèche ! À l’instar de Cyrano de Bergerac dans sa tirade du nez, naïf, le visiteur s’interroge : « Ce monument, quand le visite-t-on ? ».
Maintenant, lui répond le guide Ghislain Gouerne, chef d’établissement, de micro-village, de tiers-lieu. « Ici, ce n’est pas un lycée, c’est un espace partagé entre différents partenaires », annonce-t-il d’emblée. Après divers crochets en tant qu’infirmier scolaire, dans l’humanitaire, à la tête d’un établissement et service d’aide par le travail (Esat) puis d’un lycée d’enseignement congrégationniste, l’ancien infirmier urgentiste pose ses valises à Avrillé, près d’Angers.
Un lieu ancré sur son territoire
Il prend les rênes du lycée professionnel Les Buissonnets en août dernier. Et hérite d’une pépite à 16 millions d’euros (financée à 50 % par la Région), celle transmise par Florence Machefer, sa prédécesseure, aujourd’hui secrétaire générale du conseil national de l’enseignement agricole privé (Cneap).
C’est elle qui, dès 2015, envisage la construction du futur bâtiment avec pour ambition de mettre en œuvre le projet du Cneap en créant un établissement engagé dans son territoire, acteur de ses réseaux, et qui réaffirme l’ambition éducative.
Cette année, Les Buissonnets ont donc quitté leurs anciens locaux du centre-ville d’Angers devenus trop exigus. La nouvelle mouture avrillaise permet d’accueillir plus de 490 apprenants : en formation initiale du CAP au bac pro dans les filières des services aux personnes et aux territoires (Sapat), aux personnes et vente en milieu rural (Sapver), du conseil-vente en alimentation, de la petite enfance, mais également de la formation continue, de l’apprentissage et un institut de formation d’auxiliaire de puériculture.
Soirées rooftop et micro-ferme bio
Les quelque 5 800 m2 de la structure se visitent comme dans une célèbre émission de télévision diffusée sur la chaîne M6, et les surprises se succèdent. Ici, pas de lavabo à double vasque ni de grand dressing mais :
– Une ferme urbaine sur le toit (des soirées « rooftop » y seront d’ailleurs proposées) gérée par Guillaume Pellaumail, paysan bio, créateur de la micro-ferme Choux pommes & cie. Il est lui-même inspiré par le maraîchage sur sol vivant, la permaculture, la biodynamie et la géobiologie.
– Une micro-crèche, subventionnée notamment par la MSA de Maine-et-Loire dans le cadre de l’appel à projets Grandir en milieu rural : plus de 100 m2 pouvant accueillir jusqu’à douze enfants, ouverts aux entreprises partenaires, et dotés de vitres sans tain. Ces dernières séparent la structure d’une salle de travaux pratiques créée, entre autres, pour les futures auxiliaires de puériculture (apprentissage par mimétisme).
– Un projet d’ouverture de snack, pour une offre de restauration rapide, saine et issue des circuits courts.
– Un commerce de proximité qui aurait la vocation de vendre les produits de l’agriculture locale.
– Une conciergerie proposant tous types de services censés répondre aux besoins des entreprises du périmètre.
– Un habitat de 30 logements dont la livraison est prévue en mars 2024. Ils pourront accueillir, entre autres, des personnes âgées et des personnes en situation de handicap vieillissantes, mais également des apprenants. Un lieu de vie propice aux différentes interactions et mises en situation (immersion), en particulier pour les filières du service à la personne. Des conditions favorables pour que les apprenants passent plus de temps avec des professionnels et moins de temps dans les classes.
Comme dans toute bonne visite qui se respecte, on croit en avoir fini que les surprises pleuvent encore : une salle cosy appelée « La Ruche », pour les professeurs, formateurs et partenaires ; une cour végétalisée ; une immense salle polyvalente qui pourra servir de lieu culturel ouvert à la population extérieure ; un espace qui accueille cette année les apprentis en formation professionnelle et continue du Centre national de promotion horticole-Piverdière pour devenir étalagiste décorateur (visual merchandiser).
J’en passe et des meilleurs ! Les Buissonnets, c’est florissant.