Là d’où il vient, les paniers avaient pour unique fonction de servir à ramasser des œufs. Pas à y lancer un ballon. Issu d’une famille d’agriculteurs, Emmanuel Brugière a grandi à Faurilles, village de 35 habitants, dans une ferme isolée du Périgord. Très loin de tout terrain de basket. Le voilà pourtant sélectionné
aux Jeux olympiques de Paris 2024.

Du plancher des vaches à ceux des terrains de basket

« Dans mon Sud-Ouest natal, il y a une forte culture rugbystique. J’ai donc découvert le basket assez tardivement, au collège, en suivant notamment l’épopée de la Dream Team lors des JO de 1992 à Barcelone. Ce sport est vite devenu ma passion. » Emmanuel Brugière crée alors la toute première équipe de basket du canton, avec quelques amis. « On a enregistré de sacrées défaites à nos débuts, mais
qu’est-ce qu’on a rigolé. Ce fut une belle aventure !
»

Parallèlement, il passe l’examen pour devenir arbitre, l’année de ses 16 ans, et commence à superviser des matchs à l’échelon local puis régional. Jouer et arbitrer dans le rond central prend brutalement fin pour le Périgourdin à l’âge de 23 ans. « Un accident du travail m’a handicapé aux genoux mais ma motivation m’a poussé à rester aux abords du terrain en exerçant les fonctions d’officiel. » En bon intendant de la table de marque, il a en charge la gestion du temps, des temps-morts, la comptabilisation des fautes et des points. Dans son rôle d’assistance à l’arbitre de jeu, Emmanuel Brugière se fait un nom pour ses aptitudes dans les gymnases et les stades jusqu’aux plus hautes sphères du basket-ball français.

Compétition internationale

Exerçant au service de la médecine du travail à la MSA sur le site d’Agen, Emmanuel Brugière est officiel de haut niveau depuis maintenant 5 ans. Cela veut dire qu’il officie lors des matchs de Pro B, d’Euroleague mais aussi de l’équipe de France en compétition internationale. « C’est un quotidien qui demande certains sacrifices personnels car je voyage pas mal mais qui est très enrichissant en termes de liens humains. Au basket, on vibre jusqu’à la dernière seconde du dernier quart-temps ! »

Depuis l’annonce des Jeux de Paris 2024, le quadragénaire n’a qu’une idée en tête : y participer. « J’ai entamé une formation de trois ans dans le but d’être nommé pour les JO, en compétition avec d’autres confrères officiels. Ce processus de sélection a été dense : beaucoup de déplacements, des évaluations, des cours d’anglais… Je remercie mes proches pour leur patience ! » Une ténacité qui a payé et une consécration qui émeut ce père de famille.

« Lorsque j’ai reçu ma convocation officielle pour les Jeux paralympiques, j’ai eu du mal à y croire. En regardant les JO à la télé toutes ces années, jamais je n’aurais imaginé pouvoir y prendre part un jour. Ça n’arrive qu’une fois dans une vie. » Celui qui est aussi président du comité départemental de basket de Lot-et-Garonne aura la chance d’être logé au cœur du village olympique, dans la capitale. « En tant que représentant du corps arbitral, nous ne pouvons pas échanger avec les athlètes mais nous pourrons vivre cette ferveur. Bien sûr, la pression commence à monter car nous n’avons pas le droit à l’erreur lors des épreuves. Néanmoins, j’ai hâte, ça va être quelque chose d’unique… »

Le tournoi de basket paralympique se déroule du 28 août au 8 septembre à l’Accor Arena, ex-palais omnisports de Bercy.

Jeux, fête et matchs.