Les bienfaits de la musique ne sont plus à démontrer. Y compris chez les animaux. Conscients de ses bénéfices, un certain nombre d’éleveurs poussent la mélodie dans les étables pour ambiancer vaches, chèvres ou lapins. Concrètement, quels sont les effets directs du son sur le comportement des troupeaux ?

Eléments de réponse au stand de Eliance, Fédération nationale des entreprises de conseil, de sélection et de reproduction animales, qui consacrait une conférence sur le sujet le 26 février pendant le Salon de l’agriculture.

Des La et du lait 

La musique adoucit les mœurs. Ce proverbe se vérifie également dans le monde animal. Popularisé par les éleveurs nippons de bœufs de Kobé, le fait d’élever ses vaches sur fond musical est devenu monnaie courante. « Les bovins ont une meilleure oreille que les humains, ils sont capables d’entendre les ultrasons », explique Pauline Garcia, éleveuse de bovins allaitants à Vèze en Auvergne, comportementaliste animalière et auteure.

Il est donc important de veiller à leur environnement sonore. « Les animaux peuvent être gênés par le bruit soudain des machines, des engins de la ferme ou des cornadis (Ndlr : équipement de contention) qui engendre stress, sursauts et accélération du rythme cardiaque. Inutile de fait d’élever la voix sur une vache, elle n’est pas sourde, bien au contraire ! »

Une femme avec une enceinte diffusant de la musique
Avec des allures de DJ, Pauline Garcia a rappelé les bienfaits de la musique sur les animaux aux visiteurs du SIA 2025.

Pour la spécialiste, mettre de la musique ou allumer la radio quelques heures par jour dans l’étable est une habitude à prendre. « C’est un excellent moyen de relaxer le troupeau, notamment les jeunes bovins, et d’habituer les vaches à d’autres voix que celles des éleveurs. Cela permet d’éviter une forme de peur, lorsque le vétérinaire arrive par exemple, ou d’autres personnes qui peuvent être amenées à visiter la ferme. » Des notes donc pour réduire le stress et changer le regard sur la relation homme-animal.

Préférez Beethoven à Cobain

Confort de vie rime aussi avec production. « Des études montrent que la musique peut améliorer la productivité des bovins, avec une augmentation des rendements laitiers », rappelle Pauline Garcia. Mais ouvrez bien les oreilles : toutes les fréquences et rythmes musicaux ne conviennent pas forcément aux animaux. Le son améliore le bien-être animal s’il est diffusé à bon escient et à condition qu’il soit doux.

« Evitez les styles musicaux rapides, vifs, trop répétitifs et lourds comme le rap ou le hard-rock, qui sont sources de crispation, et préférez la musique relaxante, apaisante pour un meilleur repos et une meilleure rumination », insiste Pauline Garcia, conseillant d’utiliser un testeur de décibels dans la stabulation pour contrôler l’ambiance à proximité directe des animaux.

Mieux vaut une symphonie de Beethoven ou l’Hymne à l’amour plutôt que la voix érayée et criarde de Kurt Cobain ou le métal de Gojira. « Ce qui marche bien se sont les livres audio, la musique classique, la musique instrumentale indienne ou la country ! ».

Les atouts de la musique sont bien sûr valables également chez les humains. « Source de plaisir, elle agit sur le système de récompense du cerveau et stimule la libération de dopamine, qui a son tour, active la sécrétion d’endorphines procurant une sensation de bien-être, poursuit  Pauline Garcia. La musique réduit l’anxiété, détourne le stress vers du positif et améliore l’efficacité au travail. Lorsqu’on manipule un animal sans stress, sereinement, il a tendance à le ressentir. »

Quelques fermes en France ont pris le parti de faire venir la musique dans leurs prés et se proposent d’accueillir des artistes en résidence. D’autres organisent des concerts ou des festivals sur le plancher des vaches. Des tiers-lieux, fermes-auberges et haras invitent aussi à des ateliers musicaux, balades sonores ou représentations bottes aux pieds. Vachement bien !