Ce travail cible les 16-29 ans vivant en milieu rural, soit environ trois millions de personnes, près d’un quart des Français de cette tranche d’âge. Les enquêtrices de l’Igas ont mené des entretiens dans huit zones rurales confrontées à des situations de précarité, et rencontré les acteurs locaux de la protection sociale, notamment la MSA.
Mobilité et emploi
Concernant l’accès à l’emploi, la mission dresse un constat préoccupant. Le taux de chômage des jeunes ruraux est de 22,4 % et peut atteindre 40 % dans certains territoires. La proportion d’emplois précaires (intérim, CDD, saisonniers…) s’élève à 37,8 %. Parmi les causes, l’éloignement géographique et les problèmes de mobilité : l’accès au permis de conduire est l’obstacle le plus souvent cité par les personnes interrogées, ainsi que le manque de transports collectifs.
L’Igas pointe également un accès restreint à la formation : 28 % des jeunes ruraux poursuivent des études supérieures, contre 37 % des jeunes urbains. La publication met aussi l’accent sur le sentiment d’abandon lié à la faible densité des services publics. Cette perception s’amplifie dans les zones en baisse démographique ainsi que dans celles les plus dépendantes de l’activité agricole. Enfin, l’isolement et le manque de disponibilité des soins médicaux peuvent provoquer une dégradation de la santé mentale.
Aider les jeunes ruraux
Pourtant des remèdes existent. Au niveau national, le plan gouvernemental « France Ruralités » propose des aides financières à la mobilité ou à l’hébergement, les maisons France services apportent des solutions pour les services publics de base. Au niveau local, les acteurs multiplient les démarches « d’aller-vers » avec des dispositifs itinérants d’information. Des démarches innovantes sont aussi saluées : par exemple, à Cadillac-sur-Garonne, en Gironde, une mission locale met à disposition des scooters pour les jeunes en démarche d’insertion.
L’Igas recommande de développer ces initiatives mais aussi de les orienter vers les zones les moins denses en prenant en compte les contraintes spécifiques, comme la mobilité. L’agence propose de créer un cadre politique pour cibler la précarité rurale, sur le modèle des quartiers prioritaires de la politique de la ville.