« Prendre des vacances, c’est presque mal »

« Dans le monde agricole, pour certains, prendre des vacances, c’est presque mal : il faut se donner l’image du mec qui bosse tout le temps et qui est malheureux. C’est nul ! »
Marie(1) se remet très douloureusement d’une situation personnelle et financière désastreuse. Au bout du fil, la voix est chevrotante, le passé encore bien présent. Il y a six ans, elle n’en peut plus. À la suite d’une violente altercation avec son compagnon, elle quitte l’exploitation avec pour seul bagage, ses quatre enfants. À partir de ce moment, le Gaec cesse de lui rembourser les échéances d’un prêt contracté à titre personnel pour financer un investissement professionnel. Elle se retrouve rapidement « à la rue ».

« Moi j’aurais bien voulu partir en vacances, mais mon compagnon aurait refusé, confie-­t-elle. De toute façon, la situation financière de l’exploitation ne le permettait pas. » Depuis son départ de l’exploitation, Marie bénéficie de l’accompagnement de la MSA du Limousin, dans le cadre de l’action sanitaire et sociale. Elle a pu prendre des vacances en famille. « L’année dernière, la prise en charge s’élevait à 50 % du montant de ma location. Cette année, avec les bons vacances et l’aide de la MSA, la semaine passée au village La Martière sur l’île d’Oléron ne m’a coûté que 60 euros ! Nous avons loué des vélos. Avec mes enfants, nous partions nous balader toute la journée : ça a permis de changer d’air ! »

Changer d’air. Avant de s’installer, Marie se déclarait « passionnée » par l’agriculture. Aujourd’hui, elle tient un tout autre discours. « Il faut que les agriculteurs raisonnent en chefs d’entreprise et qu’ils arrêtent de se plaindre. Si l’exploitation ne dégage pas de revenus suffisants pour couvrir les besoins de la famille, il faut changer de métier. C’est peut-être dur à entendre mais enfin : à quoi ça sert de bosser pour rien ? » Elle n’attend qu’une chose désormais : la liquidation amiable du Gaec « pour pouvoir sortir la tête haute de cette histoire ».

(1) Le prénom a été modifié.

© Marie Molinario / Le Bimsa
Photos © Marie Molinario / Le Bimsa

« Une semaine tous les ans »

Claude Motte est éleveur d’ovins à Sigoyer, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Il bénéficie du dispositif APV-Partir pour rebondir proposé par la MSA Alpes-Vaucluse.

À la fin du mois d’août, mes brebis transhument dans les alpages. Le troupeau est sous la surveillance de la bergère du groupement pastoral. Les agneaux sont à l’abattoir. Je n’ai pas besoin de solliciter mes parents pendant mon absence. Cette année, j’ai vu une publicité sur les villages AVMA. J’ai demandé à recevoir le catalogue : on nous invitait à prendre contact avec la caisse locale de la MSA pour savoir si l’on pouvait bénéficier d’une aide. J’ai envoyé un courrier avec une photocopie de mon avis d’imposition – je ne suis pas imposable. Véronique ­Sourice [agent de développement social local à la MSA Alpes-Vaucluse] a constitué le dossier de demande et c’est ainsi que, avec une amie, nous avons pu partir pour la première fois passer quelques jours dans le village vacances La Châtaigneraie, à Maurs-la-Jolie dans le Cantal.

En nous aidant financièrement, à hauteur de 50 % du coût du séjour, la MSA nous a permis de faire plus d’activités. Au village vacances, nous avions la possibilité de participer aux animations. Nous sommes allés à la soirée cabaret, entre autres, mais parce que nous aimons bien aussi notre liberté, nous avons fait des visites dans la région. L’ambiance était bonne dans la journée. Nous avons bien profité de la piscine et du spa. Je recommande.

« Notre fils nous a surpris »

Paskell Guillermo est la maman de trois enfants dont Morgan, 7 ans, autiste. Grâce au dispositif « Nos vraies vacances », un partenariat entre le réseau Passerelles et l’AVMA, toute la famille est partie en vacances. Pour la première fois.

Au niveau de la scolarité de Morgan, nous avons connu une année vraiment difficile. Nous voulions vraiment prendre un peu de répit. Les vacances passent souvent à l’as. Pour une raison financière, premièrement : moi et mon mari, nous investissons beaucoup, au quotidien, dans l’accompagnement de notre fils. Les vacances, c’est du luxe. Mais également à cause du handicap psychique de Morgan : dans les dispositifs ordinaires des clubs enfants dans les centres de vacances, nous trouvons porte close ! Nous nous sommes donc adressés au réseau Passerelles [dont le but est de promouvoir, faciliter et développer le départ en vacances des familles ayant un enfant en situation de handicap].

Grâce au partenariat avec le réseau AVMA, le surcoût de 1 250 euros par semaine lié au handicap a été intégralement pris en charge. C’est l’AVMA qui a recruté une personne pour s’occuper de Morgan. Quelques jours avant le départ, nous étions tout de même un peu stressés. Nous nous demandions si la personne embauchée aurait assez de connaissances de l’autisme. Nous étions inquiets de savoir comment notre fils allait réagir dans un environnement nouveau. Nous étions soucieux de le confier à une personne que nous ne connaissions pas et qui ne connaissait pas notre enfant. Au final, ça s’est très bien passé. Nous sommes partis une semaine dans le village vacances AVMA La Châtaigneraie, dans le Cantal. Morgan a été accueilli trois demi-journées et une journée complète au club enfants. Il a passé du temps avec ses frères, sans nous. Et nous, parents, avons pu bénéficier de moments tous les deux à faire des balades ou à souffler. Nous avons constaté que c’était ­possible, du coup. Notre fils nous a surpris. Le centre de vacances nous a également fait part d’un retour positif : l’équipe du club enfants a dit que Morgan leur avait apporté beaucoup. Ils ont changé de regard.