En matière de prévention, il faut toujours remettre l’ouvrage sur le métier. C’est le credo des experts de la prévention à la MSA Picardie qui, dans le sillage des manifesta­tions d’Octobre rose, a pris son bâton de pèlerin pour aller à la rencontre des entreprises agricoles et rappeler aux salariés les bons réflexes à adopter face aux risques de cancers.

Le 7 octobre, le service de prévention santé de la MSA a pris ses quartiers à Boves dans les locaux du siège social de la coopérative agricole Noriap afin de mettre la santé au centre des préoccupations des travailleurs. Il a convié les salariés à trois animations pédagogiques. Objectif des séances : informer, prévenir, sensibiliser au dépis­tage organisé des cancers.

Ces messages sont au cœur de l’atelier de palpation que propose Axelle de Caffarelli, chargée de préven­tion santé à la MSA. Le buste féminin et les testicules en silicone servent à initier aux gestes d’autopalpation à exercer chez soi. Pour apprendre les techniques de massage et comment repérer les anomalies, les participants sont invités à tester les simulateurs mis à disposi­tion.

En chiffres

40 % des cancers sont dus à des facteurs de risque modifiables comme l’alimentation, le tabac, la consommation d’alcool, le manque d’activité sportive et la sédentarité.
1%des cancers du sein sont masculins. Il est la première cause de mortalité par cancer chez les femmes. Détecté à un stade précoce, il guérit dans 9 cas sur 10.

Etre attentif à son corps

« Il faut régulièrement palper sa poitrine pour être sûre de ne pas avoir de ganglions, rappelle l’animatrice. Grâce aux tumeurs placées à dessein dans le buste, on peut voir comment effectuer ce repérage. C’est important d’être attentif à son corps et d’adopter des gestes de sur­veillance car cela revient à prendre soin de soi. » Cet examen présenté comme un outil de veille sur sa santé n’est pas sans susciter de la gêne chez certains salariés, venus découvrir les animations.

Des rires s’entendent pendant quelques secondes mais l’embarras disparaît à mesure que s’égrènent les recomman­dations. « Ce qui est conseillé, c’est de faire la palpation des seins après les règles, une fois par mois, indique Axelle de Caffarelli. On peut parfois sentir une boule à l’intérieur qui peut être bénigne. Si vous constatez des symptômes comme un écoulement, une rougeur, une rétractation du mamelon ou si vous observez une texture de peau d’orange, alors il faut consulter sans attendre son médecin. Une mammographie, l’examen de référence, permettra de s’assurer que tout va bien. »

Sébastien Grenadou, responsable informatique à Noriap, s’essaie à la palpation des testicules en silicone en vue de s’initier à l’autosurveillance.
Sébastien Grenadou, responsable informatique à Noriap, s’essaie à la palpation des testicules en silicone en vue de s’initier à l’autosurveillance © Fatima Souab.

Même pédagogie dispensée à propos des organes génitaux masculins. L’examen régulier de chaque glande, au moment de la douche, permet d’être réactif au moindre changement de forme ou à l’apparition de douleur. La vérification chez le médecin viendra dans ce cas aussi dissiper les doutes.

« L’auto-examen doit devenir un réflexe. On essaie d’apprendre à chacun l’écoute de son corps. Il s’agit d’être attentif aux signaux que celui-ci peut émettre. C’est important. C’est la plus belle arme de prévention que l’on possède », explique Soizic Cayer, la responsable du service prévention santé à la MSA. L’enjeu der­rière, c’est la détection précoce d’une pathologie. Plus celle-ci est décelée suffi­samment tôt, plus les chances de guérison sont élevées. On sait qu’il est plus facile de combattre une difficulté naissante qu’un cancer au stade 4. »

Le saviez-vous ?

Le cancer est une maladie qui se développe sur plusieurs mois, voire plusieurs années, à la différence des maladies infectieuses, à la survenue brutale et à l’évolution rapide.

S’adresser aux hommes comme aux femmes dans les ateliers n’est pas un hasard. « C’est une façon de raccrocher les hommes à l’événement d’Octobre rose, justifie Soizic Cayer. On n’oublie pas cette population à cette occasion. On leur rap­pelle que la prévention les concerne tout autant. »

Le message fait mouche. Sébas­tien Grenadou, responsable informa­tique à Noriap, ne le cache pas. « L’atelier est très bien conçu. Je vais pouvoir sensibi­liser ma femme et l’aider à vérifier quand elle a un doute. Et pour moi aussi, c’était instructif. J’ai appris comment détecter les défauts au niveau des testicules. »

Apprendre en jouant

Pour transmettre ses messages sans moraliser ni ennuyer, la MSA Picardie mise aussi sur l’innovation. L’atelier de Lili Spicher, chargée de prévention santé, en témoigne. Le jeu de société Les visages de la prévention qu’elle propose détourne le célèbre Qui est-ce ? pour évoquer le dépistage organisé des cancers d’une façon ludique.

« La pré­vention doit être créative parce que les gens ne se sentent pas toujours concernés par la maladie. C’est à nous d’aller vers eux », argue-t-elle. Le principe du jeu est simple. Les deux joueurs ou équipes choisissent chacun un personnage secret sans le montrer à son adversaire.

Vêtue d’un t-shirt rose estampillé MSA Picardie, Lili Spicher, chargée de prévention santé, ne perd pas de vue ses joueurs. Elle accompagne la partie de devinettes et de moments de sensibilisation, © Fatima Souab.
Vêtue d’un t-shirt rose estampillé MSA Picardie, Lili Spicher, chargée de prévention santé, ne perd pas de vue ses joueurs. Elle accompagne la partie de devinettes et de moments de sensibilisation, © Fatima Souab.

« Au lieu de poser des questions sur des traits physiques pour le deviner, les partici­pants questionnent les comportements de santé. Par exemple, Judith, 50 ans, a une sœur qui a eu un cancer à 38 ans. Ce profil permet d’aborder la question des antécédents familiaux », explique Lili Spicher.

Tout en arbitrant la manche, l’animatrice déroule de petits quiz sur les facteurs de risques des cancers ou l’âge recommandé pour le dépistage du cancer du sein. Les sujets sur la santé et les actions de vigilance sont abordés avec l’entrain léger d’une partie de jeu.

« On essaie d’amener des outils originaux, divertissants, dévoile Soizic Cayer. On sait que c’est en faisant qu’on apprend. Plus on est acteur de l’outil de prévention, mieux on retient les messages. » Pas de doute, la prévention s’expérimente.

Santé des femmes

Cette année la vie mutualiste de la MSA a placé la santé des femmes au cœur de son action commune. «C’est tout naturellement qu’en Picardie nous en avons profité pour participer aux initiatives proposées dans les entreprises par le service prévention santé, explique Clémence Quéré, responsable de la vie mutualiste. Notre objectif est de sensibiliser les femmes au dépistage organisé du cancer du sein et à la prévention de tous les cancers. Les délégués sont intervenus dans les différentes entreprises où les campagnes de sensibilisation ont été menées. »

À Noriap, c’est Catherine Vanhersecke, exploitante céréalière et gérante de chambres d’hte, qui s’est occupée d’animer le quiz de clôture. L’agricultrice, qui en est à son deuxième mandat de bénévole, a pleinement joué son rle de facilitatrice de liens. « J’interviens souvent lors des actions organisées par la MSA. Dès qu’on a besoin d’élus, j’essaie d’être présente pour relayer les informations auprès des exploitants et des salariés agricoles. »