Avant de se lancer dans le projet d’installation en 2017 à l’âge de 37 ans, Franck Clere, ancien restaurateur, a analysé la situation pour se rendre compte qu’il fallait d’une part acquérir des compétences et de l’expérience, et d’autre part trouver les moyens d’accéder à une parcelle de terre, fut-ce en location. « Mes deux problématiques de départ, raconte-t-il, sont la question foncière et l’expérience. Le fait de retourner à l’école pendant un an pour passer le brevet professionnel responsable d’exploitation agricole (BPREA) m’a permis d’étudier précisément le maraîchage à travers les divers cours et les stages dans les exploitations. J’ai fait mon expérience comme ça. »

Si la formation ne pose donc pas de problème, tant les offres pour monter en compétences sont pléthores dans le département des Alpes-Maritimes comme partout ailleurs en France, grâce aux chambres d’agriculture et aux associations d’agriculteurs, il en va autrement pour le foncier. Dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca), il est rare. Il est cher. Surtout, il est hors de portée pour les profils comme celui de Franck Clere, qui se lance dans le métier d’agriculteur avec en poche sa motivation, un petit pécule amassé dans sa vie professionnelle d’antan et l’amour du pays. Quelle solution alors pour acquérir une terre ? « Pendant mon année de formation au lycée agricole d’Antibes, j’ai commencé à candidater à des appels à projets de diverses communes. » L’accès à la terre devient possible grâce à ce type de dispositif.

L’aide au foncier

« Le coût des terres est élevé ; on est souvent au-delà de 30 euros le mètre carré dans le département. Pour le jeune qui arrive, cela fait déjà un gros investissement avant de démarrer. Ce n’est pas évident », explique Jérôme Coche, horticulteur et élu référent installations de la chambre d’agriculture des Alpes-Maritimes, qui accompagne les porteurs de projets et les villes initiatrices d’appel à projets. Pour lui, il y a deux façons de remédier à cette question : d’abord amplifier le travail sur la transmission, c’est-à-dire encourager les retraités à transmettre leur exploitation en allant au-delà de leur réticence ou de leur crainte. « Les exploitants qui arrivent à l’âge de la retraite, explique-t-il, ont du mal à passer leur outil de travail. Ils ont des appréhensions. »

Création d’un point accueil transmission pour les retraités

Un point accueil transmission (PAT) a d’ailleurs été mis en place pour répondre aux questions concernant la cession et aider chacun à préparer sinon traverser sereinement l’étape de la retraite, avec en particulier des conseils pour valoriser le bien en vue d’attirer les éventuels repreneurs. Le retraité doit trouver son compte dans la transaction sachant que pour beaucoup, la vente du terrain permet de compenser une faible retraite. « Il faut trouver les arguments pour que la transmission se fasse le mieux possible. » En même temps que le PAT, un travail d’approche est mené sur le terrain auprès de ceux qui sont encore à cinq ans de la retraite pour leur rappeler les solutions qui existent et qui évitent que l’exploitation s’arrête tout net à leur départ. « Il s’agit aussi, explique Jérôme Coche, de mettre en contact les futurs jeunes retraités et les futurs jeunes exploitants. » Réussir à lever les réticences liées à la transmission, cela veut dire aussi tenter de conserver les exploitations et les terres dans une région dévorée par le tourisme.

Politique de sauvegarde de l’agriculture

Mais ce n’est pas suffisant, à en croire l’élu de la chambre d’agriculture, qui salue l’engagement des communes sur cette question du foncier. C’est le second moyen permettant d’y pallier. Les collectivités locales, conscientes qu’un tel investissement peut rebuter les jeunes qui ne sont pas du sérail, multiplient les appels à projets pour mettre à leur disposition des parcelles de terre à exploiter. « Certaines villes ont une politique agricole ambitieuse et entendent préserver du terrain à cet effet. En premier lieu, elles mettent en place des zones dédiées dans les plans locaux d’urbanisme. Dans les villes comme Saint-Martin-du-Var, dès qu’il y a vente de terrain, elles l’achètent. Elles ont les moyens ou arrivent à trouver les financements nécessaires pour le faire. Ce qu’un jeune agriculteur ne pourrait pas avoir. »

Suivi des jeunes

Le point accueil installation (PAI) permet de trouver toutes les informations à connaître avant de s’installer. La consultation doit être menée un an voire plus (18 mois). Un plan de professionnalisation personnalisé (PPP) via le centre d’élaboration du plan de professionnalisation personnalisé (CEPPP) est alors proposé. Selon le profil, le niveau, une formation, un diplôme pour obtenir la capacité professionnelle agricole ou des stages pratiques seront préconisés. Dans le cadre de la transmission, le repreneur peut suivre un stage de parrainage, le temps de se faire la main en présence du cédant. Pour dénicher une exploitation agricole à reprendre, un répertoire départ installation est mis à disposition. La Safer accueille et aide aussi les porteurs de projets ; des journées formation sont également concoctées par Terre de liens. Le PPP comprend un stage collectif de 21 heures qui permet d’avoir des interventions sur un tas de sujets liés au métier. Côté aides, le futur agriculteur peut recevoir la Dotation jeune agriculteur (DJA). D’autres renseignements sont à découvrir sur le site de la chambre.

L’an dernier, le village de Saint-Martin-du-Var a proposé à deux porteurs de projets deux terrains situés dans la plaine du Var. Franck Clere est l’un des heureux lauréats de l’appel de 2019. Et le jeune maraîcher est aujourd’hui en bon chemin pour produire ses premiers légumes ratatouilles, composés de tomates, de poivrons, de courges et d’aubergines, comme il l’avait planifié dans son projet. « Deux municipalités, raconte-t-il encore ému, m’ont fait confiance. J’ai deux parcelles. En tout, deux hectares et demi. J’en ai également une à Carros pour participer au projet de relance de la culture de la fraise locale, une spécialité du coin réputée jusqu’à Paris mais menacée de disparition. » Une joie pour cet enfant du pays né à Nice et qui a grandi dans la vallée. « Il faut remercier les communes de sauver quelques terrains agricoles et de les donner à des loyers modérés pour qu’on puisse sauvegarder l’agriculture. »

Saint-Martin-du-Var réitère cette année l’appel à candidature «Projet de valorisation agricole». Depuis le mois de juin, tous ceux qui sont intéressés peuvent visiter la parcelle de terre de 3 940 m2, située dans le quartier La Lausière, au nord. Ils pourront y développer soit du maraîchage soit de l’horticulture. La chambre d’agriculture est en tout cas là pour guider tout ce beau monde. Les candidats ont jusqu’au 24 août prochain pour déposer leurs projets. Une sélection définitive se fera le 8 septembre sur entretien. Quel est le profil de ces nouveaux paysans ? Jérôme Côche en dresse le portrait : « Ce sont des hors cadres familiaux. Souvent en deuxième partie de carrière, vers l’âge de 40 ans. Ils recherchent un autre environnement et une vraie qualité de vie. »

Baisse des exploitations agricoles

Reste que ces installations sont loin d’enrayer la baisse des exploitants agricoles dans le département des Alpes-Maritimes. Un déficit croissant dû aux cessations d’activité trop nombreuses. Le renouvellement de génération ne semble pas assuré.

Même problématique constatée à l’autre bout de la France où pourtant les terres ne manquent pas pour s’installer. En Bretagne, dans le Morbihan, sur le périmètre de l’Oust à Brocéliande communauté, de 2013 à 2017, il y a eu 75 installations et 69 sur Ploërmel communauté. Dans cinq ans, il y aura respectivement 187 et 212 départs. « Les installations ne vont donc pas compenser les départs prévus », regrette Laëtitia Goupil, chargée d’animation territoriale à la chambre d’agriculture de Ploërmel. De ce côté-ci de l’Hexagone, l’aide est financière. Elle est proposée à ceux qui sont déjà inscrits dans le processus d’installation, une précaution afin que l’apport bénéficie au moment où l’exploitation en a le plus besoin. L’ambition de ce type d’action ? Laëtitia Goupil le formule en ces termes : « Le but est de conforter l’économie agricole du secteur parce que le centre Bretagne se vide. Les personnes qualifiées vont vivre sur la côte. Ici restent les emplois liés à l’industrie agro-alimentaire ou au service à la personne. C’est pour cela que Ploërmel communauté a décidé de donner 4 000 euros aux jeunes agriculteurs. » Une cérémonie a été organisée à l’occasion de l’attribution de cette somme afin de marquer le coup et de favoriser le lien entre habitants.

Pas sûr que ces actions et ces soutiens suffisent à inverser une tendance de fond : selon le président de la MSA, Pascal Cormery, pour deux ou trois départs à la retraite, seul un nouvel exploitant s’installe.

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Interview de Franck Clere :

« Il faut sauvegarder le peu d’agriculteurs qu’il y a »

Ce tout jeune agriculteur, la quarantaine, est à la tête de deux parcelles. Né à Nice, il revient sur son parcours et son installation dans le département des Alpes-Maritimes.

Vous avez été lauréat de l’appel à projet 2019. Comment avez eu l’idée d’avoir ce projet ?

J’ai voulu devenir agriculteur par moi-même en essayant de partir de rien. Je me suis vite aperçu que c’était difficile de trouver du terrain et j’avais besoin de prendre un petit peu d’expérience aussi. Après quelques recherches, j’ai compris qu’il fallait d’abord faire une formation. J’ai alors passé le BPREA qui m’a permis d’obtenir la capacité agricole. Lors de cette formation d’un an au lycée agricole d’Antibes, j’ai commencé à candidater à des appels à projets de diverses communes.

Vous saviez quel type de culture faire ?

Je voulais faire des légumes du Sud. Ou dit autrement, des légumes ratatouilles : tomates, poivrons, aubergines… Je suis attaché au terroir. Mon métier d’avant, la restauration, m’a appris à aimer les bons produits.

L’obtention de la parcelle a-t-elle été difficile ?

Deux communes m’ont fait confiance. Carros m’a loué une parcelle pour participer au projet de relance de la fraise de Carros, un fruit très réputé ici. Mais avec les années, sa culture tend à disparaître. Je me suis porté candidat pour la relancer. Je termine ma première saison et elle a eu beaucoup de succès. D’autant plus que j’ai commencé à les cueillir au début du confinement. Beaucoup de monde sont venu en chercher à l’exploitation. L’engouement a été tel que je me suis retrouvé sur la carte du restaurant Mirazur à Menton, du chef argentin Mauro Colagreco, élu meilleur restaurant du monde en 2019.
En parallèle, la commune de Saint-Martin-du-Var m’a aussi permis de relancer le maraîchage dans la vallée.

Vous travaillez seul ?

Financièrement, je n’ai pas les épaules pour avoir un ouvrier tout de suite, même si ça marche très bien en ce moment. Mon objectif était de passer cette saison seul. J’ai fait en sorte de pouvoir tenir. J’ai programmé mes commandes, mes quantités… des choses comme ça. L’agriculture ça se planifie. En faisant cette première année, je m’aperçois que le potentiel pour embaucher mon premier salarié est là. Cet hiver je vais prendre du recul et je planifierai une activité plus importante dans le but d’avoir un salarié la deuxième année.

Est-ce que vous arrivez à dégager du temps personnel ?

Non, pour le moment je travaille beaucoup. J’ai arrêté la restauration parce que je travaillais trop, les week-ends, les jours fériés. Eh bien maintenant, je travaille plus ! Mais ce n’est plus la même chose. Avant j’exerçais pour quelqu’un, aujourd’hui je le fais pour moi. Cela n’a rien à voir. Dans l’agriculture, vous travaillez beaucoup mais le soir vous êtes à la maison. Dans un restaurant, à minuit, 2 heures du matin, vous êtes toujours en activité. Après il faut savoir ce qu’on veut. Je travaille énormément. Je ne compte pas mes heures. Mais dès que je pourrai prendre un employé pour dégager du temps pour moi, je le ferai. Surtout qu’il n’y a pas que la culture, il y a la commercialisation. En ce moment je passe la moitié de ma journée à récolter et à vendre. Ensuite il faut continuer à planter, à entretenir, à désherber…

Pas de crédit ?

J’ai fait un petit crédit pour le matériel, que j’ai acheté pour beaucoup d’occasion. J’ai la chance d’être un gamin du pays : cela a touché les anciens agriculteurs, qui m’en ont donné. On m’a vendu un vieux tracteur. On m’a soutenu.

L’agriculture est importante pour la région ?

Je ne veux pas que la Côte d’Azur se bétonne de partout. C’est ce qui se passe chez nous. Et après les gens s’étonnent qu’il n’y ait plus de fraises. Il faut sauvegarder le peu d’agriculteurs qu’il y a. Nous sommes vraiment dans une région touristique. Je suis à 15 minutes de Nice. Le tourisme ici rapporte plus d’argent que l’agriculture et il n’y a plus beaucoup de terre fertile exploitable. Il faut quand même remercier les communes de sauver quelques terrains agricoles.

Photos : © Franck Clere

Témoignages des chambres d’agriculture

Jérôme Coche, agriculteur et élu à la chambre d’agriculture des Alpes-Maritimes

Jérôme Coche, à droite, fait visiter une parcelle agricole.

Avant d’être élu à la chambre d’agriculture en charge des installations, Jérôme Coche est agriculteur, et un agriculteur pas comme les autres. Depuis vingt ans, il produit des violettes à croquer, des fleurs transformées en confiserie.

Quel est votre rôle auprès des collectivités ?

Nous intervenons à tous les niveaux : au départ, nous accompagnons les communes pour effectuer un diagnostic sur les parcelles qu’elles proposent, et voir ce qui est faisable dessus, parce que ce n’est pas évident. Ensuite, nous les accompagnons sur le choix du candidat. Nous gérons l’appel d’offres, l’accueil des porteurs de projet et le dépôt des candidatures. Nous remplissons un rôle d’expert pour tous. Une fois que le candidat est retenu par la commune, nous nous chargeons de le suivre pour que sa mise en place sur le terrain communal se passe le mieux possible.

Quel est le profil de ces nouveaux agriculteurs ?

La majorité sont hors cadres familiaux. Souvent ils se lancent en deuxième carrière, pas loin des 40 ans. Dans le département, les installations se font sur de petites surfaces. Les personnes qui s’installent le font parce qu’elles cherchent une certaine qualité de vie, lassés de leur ancien métier, de la ville. Revenir à un métier comme l’agriculture leur permet de s’épanouir autrement. Ils ne veulent pas faire de la production intensive comme ailleurs en France ou dans la région.

Quelles sont les cultures produites dans la région ?

Nous avons du maraîchage en périurbain, car il y a une forte demande, de l’élevage avec transformation fromagère et beaucoup de pâturage dans l’arrière-pays, même si on est dans l’extensif. Le secteur le plus en déclin pour l’instant, c’est l’horticulture. Le renouvellement des générations y est catastrophique.

Pourquoi n’y a-t-il pas beaucoup de surface ?

On nous a repoussés. Les maisons ont été bâties sur tous les beaux terrains. Aujourd’hui on se retrouve avec des terres plus ou moins escarpées.

Quels sont les critères pour être un bon porteur de projet ?

Il faut un projet à la fois technique et économique. Il faut indiquer ce qu’on va travailler, la manière dont on va l’effectuer. On demande aux jeunes de ne pas juste produire mais aussi de faire vivre une exploitation, donc une entreprise. Souvent ils ont du mal à envisager toutes les contraintes économiques qu’impose une exploitation. Cette compétence, nous leur permettons de l’acquérir ou de l’approfondir. Nous n’hésitons pas à leur proposer de revenir sur les points qu’ils ont du mal à appréhender et de remettre à plat la réalité de l’économie d’une exploitation agricole. Tout va dépendre d’où ils viennent. Bref, ils doivent savoir produire, vendre et gérer une entreprise.

Dans les recommandations du Cese, il y a la proposition d’élargir la dotation jeunes agriculteurs (DJA) aux candidats jusqu’à 50 ans ; Qu’en pensez-vous ?

C’est vrai qu’on a des installations autour de 40 ans. L’âge arbitraire fait que parfois ils ont 40 ans dans l’année ou 41, du coup ils ne peuvent pas avoir cette dotation alors que c’est du pareil au même. Le métier reste difficile physiquement même si on s’adapte de plus en plus. J’ai du mal à imaginer une installation à long terme à 50 ans. Mais c’est vrai que nous avons de plus en plus d’installations de seconde carrière. Les gens sont épuisés psychologiquement, ils veulent une autre vie. C’est sûr qu’on peut garder un terrain pour une dizaine d’années. C’est déjà ça de pris. C’est dommage qu’ils ne commencent pas plus tôt, mais la trajectoire de chacun est soumise à un tas d’aléas.

Photo : © chambre d’agriculture des Alpes-Maritimes

Laetitia Goupil, chargée d’animation territoriale à la chambre d’agriculture de Bretagne

Quel intérêt pour la commune, la région ou le département d’attirer des jeunes en offrant un soutien financier ? La réponse est simple : des cultures disparaissent, des pratiques se perdent, des territoires se vident. Laëtitia Goupil revient sur les actions menées à Ploërmel et Brocéliande. 

Quelles sont les aides dans votre région ?

Sur notre antenne, nous avons deux communautés de communes donnant chacune une aide aux jeunes agriculteurs qui s’installent. Ploërmel et l’Oust à Brocéliande. Elles fonctionnent différemment sur le montant ou des conditions : Ploërmel communauté donne 4 000 euros pour les jeunes qui ont suivi le parcours officiel à l’installation ; L’Oust à Brocéliande, de son côté, donne 3 000 euros. Le but est de conforter l’économie agricole locale car le centre Bretagne se vide. La somme aide à durer dans le temps.

Comment devenir agriculteur en Bretagne ?

Il faut appeler le Point accueil installation (PAI) au numéro 0 820 22 29 35, unique pour la région. Qu’on se lance sur un coup de tête ou avec un projet bien ficelé. Le PAI est coordonné par le syndicat des jeunes agriculteurs (JA). La chambre d’agriculture participe. Ensuite, le candidat peut entrer dans le parcours officiel national dit le « 3 P » (plan professionnel personnalisé). La dotation jeune agriculteur est accordée à ceux qui le suivent car cela permet de s’assurer qu’ils seront là dans les quatre à cinq ans à venir.

Qu’en est-il de ceux qui partent à la retraite ?

Nous dispensons des formations pour les futurs retraités. Nous avons également un service qui s’occupe de faire le tri des demandes, pour éviter qu’ils soient inondés d’appels inutiles. Nous choisissons les offres les plus sérieuses et professionnelles. Puis nous présentons les candidatures au cédant. L’étape suivante, nous facilitons les rencontres. Nous organisons des forums entre demandeurs et cédants sous forme de Space dating (ou Farming) où ils échangent pendant quelques minutes.

Il y a également le répertoire national à l’installation, un site Internet qui publie les annonces de transmission.

Comment expliquer la réticence du cédant ?

Beaucoup imaginent que le repreneur va continuer la même production. Or ce n’est pas forcément le cas. Les souhaits des jeunes ne sont pas les mêmes. Celui qui vend semble parfois vouloir rester maître du choix de la transmission.

Quelles sont les productions régionales ?

C’est essentiellement du lait, suivi par l’élevage de porc (sur le nord du Morbihan) et de volailles. Nous avons un peu de légumes industriels pour fournir les usines d’Aucy, comme les petits pois, les flageolets. Le territoire est très agricole. Nous pouvons peut dire que 10 à 12 % des emplois sont liés à l’agriculture.

Le foncier est-il accessible ?

Pour l’instant, il est facile de trouver une ferme. C’est plus dur pour celui qui veut s’installer en maraîchage en vente directe, car il n’y a pas beaucoup de petites surfaces. Ce sont en général des fermes entières, cédées avec du bâtiment ou des ateliers de type lait. En maraîchage, les personnes cherchent plutôt des terres seules, à la rigueur un bâtiment mais pas quelque chose d’aussi fourni que ce qui est en vente.

Quant au prix, il se maintient en Bretagne avec une moyenne à 5 050 euros par hectare, quand la moyenne nationale se situe à 6 000 euros. Ce qui est compliqué c’est le partage. Quand une exploitation se libère, la question se pose de savoir qui va avoir le droit de reprendre les terres. Certains sont à la recherche de terre pour faire du pâturage, d’autres pour s’agrandir. Là visiblement, il y a concurrence.

Quel est le profil des jeunes agriculteurs ?

Cela reste encore familial sur le secteur. Mais des jeunes qui ne sont pas issus du milieu agricole commencent à venir. Ces derniers ont grandi à la campagne et veulent y revenir. Les profils sont de plus en plus variés et chacun arrive avec un niveau de formation différent. Il y a plus de femmes.

Quel est votre travail de suivi ?

Les deux communautés de communes apportent leur aide pécuniaire. Grâce à cela, nous proposons au jeune un suivi pendant trois ans après son installation. Nous allons le voir sur sa ferme afin de faire le point sur ce qui fonctionne et ce qui peut nécessiter une formation complémentaire. C’est aussi un moyen de maintenir le lien. Dans ce souci, nous avons mis en place des groupes de jeunes installés pour favoriser les entraides et les échanges. C’est l’association d’agriculteurs IDRéA qui s’en charge. Celle-ci compte 300 adhérents et a mis en place 12 groupes de travail, en fonction des centres d’intérêts. Cela peut porter par exemple sur la biodiversité, les cultures ou les poules pondeuses. Des soirées conviviales sont même organisées. Une page Facebook informe les membres sur les activités.

Vous les accompagnez techniquement sur tous les plans ?

La chambre d’agriculture dispose d’un catalogue de formations sur tous les sujets. Nous en avons presque 3 400  sur tous les domaines en agriculture : la sécurité, la technique… Il y a aussi le conseil individuel.