Quel bilan dressez-vous de votre mission ?
Toutes les actions validées par le premier comité national de pilotage du 24 février 2022 ont été engagées même si, au départ, le lancement des comités départementaux a été un peu laborieux. La principale raison est que la circulaire qui acte ce déploiement territorial date du 3 février 2022. Ont suivi deux périodes de campagnes électorales (présidentielle en avril et législatives en juin) lors desquelles les préfets sont soumis à une obligation de réserve. Entre ces périodes électorales et les congés estivaux, il y a eu près de 6 mois neutralisés. C’est la participation du ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Marc Fesneau, au comité national de pilotage le 19 octobre, qui a permis de relancer le déploiement de la feuille de route dans les départements qui ne l’avaient pas fait.
Le caractère interministériel de la feuille de route – qui associait déjà, outre celui de l’Agriculture, les ministères de la Santé et de la Prévention, des Solidarités et du Travail – a été renforcé et étendu à d’autres ministères. Cela a également donné un nouvel élan à la deuxième partie de ma mission : les chantiers nationaux, qui ont pu être élargis à de nouveaux sujets. Nous avons bien sûr mis en place les chantiers prioritaires qui étaient prévus, notamment celui des sentinelles, grâce au soutien de la MSA.
Mais la feuille de route est devenue ainsi une sorte de plan complet de prévention du mal-être en agriculture : avec les questions sur l’installation, la formation, la transmission ou l’impact des nouveaux métiers, ce plan s’inscrit désormais dans la mise en œuvre du Pacte et de la loi d’orientation et d’avenir agricoles. Il a pour but d’accompagner les conséquences de la troisième révolution agricole.
Des problématiques nouvelles sont-elles apparues, avez-vous eu des surprises ?
Oui et non. Dès le début, j’avais en tête qu’il ne fallait pas se concentrer uniquement sur la problématique des agriculteurs dont l’exploitation est en difficulté. Tout d’abord parce que la feuille de route concerne aussi les salariés, et ensuite parce que les difficultés économiques ne sont pas le seul facteur de risque. J’en veux pour preuve le témoignage poignant d’une agricultrice lors d’une journée organisée sur ce thème par la profession agricole. Ce n’est pas uniquement la situation de son exploitation qui est à l’origine de son burn-out mais la charge mentale liée à son activité et la difficulté de concilier ses activités d’éleveuse et ses responsabilités de maman.
Ce qui m’est apparu à ce moment-là, c’est qu’il fallait intégrer la question de la conciliation vie privée/familiale et vie professionnelle. Cela a été fait lors du comité de pilotage du 19 octobre en y associant la dimension de la parentalité, qui n’était pas assez présente au départ, ainsi d’ailleurs que des sujets difficiles à aborder dans tous les milieux, mais qui sont très importants comme le célibat, les addictions ou les violences intrafamiliales. Ce sont des problématiques nouvelles, qui ouvrent de nouveaux questionnements et de nouveaux champs d’application de la feuille de route et seront au programme de la deuxième année.
Quelles sont les prochains développements de votre action ?
La feuille de route se prolongera au-delà de la première année. C’est une décision prise au niveau gouvernemental. Je prépare un rapport comme demandé dans ma lettre de mission. Je vais envoyer un questionnaire à tous les départements. C’est un travail de mise à plat de ce qui a été fait, de capitalisation, y compris sur les questions nouvelles comme celle que j’évoque plus haut. Ma mission s’arrêtera, comme c’était prévu, au plus tard fin avril, je prépare la transition avec mon successeur. Nous élaborons le programme de la deuxième année en faisant le point sur tous les chantiers engagés.