Mardi 21 avril, dix heures. Gervais Hardy, agriculteur et président délégué du secteur de la métropole lilloise à la MSA Nord-Pas de Calais, se rend chez un producteur à la ferme Sellez à Sailly-lez-Lannoy, une commune du Nord. Une heure plus tard, il en repart le coffre de sa voiture chargé de produits de saison. Il se dirige alors vers Villeneuve-d’Ascq, au centre social de Flers-Sart pour être plus précis. Trois quarts d’heure après son arrivée, une trentaine de paniers solidaires composés de légumes, de fruits, de produits laitiers (pommes de terre, carottes, poireaux, pommes, poires, yaourts et fromages notamment) ont été distribués gratuitement à des personnes en situation de difficulté.
C’est la deuxième fois que Gervais Hardy participe à ce genre d’opération cofinancée par la MSA et la caisse d’allocations familiales (CAF) du Nord pour la première et par la MSA et la mairie de Villeneuve-d’Ascq pour la seconde. Chaque panier est ainsi acheté vingt euros au producteur.
Lancée par la MSA Nord-Pas de Calais et la CAF du Nord, l’initiative paniers solidaires est l’occasion d’agir sur plusieurs niveaux. À l’écoute des difficultés que peuvent rencontrer ses adhérents en cette période de crise de Covid-19, la MSA, en partenariat avec la mairie de Villeneuve-d’Ascq, tente ainsi de résoudre deux problématiques : soutenir certains producteurs qui, en raison de la fermeture des marchés et des débouchés vers les restaurants et la restauration collective devenus faibles, ne parviennent plus à vendre leur production, et venir en aide à des familles en difficulté, aux professionnels de santé et aux étudiants.
Tout le monde dans le même panier
Avec trente paniers distribués ce mardi 21 avril, dans le respect des gestes barrières, aux adhérents du secteur et habitants du quartier, l’équipe présente sur place avait de quoi chanter : « Je donne des pommes, des poires. Et de la solidarité – eh ah ! »
C’est au centre social rue du Faubourg de Béthune à Lille que le 9 avril s’est déroulée pour la première fois cette opération solidaire et écoresponsable. Comme à Villeneuve-d’Ascq, une trentaine de paniers constitués de produits locaux avaient ainsi pu être distribués gratuitement par une équipe venant de la MSA Nord-Pas de Calais, comme Gervais Hardy, et de la CAF du Nord.
La carte de la proximité et de la ruralité
Et ce qui aurait pu ne rester qu’une belle action ponctuelle s’est transformée, grâce à la MSA, en une opération qui a vocation à se pérenniser sur l’ensemble du territoire. Ce que souligne Charlotte Capliez, responsable du service communication et vie mutualiste de la MSA Nord-Pas de Calais : « La MSA souhaite s’appuyer sur des partenariats locaux existant notamment avec la CAF, les centres sociaux, les CCAS ou les mairies, et impliquer au maximum les élus de la MSA pour l’étendre à tout le territoire. La démarche n’a pas pour objectif de faire des distributions en très grand nombre, comme peut le faire la Croix-Rouge française. Nous souhaitons jouer la carte de la proximité et de la ruralité, en ciblant des familles en difficulté, connues ou détectées par notre département d’action sanitaire et sociale et par nos partenaires locaux. Par ailleurs, une campagne de communication sera prochainement envoyée à l’ensemble de nos partenaires pour les informer de toutes les mesures exceptionnelles déployées par la MSA dans le cadre de la crise sanitaire. »
Une prise de position que Gervais Hardy partage, tout investi qu’il est dans son rôle d’élu proche du terrain. Sollicité pour savoir ce qui pouvait être mis en place, il a su répondre rapidement à la double problématique de soutenir les agriculteurs et de venir en aide aux habitants en difficulté. Sa connaissance du territoire lui permet d’activer les bons leviers, de solliciter les bonnes personnes, comme le maire de Villeneuve-d’Ascq. Pour lui, « l’intérêt et de reporter la partie collecte des produits sur les mairies afin de faciliter et d’accélérer le processus. L’idée en passant par les mairies est d’inclure également les services sociaux dans la boucle et ainsi de pouvoir reproduire cette procédure de fonctionnement ailleurs ».
Étendre ce projet sur la durée
De son côté, il est perpétuellement à l’écoute de ce qui se passe sur le territoire afin de détecter les adhérents en difficulté : « J’ai justement le cas d’un producteur de fraises qui vend habituellement sur les marchés et qui se retrouve avec sa production sur les bras. Ce peut être le point de départ d’une prochaine opération. Mais nous ne pouvons pas faire un panier qu’avec des fraises. Il faut trouver de quoi les remplir. Tous les agriculteurs ne rencontrent pas les mêmes problèmes de distribution. Avec cette crise, il n’y a plus d’importations et en ce qui concerne les fruits et les légumes, beaucoup de gens se sont tournés vers les circuits courts. Mais il faut être très vigilant, les choses changent d’un jour à l’autre, la situation est très mouvante dans le secteur agricole en ce moment. Par exemple, dans notre région, les producteurs de pommes de terre qui fournissaient McDonald’s se retrouvent avec de gros excédents depuis la fermeture des restaurants. Nous nous devons d’essayer de trouver des solutions. C’est notre rôle en cette période. »
Ce souci d’être au plus près des adhérents est souligné par Charlotte Capliez qui voit dans cette période l’occasion de montrer que « la MSA joue pleinement son rôle en apportant un service de proximité et de réconfort à ses adhérents. En période de crise, les valeurs de la MSA prennent tous leurs sens. » Et concernant l’opération paniers solidaires, elle voit même plus loin : « L’intention est également d’étendre ce projet sur la durée, même après la crise, et de l’inscrire dans le plan d’action de la MSA. »