C’est Philippe, le père, qui nous accueille par une froide journée ensoleillée de février à Montlieu-la-Garde, potimarron à la main. Accompagné du chien de l’exploitation, il s’affaire dans le grand hangar qui fait face aux habitations. Sissi, la mère, arrive à son tour. Puis Alexia, la fille, et sa femme, Laura. Il ne manque que la grand-mère Pierrette et sa petite-fille Luce pour compléter le tableau. Ingrid, la sœur, n’est pas loin. En reconversion professionnelle, elle habite également sur place. Vous l’aurez compris, l’agriculture chez les Nadaud, c’est une affaire de famille. Et depuis peu, avant tout une histoire de femmes.
Revenir à ses racines
Alexia, la cadette de la fratrie, a repris les rênes de l’exploitation en 2013. Son frère Yoann, parti faire des études d’ingénierie, n’a pas souhaité prendre la suite. Après avoir suivi un cursus d’histoire, la jeune femme de 36 ans est revenue à ses racines. « Je me suis rendu compte que c’était à nous, paysans, de protéger notre culture rurale. La ville grignote de plus en plus la campagne, jusque dans les mentalités. Si ce n’est pas nous qui perpétuons les traditions agricoles, qui le fera ? », interroge-t-elle.


Sa démarche dépasse le cadre agricole. « Pour moi, c’est un engagement politique. » Elle reprend ainsi le flambeau de ses ancêtres qui exploitent ces terres depuis trois siècles. Un choix qui rompt avec sept générations de transmission de père en fils. Mais pour cette famille, le changement n’est pas un problème. « L’avenir, c’est elle », martèle Sissi. Le « clan » s’adapte.
Laura, la femme d’Alexia, est accueillie à bras ouverts. « On a gagné une troisième fille », sourit Sissi. Et puis, « celui qui prend les décisions, c’est celui qui paie », blague Philippe. Elle devient cheffe de l’exploitation et ses parents et Laura deviennent salariés. Après une remise en question de l’organisation de la ferme, quelques évolutions voient le jour : le cresson, héritage du grand-père Raymond qui avait su exploiter la source naturelle du terrain, côtoie désormais les courgettes, courges et asperges.
La jeune agricultrice a hérité de ses grands-parents le goût de l’agriculture et de la culture des légumes. « Quand j’étais petite, j’aidais à ramasser les courgettes. À 10 ans, je revenais de l’école et je montais sur le tracteur, on passait la houe à bras. » L’élevage de volailles perdure.
Alexia a d’ailleurs de nouveaux projets pour ses bâtiments de volaille. Elle envisage de rénover l’un d’eux qui se fait vieux et compte en construire un nouveau pour une meilleure gestion des naissances. Tandis que l’élevage des lapins a été abandonné afin de libérer plus de temps pour le reste.
Au-delà de la ferme
Et le reste, c’est aussi la vie en dehors de la ferme. D’ailleurs, on ne peut pas citer la famille Nadaud sans parler de sa passion pour la musique, le théâtre, le sport et particulièrement pour le spectacle médiéval de Montlieu-la-Garde auquel elle participe tous les ans… Tout comme pour la ferme, la gestion familiale leur permet de s’adapter pour que chacune ou chacun ait du temps pour soi. « On est très souples, note Alexia. On sait que les parents partent en vacances en septembre. Il y a aussi les périodes des spectacles, alors on s’adapte. Le jeudi, ils ont chorale, mais si on veut sortir un samedi, on peut toujours compter sur eux. » Alexia peut se consacrer à ses passions du moment, l’escrime et la guitare. Une vie épanouie… en famille !