Avec des parents à la tête d’une exploitation de vaches laitières à Saint-Quentin-des-Prés dans l’Oise, devenir éleveur était une évidence pour Benoît Toutain. Mais avant le 20 mai 2018, il était loin de penser que ce serait d’ovins. En ce jour d’anniversaire, ses parents offrent à chacun de leurs jumeaux une brebis. Pour Benoît, le cadeau en renferme un second : la naissance d’une passion.

Tôt le matin, tard le soir

De deux, il passe à quatre puis, petit à petit, à 50, 60… Parallèlement, le jeune éleveur poursuit sa scolarité à la Maison familiale rurale de Songeons, à 10 kilomètres de chez lui. En ligne de mire un Bac pro Conduite et gestion des exploitations agricoles. Il jongle entre son troupeau, les cours et les semaines en alternance chez un éleveur. « Tôt le matin, tard le soir. Comme je suis passionné, ça se fait bien. Il ne faut pas faire ça à contre-cœur, la qualité n’y serait pas. Maintenant j’ai 120 brebis. Je me suis installé dans des bâtiments qui ne servaient pas ou très peu. »

Et les parents, pas trop déçus qu’il s’oriente vers les brebis ? « Ils m’ont toujours suivi. Le plus important pour eux c’est que l’on fasse ce qu’on aime. Et puis mon frère jumeau est, lui, piqué de vaches laitières ! ». En Terminale cette année, notre passionné est inscrit par sa formatrice aux Ovinpiades nationales. Comme pour tout ce qui concerne les brebis, Benoît s’investit dans la compétition. Il finit deuxième au concours régional. Le ticket en poche pour le national, le jeune berger se prépare. En plus du savoir transmis par l’éleveur chez qui il travaille en alternance, il s’entraîne avec un technicien de la Chambre d’agriculture.

Meilleur jeune berger de France

À Paris, il s’impose face à une quarantaine de concurrents après six épreuves pratiques et deux épreuves théoriques. Le voici, avec la meilleure bergère de France, en route pour les Ovinpiades mondiales. « On partait une semaine à travers la France. Des visites de sites en lien avec la filière étaient programmées dans différentes régions, les épreuves se déroulaient sur trois jours. Ça avait l’air plutôt intéressant, lâche notre champion. Mais il fallait quand même s’entraîner un peu parce que ça allait être du top niveau. »

Aux épreuves du national s’ajoutent la pose de clôture et la tonte. « Sans savoir que je participerais au concours, j’ai demandé à mon patron de m’apprendre la tonte il y a un an. Avant les mondiaux, je suis allé dans plusieurs exploitations où des tondeurs m’ont enseigné une autre technique. Maintenant, je sais le faire de deux façons différentes, de la main droite et de la main gauche. »

29 participants, 17 nations

« Je ne croyais pas trop en la victoire, confie Benoît, mais je me suis dit que ça allait être une semaine incroyable. » Et, en effet, elle a été à la hauteur de ses espérances : « Il n’y avait pas d’esprit de compétition en dehors des épreuves. Chaque jour, la région où nous étions organisait une soirée. C’était l’occasion de discuter, d’échanger et de découvrir de nouvelles techniques. C’était vraiment cool ». La remise des prix a lieu à Rambouillet où les participants ont visité la Bergerie nationale.

« Ils ont annoncé les résultats en partant des derniers. Plus ça avançait et plus je me disais que j’étais quand même bien placé ! Je ne pensais pas être dernier mais pas non plus dans les 10 premiers ». 9, 8, 7, 6, 5… quand le jury annonce la qautrième place, Benoît est le seul garçon encore en lice. Quoi qu’il advienne, il sera « Meilleur jeune berger du monde ». 3, 2… Le voilà sur le toit de la bergerie mondiale.

Le roi berger

« C’est une belle récompense et aussi une fierté parce que ça montre qu’il y a de l’avenir comme berger en France même si l’élevage de moutons est plus développé dans d’autres pays comme l’Australie, l’Écosse, l’Irlande, la Nouvelle- Zélande ou l’Angleterre ». Son avenir à lui ? Il est tout tracé : le bac en poche, il pense dans un premier temps travailler à mi-temps sur l’exploitation familiale avant de s’installer à son compte et vivre de sa passion.

Dates clés

  • 20 mai 2018 : Ses parents lui offrent une brebis pour ses 12 ans
  • 24 février 2024 : Devient meilleur jeune berger de France
  • 31 mai 2024 : Sacré meilleur jeune berger du monde