L’entreprise Dumont-Binet, créée par le grand-père de Jean-Paul Dumont en 1917 et transmise de père en fils, est le point de départ de cette belle collection. « Un jour, un ami m’a dit avoir trouvé l’une de nos cartes postales dans une bourse. » 37 ans plus tard, le Picard en possède près de 300 de toute la France. Dites « nommées », elles arborent le nom de la société et étaient utilisées comme des cartes de visite avec un courrier, une facture.
La vie au rythme des moissons
On voit ici, à l’arrière, la cabane où les travailleurs mangeaient et dormaient, en parcourant la région. Un service que tout le monde ne pouvait pas se payer.
« Il ne faut pas perdre de vue que dans les petites fermes, on battait au fléau [grand manche en bois avec des lanières de cuir à l’extrémité], à la main. L’arrivée de la traction a été un événement énorme qui a réduit la pénibilité du travail et augmenté les rendements. Car il y avait beaucoup de perte de grains, on importait du blé. »
On trouve également des trépigneuses, l’ancêtre de la batteuse. Elle utilise la force motrice d’un ou plusieurs chevaux, ici dans les années 1910.
Ailleurs encore, dans les régions plus sèches du sud, d’autres utilisent un rouleau à dépiquer, grande meule tirée par des chevaux ou des bœufs qui tournent en rond.
Une révolution dans les champs
À la fin du 19e siècle, la concurrence technique des pays voisins est très forte, la France a du retard. Après la vapeur, l’apparition du moteur à explosion améliore la traction. Les premières moissonneuses-batteuses automotrices débarquent très vite ensuite.
Mais les Français devront attendre les années 1930 pour commencer à s’équiper en matériel moderne, non sans une certaine opposition dans les campagnes.
Des pénibles 150 quintaux par jour réalisés avec une moissonneuse tractée, aux monstres d’aujourd’hui qui peuvent monter jusqu’à 4 hectares par heure, l’évolution est immense. Ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale que le tournant s’opère massivement et durablement. C’est à ce moment-là que l’État facilite la création des coopératives d’utilisation de matériel agricole (Cuma) pour les agriculteurs et le développement des entreprises de battage.
La Fédération nationale des entrepreneurs des territoires (FNEDT) est une organisation professionnelle qui regroupe les entreprises de travaux agricoles, forestiers et ruraux.
Son histoire démarre 100 ans plus tôt, en janvier 1922, avec la création de la fédération des syndicats d’entreprises de battage et de pressage de France. En 2002, elle fusionne avec celle des entreprises de travaux forestiers. Un an plus tard, la fédération nationale des entrepreneurs de travaux agricoles, ruraux et forestiers (FNETARF) devient la FNEDT.
Elle représente aujourd’hui 21 000 entreprises et leurs près de 125 000 actifs, dont 110 800 salariés permanents et saisonniers (chiffres 2019). Gérard Napias en est le président depuis 2002.
Jean-Paul Dumont, ancien vice-président de la FNEDT, a été élu au bureau du syndicat des entrepreneurs de travaux agricoles de la Somme en 1985, avant d’être coprésident régional, président départemental, membre du bureau fédéral à Paris, secrétaire général de la fédération et vice-président délégué en 2000. Il est aujourd’hui membre honoraire à la retraite.
Son exposition a été inaugurée lors du 88e congrès national de la fédération en février avant de passer par la foire de Châlons, le Sima, la chambre d’agriculture d’Arras ainsi qu’à Paris en fin d’année.