Mariée avec Christophe, maman de trois grandes filles dont elle s’avoue « très fière », à la tête d’une exploitation horticole de 3,5 hectares sur laquelle officient plus de 40 salariés en pleine saison et déléguée de la MSA Portes de Bretagne depuis 2015… le portrait de Lydie Rousse, 52 printemps, serait parfait s’il ne manquait un élément essentiel au tableau : la tomate, cette solanacée qu’elle cultive exclusivement !

100 000 pieds de tomates

Les propriétés de ce fruit-légume lui collent à la peau : une personnalité ronde et beaucoup de douceur. Elle a troqué son rêve d’enfance, une autre image empreinte de sympathie et de bienveillance – « devenir infirmière » – contre la réalité de son activité actuelle, sans regrets. « J’aime mon métier et j’aime les gens », concède-t-elle en toute simplicité. Elle est intarissable sur ces deux sujets : ça tombe bien ! Son mari dirait d’elle qu’elle est « pipelette » : on n’a pas remarqué, enfin on n’a pas trop lutté non plus pour en apprendre davantage.

La tomate, Lydie est tombée dedans en 1995, date de l’installation de son mari, jusqu’alors technicien pour le groupement des maraîchers rennais (GMR). C’est l’ancêtre de la coopérative Solarenn dont il est l’actuel président. Au milieu des années 1990, l’exploitation ne s’étale que sur un hectare environ de serres rachetées aux enchères. Aujourd’hui, les fruits charnus se sont multipliés. Quelque 100 000 pieds de tomates cerises, cocktails et en grappes poussent sur une exploitation certifiée haute valeur environnementale (HVE) depuis 2019, au même titre que, désormais, toutes les autres productions maraîchères de la coopérative.

Démarche environnementale et sociale

« C’est une grande fierté pour nous, souligne Lydie. L’image de l’agriculture est en train de changer. Depuis plusieurs années, nous organisons des visites d’exploitation, avec Solarenn, pour expliquer les avancées de notre démarche environnementale. » Engagée depuis presque deux décennies, celle-ci porte sur la protection biologique intégrée1, la pollinisation naturelle, la consommation d’eau gérée par ordinateurs, la réduction des fertilisants, le recyclage des déchets ou les énergies renouvelables. En 2018, le lancement de la gamme « Les responsables » garantit même les engagements « zéro pesticide, zéro insecticide, emballage recyclable, et cueillette à maturité » aux consommateurs. Tout cela étant le fruit d’un travail et d’une surveillance de tous les instants sur les pieds de tomates.

Lydie, quant à elle, veille particulièrement au bien-être de ses salariés et de ses saisonniers. C’est elle qui gère les tâches administratives liées aux embauches. Mais surtout, c’est elle qui entretient le lien social. Un second aspect qui l’emporte sur le premier. « La qualité de vie au travail, c’est important. Il faut absolument que les personnes se sentent bien sur l’exploitation. Je suis particulièrement contente quand je constate que nos saisonniers reviennent d’une année sur l’autre. » Il faut dire que les conditions ont changé. « Aujourd’hui, dans les serres, le travail s’effectue à hauteur d’homme sur des gouttières de culture hors-sol suspendues. Finies les charges lourdes transportées à la brouette : désormais, les articulations du corps humain ne sont plus soumises qu’au poids maximum des grappes de tomates. » Et comme Lydie ne veut pas perdre le sens des réalités, elle se garde quelques heures dans la semaine pour s’occuper du conditionnement des tomates.

Pourquoi s’engager ? « Parce que j’aime redonner le sourire aux gens. »

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ? « Mon travail, j’aime mon métier, tous les jours c’est différent. »

Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ? « Mon dernier cadeau était un week-end à Deauville… J’aimerais encore recevoir ce genre de présents. »

Elle qui essaie d’apprendre à dire « non », n’a pas su refuser la proposition d’un ami bienveillant, de se présenter aux élections pour devenir déléguée MSA, en 2015. Même si elle tient un discours un brin nostalgique, l’élue apprécie les actions initiées ces dernières années telles que la formation sur le repérage de la crise suicidaire à destination des sentinelles et essaie de concilier tant qu’elle le peut son activité professionnelle et sa présence aux soirées à thèmes et aux réunions qui jalonnent son mandat.

(1). La protection biologique consiste à utiliser des organismes vivants ou leurs produits pour empêcher ou réduire les pertes et dommages causés par des organismes nuisibles aux productions végétales. La protection intégrée, quant à elle, consiste à favoriser la faune auxiliaire (source : wiki.tripleperformance.fr).
Photo : © Franck Beloncle/CCMSA Image