Le fil rouge de sa vie professionnelle, c’est la santé mentale et la lutte contre l’isolement. Éducateur spécialisé, Dominic Kastler s’est formé pour en apprendre davantage sur la prévention du suicide.

« Une question de santé mentale avant tout »

« J’ai souvent été confronté à cette réalité dans mon métier et j’ai voulu comprendre, agir autrement. » Il y a dix ans, il devient même formateur régional, avant d’intégrer la MSA Dordogne, Lot et Garonne pour coordonner le dispositif de prévention du mal-être agricole.

« Pour moi, c’est une question de santé mentale avant tout, un enjeu de santé publique avec comme point central l’isolement, au sens large : à la fois social, médical, affectif et culturel. Derrière chaque exploitation, il y a un être humain. Quand je suis confronté à une situation, je vois d’abord l’humain en souffrance avant de regarder l’aspect agricole et économique. »

Et pour aider cet être en détresse, il compte sur tous les acteurs qui œuvrent sur le territoire, et notamment sur un réseau de formateurs déjà bien développé. « La solution, se trouve souvent dans le collectif. Mon but est de tisser des liens. »

Un réseau développé sur tout le territoire

Sa mission au sein de la MSA, comme celle de ses 38 homologues : animer le programme de prévention et les actions de sensibilisation, déployer le réseau des Sentinelles agricoles et suivre les situations difficiles avec l’équipe des travailleurs sociaux, en lien avec les différents services et partenaires.

Dominic Kastler prévention mal-être agricole Dordogne Lot et Garonne
Dominic Kastler est intervenu lors de la représentation de la pièce de théâtre Le stress est dans le pré organisée par la MSA sur une exploitation viticole en Dordogne.

Un maillage qui fait ses preuves. Avec plus de 1 000 Sentinelles, la caisse détient le plus grand nombre de personnes formées. « Le repérage reste le défi majeur. Peu importe le dispositif d’aide, si on ne détecte pas la personne en situation de mal-être on ne peut rien faire. » Un réseau animé régulièrement par l’organisation de petits déjeuners d’échanges qui permettent de partager sur ses expériences, faire remonter les difficultés et cibler certaines thématiques. Six rencontres ont eu lieu en 2025, rassemblant 300 personnes.

Espace d’écoute entre pairs

En parallèle, de nombreuses actions sont menées au plus près des populations. Action phare de l’année : les déjeuners à la ferme. « L’idée est de réunir un groupe de personnes chez un agriculteur et d’essayer d’impulser l’entraide entre pairs. Permettre cet espace d’écoute et de partage pour réaliser que prendre soin de soi, c’est aussi prendre soin de son entreprise. Et que le mal-être n’est pas une fatalité, on peut s’en sortir. »

Autre moyen de sensibilisation : la post-vention. « Lorsque nous sommes avertis d’un suicide sur le territoire, ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas, nous mettons en place des actions proactives, notamment auprès des agents d’accueil ou des professionnels en lien avec la personne décédée. Le but est de savoir comment en parler. Nous sommes également vigilant avec la presse, qui ne respecte pas tout le temps les préconisations de lutte contre la contagion suicidaire. Des formations sur ce thème sont par ailleurs proposées dans notre réseau. »

À travers ces actions, Dominic Kastler espère renforcer la culture de la vigilance et du soutien mutuel dans le monde agricole.

2021-2025 : la prévention du mal-être agricole

Le programme national de prévention du mal-être en agriculture (PMEA) s’inscrit dans une démarche historique pour la MSA, qui, dès 2011, a formalisé un plan de prévention de suicide des agriculteurs.

Renforcé en 2021, à l’occasion du lancement de la feuille de route interministérielle, il permet de structurer, renforcer et coordonner les actions de prévention menées par sur les territoires, en mobilisant simultanément les acteurs du monde agricole, les partenaires institutionnels et les professionnels de santé.

Localement, grâce à la coordination du responsable PMEA, il mobilise tous les métiers de la MSA, tirant avantage du fonctionnement en guichet unique, ainsi que ses délégués.

En chiffres :

  • 8 900 Sentinelles formées à la détection du mal-être sur tout le territoire ; + 75 % de décembre 2023 à fin juin 2025
  • 1 540 personnes sensibilisées au 1er semestre 2025
  • 300 personnes formées aux premiers secours en santé mentale en 2025
  • + de 13 500 signalements traités entre 2023 et le 1er semestre 2025, + 31 % entre 2023 et 2024
  • 6 326 bénéficiaire d’une aide au répit en 2024
  • 400 bénéficiaires en 4 mois de l’aide au répit administratif, mise en place en 2024
  • 10 conventions signées avec des partenaires de terrain
  • 14 463 appels à Agri’écoute entre 2021 et le 30 juin 2025 (contre 3 454 en 2024) ; + 16 % par an en moyenne depuis 2021