Née à Évreux, cavalière dès l’âge de dix ans, Louise grandit entourée d’équidés. Après des études dans le paysage, elle baroude dans une dizaine de pays pendant cinq ans, dont le Chili, où elle découvre le cheval de travail en tant que cowgirl dans les plaines patagoniennes. Elle revient sur ses terres natales en 2016 pour finalement ne plus les quitter. Ou presque. Elle découvre alors le cheval de trait et ses recherches la mène dans plusieurs régions de France pour se former à un métier peu connu, la traction animale.
« À un moment, j’ai eu peur, mais je me suis dit : “T’as envie de faire ça, vas-y, donne-toi les moyens !” Et les gens que j’ai croisés m’ont donné confiance en moi. Au départ, je ne pensais pas pouvoir en vivre toute l’année. » De fil en aiguille et en belles rencontres, Louise achète Nina, la dresse et lance son entreprise de prestation de services Sabots sur Terre en 2019.
« Travailler du vivant avec du vivant »
Ils sont environ 500 en France, comme elle, à utiliser la traction animale pour des travaux agricoles : débardage en forêt, entretien des vignes, de rivière, labours ou encore restauration d’espaces naturels protégés ; le cheval, léger et souple, intervient dans des endroits que les machines ne peuvent pas atteindre, ou avec difficulté, sans engendrer lourdeur et dégâts sur les sols. EDF fait aussi appel à Louise pour dégager des poteaux électriques notamment, sans avoir à remettre en état les lieux après leur passage. « Il y a plein de possibilités ! Si on a besoin de plus de puissance, on peut ajouter des chevaux, voire mettre un treuil à un moteur auxiliaire. On peut aussi faire du transport, débroussailler ponctuellement un lieu inaccessible… »
J’entends souvent “ohlala ça doit être dur, surtout pour une femme”, alors que le genre n’a rien à voir avec ça. Et puis c’est la charrue qui travaille.
« Ce que j’aime, c’est la relation avec l’animal. Travailler du vivant avec du vivant, pour moi, c’est fou. Je cherchais vraiment à avoir du sens dans mon métier et minimiser mon impact sur cette fascinante planète. Le cheval créé aussi un lien social formidable entre les humains. Quand je travaille, les gens s’arrêtent, prennent des photos, discutent. Aujourd’hui, je suis complètement en phase avec ce que je fais, et la relation que j’ai avec Nina est magique. Quand on est toutes les deux au milieu de la nature, dans un cadre magnifique, ce n’est que du bonheur. »
Fleur, une jeune Comtoise de 6 ans à apprivoiser, a rejoint le duo en fin d’année 2021. Lancée, Louise doit désormais pérenniser son entreprise. « Il ne faut pas se décourager et continuer à croire en ce qu’on fait, surtout avec un métier comme celui-ci, que tout le monde ne comprend pas forcément.» Sabots sur terre n’a pas fini de barouder.