Au départ, ils étaient quatre. Collégiens à Mens, commune d’environ 1 400 habitants, ils voulaient acheter une rampe de skate et donner des cours de danse hip-hop.
Aujourd’hui, ils ne sont pas moins de 19 membres dans la Junior association Trièvestreet (créée fin 2017) et ont organisé avec succès du 19 au 21 août la troisième édition de leur festival de cultures urbaines, Festi’Street.
Mens se situe dans le Trièves, un plateau cerné par les massifs du Vercors, du Diois et du Dévoluy ainsi que les gorges du Drac, non loin du mont Aiguille, la “cinquième merveille de l’Isère”.
C’est l’une des plus petites communautés de communes de France avec moins de 10 000 habitants sur un territoire de 632 km2. Ici, la glisse (sur neige), on connaît ; les skatepark, beaucoup moins.
Après avoir gagné l’APJ de la MSA Alpes du Nord et le 2e prix national, les récompenses MSA ainsi que l’aide AVMA leur ont permis de récolter 5 400 €.
Grâce à de nombreux autres partenaires (Crédit mutuel, plusieurs municipalités, communauté de communes, région, département, Caf…) et une campagne participative, les jeunes organisateurs ont pu voir grand.
Pour cette 3e édition, environ 300 personnes par jour ont fait le déplacement. Une restauration bio et locale sans plastique jetable et un tri des déchets ont également été mis en place.
« Aujourd’hui nous prenons notre envol »
Passionné de danse depuis son enfance et aujourd’hui au conservatoire, Pierrot Leras, 18 ans, est cofondateur de Trièvestreet.
L’animateur jeunesse de la ville nous a beaucoup aidés, à la création de notre Junior association ainsi que pour les demandes de subventions, la comptabilité… Aujourd’hui nous prenons notre envol. Nous sommes plus autonomes et nous montrons aux plus jeunes. Ça prend du temps mais c’est motivant. J’ai l’impression d’être utile. Et ça fait plaisir de voir qu’il y a des gens qui croient en nous et en notre projet. Nous essayons de le rendre accessible à tous. Ça permet d’ouvrir les portes vers de nouveaux univers et pratiques que les habitants du Trièves n’ont pas forcément la chance de connaître.
Ouverts à tout âge, de nombreux ateliers, animations et compétitions sont proposés : hip-hop (danse debout, breakdance), skateboard, parkour, graff, écriture et musique assistée par ordinateur (MAO), concerts, spectacles de danse, soirée DJ, battle…
« Ça leur montre à quel point c’est possible quand on se donne les moyens »
Élue de l’échelon local Trièves-Matheysine, administratrice MSA et agricultrice, Anne Gachet a soutenu le projet.
Pierrot, que je connais depuis l’enfance, a monté ce festival avec beaucoup de vaillance et d’ardeur. Sa passion et son investissement montrent le dynamisme d’une génération qu’on peut parfois penser un peu en retrait. Car en ruralité si tu ne fais pas les choses rien ne se fait.
L’APJ valorise des actions où les jeunes se sentent impliqués. Et il est important de les accompagner car ça leur montre à quel point c’est possible quand on se donne les moyens et qu’on a envie. C’est très formateur.
C’est d’ailleurs le troisième lauréat APJ de la commune.
Clara Peyraud, 18 ans, membre de Trièvestreet depuis trois ans.
L’art urbain en milieu rural est peu connu. C’est pour cela qu’en plus du festival, nous voulons faire un Festi’tour, pour aller vers les gens, en se déplaçant de village en village, avec des démonstrations de hip-hop, de skate et de graff.
« Amener et faire découvrir la culture urbaine et les arts de la rue en milieu rural. Transmettre et partager cette culture qui nous fait vibrer. » Tel était l’objectif de la fine équipe, inscrit noir sur blanc dans leur dossier de candidature APJ. Pari réussi.