Surchaussures, genouillères, collier cervical, casque qui génère des acouphènes, paire de lunettes qui imite la dégénérescence maculaire, harnais pour contrefaire un dos rond, telle est la panoplie qui vous fera incarner un Robocop d’un genre un peu spécial.
Le simulateur de vieillissement est l’une des animations proposées ce mercredi 11 octobre, à Naintré, commune située dans la banlieue sud de Châtellerault. L’agora, bel espace ouvert aux quatre vents, accueille une manifestation qui vient clore une semaine d’événements1 dédiés au lancement officiel de la charte territoriale pour la préservation de l’autonomie.
25 partenaires
Développée sur le territoire de la communauté d’agglomération de Grand Châtellerault, dans la Vienne, elle est portée par la MSA Poitou. Cette journée est organisée en partenariat avec la maison familiale rurale (MFR) d’Ingrandes-sur-Vienne.
Les élèves scolarisés en classe de première services aux personnes et aux territoires (Sapat) ont conçu un jeu-parcours. Ils proposent aux visiteurs de déambuler de stand en stand, en glanant auprès des 25 partenaires les réponses aux questions qui leur sont posées.
« Quelles sont les trois prestations offertes par l’Agirc-Arrco [retraite complémentaire des salariés du secteur privé] aux plus de 75 ans ? » Réponse : « Sortir plus, ou comment renouer avec les sorties, en voiture ou à pied, accompagné par un professionnel de confiance ; l’aide à domicile momentanée ; et le diagnostic Bien chez moi qui, avec l’aide d’un ergothérapeute, permet de trouver des solutions d’adaptation du domicile. » Bien joué !
« Combien de repas Présence Verte a-t-elle livrés en 2022 dans la Vienne ? ». Il fallait trouver 210 000 ! Les bonnes réponses ne donnent pas le droit de compléter une part de camembert, comme au jeu de société Trivial Pursuit®, mais sont autant de pièces qui permettent de reconstituer un puzzle, dont le motif a été dessiné par Luca Messchendorp, un élève de la MFR.
Renforcer l’autonomie des personnes
De 2016 à 2019, une charte territoriale de solidarité avec les aînés est déployée par la MSA Poitou sur cette même communauté d’agglomération. Au niveau institutionnel, la méthodologie est éprouvée : un diagnostic territorial global, sur la base d’enquêtes menées directement auprès des aînés et sur le recueil des données des acteurs locaux ; une réflexion avec les différents partenaires du secteur ; l’optimisation d’actions existantes ou la réalisation de nouvelles.
La charte du Grand Châtellerault ne déroge pas à la règle. Elle est bâtie avec les acteurs du cru : les associations, les habitants et les élus du territoire. Ce travail partenarial débouche alors sur la mise en place d’actions devenues pérennes : transport solidaire, réseau de visiteurs bénévoles, rendez-vous des aidants.
Aujourd’hui, comme un double effet « Kiss cool », un dispositif d’un nouveau genre prend le relais. « À titre expérimental, nous lançons une charte pour la préservation de l’autonomie des personnes en situation de handicap de 2022 à 2025, explique Élisabeth Gendronneau, conseillère sociale de territoire à la MSA Poitou. Nous avons repéré, avec le précédent travail, des problématiques associées, telles que le maintien à domicile, la mobilité ou le manque d’informations auprès des familles concernées. Ce temps fort nous permet d’affiner encore les besoins, en portant notre attention sur les aidants familiaux, notamment sur les aidants actifs, et sur la santé mentale. »
Ces cinq jours d’animation ont souligné l’importance de l’interconnaissance partenariale entre professionnels, bénévoles et habitants. Cette dynamique promet des perspectives d’action pour les deux années à venir. Nous sommes satisfaits d’avoir mobilisé à la fois des personnes touchées de près ou/et de loin par la perte d’autonomie, résidant sur le territoire du châtelleraudais, mais aussi des jeunes étudiants se formant aux métiers du médicosocial.
Les thématiques du quotidien, habitat, mobilité, lien social, maintien à domicile, soutien aux proches aidants, ont permis à tout un chacun de s’identifier. Ce temps fort a fait émerger des problématiques autour de la santé mentale, du repérage des invisibles, de la lisibilité des dispositifs et des structures. Désormais, nous envisageons d’intensifier et d’optimiser nos actions de communication.”
Sous le soleil de la Vienne qui fait de la résistance encore pour quelques jours, il est bien agréable de glaner des informations sur l’autonomie. Ici, auprès du groupement pour l’insertion des handicapés physiques (GIHP), où l’on sensibilise sur circuit à la conduite en fauteuil roulant en milieu hostile, c’est-à-dire sur les trottoirs de nos villes ! Avec pour mots d’ordre de la directrice du GIHP Poitou-Charentes, « Le souci d’être à l’écoute des besoins récurrents de la personne en situation de handicap et la présence d’un interlocuteur unique ».
Là, avec Corentin Bonneau, professeur d’activité physique adaptée de l’association Siel Bleu, on bosse son équilibre et on apprend à se relever après une chute2. Ici encore, Âges & Vie propose aux seniors des colocations : des chambres d’environ 30 m2, accessibles aux couples et aux animaux de compagnie, avec salle de bain et accès direct sur l’extérieur, des espaces partagés et un accompagnement personnalisé avec une présence 7 jours sur 7 assurée par une équipe d’auxiliaires de vie.
Inclusion en milieu ouvert
Plus loin, le dispositif Assistance au parcours de vie (APV 86), équipe mobile qui se déplace dans tout le département de la Vienne, propose à toutes les familles concernées par le handicap un espace de réflexion neutre pour imaginer leur projet de vie, rechercher des moyens dans le droit commun et/ou le droit spécialisé pour le mettre en œuvre, informer sur les droits et l’ensemble des possibles pour faire des choix libres et éclairés, entre autres. Porté par les agences régionales de santé, il existe un dispositif de ce type par département.
Encore plus loin, il est possible d’échanger avec Elvis Slowimski, référent handicap pour les accueils de loisirs pour le Pôle appui ressources inclusion (Pari 86). Il a pour vocation de faciliter et de développer l’inclusion de l’enfant en situation de handicap au sein des structures d’accueil de la petite enfance, des accueils de loisirs et des accueils jeunesse, par un accompagnement des familles, par l’animation de modules de sensibilisation auprès des professionnels, le prêt de supports ludiques et adaptés, etc.
Enfin, il n’est pas interdit de croiser en chemin, parmi tant d’autres partenaires, les programmes de prévention et d’éducation pour la santé de MSA Services Poitou mis en œuvre sur la Vienne et les Deux-Sèvres, en coordination avec l’association santé éducation et prévention sur les territoires (Asept). Ils sont ouverts à toutes les personnes à partir de 55 ans quel que soit leur régime de retraite.
Parmi les douze ateliers proposés, un petit nouveau, intitulé « autonomie numérique » sur tablette ou sur ordinateur. Alors, à quand le simulateur de rajeunissement et d’autonomie ?
(1) Expositions photos, témoignages, projection-débat autour du film De toutes nos forces de Nils Tavernier, bal-concert, parcours habitat et mobilité, tenue d’un stand autonomie sur le marché de La Roche-Posay.
(2) 120 000 bénéficiaires des activités Siel Bleu chaque semaine, en France.
Thérèse Devillers, chargée de mission au centre d’information et de formation des services à la personne (CIF-SP)
« L’association CIF-SP défend et promeut de nombreuses valeurs, dont la solidarité. Nous refusons de nous inscrire dans une démarche d’aide ou d’assistance, qui impliquerait une relation biaisée, inégale, entre le « donneur » et le « receveur ». Tout bénévole qui intègre notre association n’est pas là pour aider des personnes vulnérables, mais s’inscrit dans une relation égalitaire de solidarité.
À la suite de la précédente charte, en 2019, nous avons repris le dispositif de transport solidaire impulsé par le centre communal d’action sociale de Naintré, en professionnalisant la mise en relation entre les chauffeurs et les bénéficiaires : des personnes qui rencontrent des difficultés d’ordre physique ou psychologique, ou qui habitent dans une zone isolée, par exemple, et pour lesquelles les autres solutions de transport sont inaccessibles voire inexistantes. Trois collègues de l’association répondent au téléphone tous les jours de 9 heures à midi.
En 2023, 178 communes sont engagées dans le dispositif. Nous dénombrons 336 chauffeurs et 1 825 bénéficiaires. Le service est facturé 37 centimes du kilomètre au bénéficiaire. »