À quelques jours de la sélection officielle pour les Jeux paralympiques de dressage, ils piaffent d’impatience. Quatre couples – chevaux et cavaliers – seront sélectionnés pour représenter l’équipe de France de para-dressage. Des épreuves qui auront lieu du 3 au 7 septembre dans le parc du château de Versailles. Depuis plusieurs mois, la Fédération française d’équitation (FFE) est aux petits soins pour ses athlètes. « On fait tout pour permettre aux cavaliers de se concentrer uniquement sur leurs performances », indique Fanny Delaval, cheffe d’équipe, cadre technique en charge du para-dressage à la FFE. Avec six olympiades au compteur, la cheffe d’orchestre sait de quoi elle parle.
« Les cavaliers de para-dressage sont des gens de la vraie vie qui ont toutes et tous un travail à côté. Depuis novembre 2023, ils ont tout plaqué pour venir ici en s’arrangeant avec leur entreprise pour pouvoir s’entraîner tous les jours. C’est un vrai changement de vie qu’on essaye d’accompagner au mieux », explique la cheffe d’équipe. Une partie des athlètes se sont donc installés dans deux centres d’entraînement. Chiara Zenati et Anne-Frédérique Royon s’entraînent à l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE) de Saumur dans le Maine-et-Loire. En para- dressage, l’IFCE apporte un accompagnement personnalisé pour chaque sportif, et un suivi par des entraîneurs dédiés (écuyers du Cadre noir) et met à disposition installations et chevaux. Lisa Cez, Alexia Pittier, Vladimir Vinchon, sont quant à eux installés à Champcueil dans l’Essonne.
Une équipe au poil !
Pour permettre aux athlètes de se concentrer uniquement sur leur sport, la FFE propose des solutions concrètes. Pour commencer, sur le plan économique : logements, soutien logistique, encadrement technique et financier… la Fédération propose des aides, des primes ou des bourses. Le fonds de dotation Equi’action permet quant à lui de préparer au mieux les couples cavaliers et chevaux sélectionnables en équipe de France dans les trois disciplines olympiques et paralympiques. Des masterclass permettent également aux cavaliers de venir travailler et se préparer au mieux en se confrontant à des juges, parfois internationaux.
350 chevaux
environ sont présents pour les épreuves de sports équestres des JO, qui comptent trois disciplines : le dressage, le saut d’obstacles et le concours complet d’équitation. Seul le para-dressage est prévu dans les épreuves paralympiques.
Un staff fédéral est d’ailleurs dédié à ces sportifs en situation de handicap. « Ils sont très bien entraînés et chouchoutés. Ils ont une kiné, une préparatrice mentale, des grooms, des managers, des entraîneurs… », relève Marina Caplain Saint-André, l’entraîneuse privée de Vladimir Vinchon, Alexia Pittier et en partie de Lisa Cez.
Même la gestion du stress entre dans l’entraînement des athlètes. « Les cavaliers concourent dans leur pays. C’est encore plus de pression qu’à l’étranger », note Fanny Delaval. « Il va y avoir un public motivé, des clameurs, un lieu impressionnant. Plus la pression médiatique… Tout ça est bien sûr à prendre en compte dans l’entraînement de nos sportifs. »
Gérer le stress des athlètes et de l’équipe
« Il faut pouvoir parer à tous les imprévus. On doit nous-mêmes être zen pour accompagner au mieux l’équipe. »
La cheffe d’équipe a d’ailleurs pu mettre en pratique son self-control lors des Jeux de Tokyo de 2020. « J’accompagnais Chiara Zenati. Dans l’avion, elle a été cas contact d’un rugbyman testé positif au Covid. Elle n’a pas pu prendre le shuttle. J’ai donc dû l’amener à Tokyo en pilotant une voiture japonaise avec le volant à droite, les clignotants inversés, la circulation différente…avec la pression de savoir si on allait y arriver… Ça a été une vraie expédition mais, heureusement, quand nous sommes arrivées, l’isolement a été levé et on a pu retrouver la jument de Chiara. » Une anecdote que Fanny Delaval aime raconter, qui reste un bon souvenir pour elle et la sportive, mais qui a cependant nécessité une bonne dose de contrôle. Cette épreuve démontre bien le lien que les athlètes et le staff fédéral ont développé au fil des années.
« Toute l’équipe est liée et soudée. On se parle au moins une fois par semaine au téléphone », relève Fanny Delaval. Et l’expérience va « au-delà de l’aspect équestre » pour Marina. « C’est une expérience humaine très prenante. Et quand on voit qu’ils s’investissent autant, on ne peut que les admirer », note l’entraîneuse.
Des chevaux bichonnés
Tout comme les cavaliers, les chevaux aussi sont chouchoutés. Considérés comme les binômes des sportifs – on les nomme de plus en plus des « couples » – ils doivent être en forme le moment venu. D’ailleurs les chevaux sont choisis pour leurs performances, mais aussi par rapport au lien qu’ils nouent avec ces derniers. Les affinités qui s’établissent, leur collaboration et leur bien-être mental constituent une part importante des résultats.
« C’est bien une connexion particulière qui se noue avec les cavaliers qui ont un handicap, s’enthousiasme Fanny Delaval. Les liens qui se mettent en place sont exceptionnels. J’ai toujours été étonnée de voir comment les chevaux s’adaptent à leur cavalier. Un jour, j’en ai vu un faire un malaise vagal. Le cheval est un animal grégaire qui choisit la fuite en cas de danger. Pourtant, celui-ci s’est arrêté, il s’est contenu plutôt que de le mettre en difficulté. »
Un rapport qui mérite une attention particulière donc. Les chevaux bénéficient de soins de récupération mais aussi du repos. Car le bien-être animal semble aussi être devenu une composante importante dans les sports olympiques et surtout dans le dressage. Une vétérinaire fédérale suit les chevaux « avec amour » selon la cheffe d’équipe. « Et ils mangent beaucoup de carottes ! », s’amuse- t-elle.
Une ostéopathe intervient également pour des massages et vérifier que tout va bien. « Et chaque cavalier a un groom – une personne qui prend soin des chevaux pendant les périodes de compétition, NDLR –, une sorte de nounou attitrée », explique Fanny Delaval. Au galop vers les médailles !
Des compétitions adaptées
Le para-dressage, discipline des Jeux paralympiques, permet aux cavaliers avec différents niveaux de handicap de participer à des compétitions adaptées. Classés en cinq grades selon leur handicap, les cavaliers effectuent des reprises au pas, au trot, ou aux trois allures. Les juges évaluent la qualité d’exécution des figures, la précision du tracé et la connexion entre le cavalier et son cheval.