La mission de ce camping-car : sensibiliser les populations éloignées des services de santé à l’importance du dépistage précoce des cancers du sein, colorectal et de l’utérus, ainsi qu’à la vaccination contre le papillomavirus humain (HPV).
Accompagnée d’un conseiller en prévention des risques professionnels et d’un confrère gynécologue, le Dr Carole Bertrand-Finance, médecin chef de la MSA de la Corse, est allée à la rencontre des habitants des zones rurales et périurbaines. Le choix de la date ne doit rien au hasard car le mois de mars est dédié à la prévention et au dépistage du cancer colorectal. Bien qu’il soit la deuxième cause de mortalité par cancer dans le pays, il peut être guéri dans 9 cas sur 10 lorsqu’il est détecté précocement.
Cancer : les taux de dépistage sont trop faibles
« Cette action, élargie à la prévention d’autres cancers, a été imaginée dans un contexte où les taux de dépistage demeurent trop faibles, en particulier en Corse, souligne-t-elle. En ce qui concerne le cancer colorectal, la Corse est avant-dernière du classement, juste derrière la Guadeloupe et devant la Guyane (chiffres 2021-2022). Ce n’est pas beaucoup mieux pour le dépistage du cancer du col de l’utérus avec des chiffres bien en deçà de la moyenne nationale. »
+ 98 % et + 104 %
de nouveaux cas de cancers
respectivement chez l’homme et chez la femme
entre 1990 et 2023
Source : Institut national du cancer.
La mobilisation de la MSA de la Corse et de ses partenaires s’inscrit dans une volonté collective de lutter contre le non-recours aux soins mais aussi aux droits, et de favoriser une culture de prévention au sein de la population insulaire.
Une tournée de prévention pour plus d’informations
La tournée de prévention a traversé plusieurs communes de Corse, dont Péri, l’Île Rousse et Ghisonaccia, offrant un accès facilité aux informations et aux dispositifs de dépistage.
« Le dépistage consiste à rechercher une maladie. La prévention, c’est tout faire pour qu’elle n’apparaisse pas », souligne le Dr Sauveur Merlenghi, président de la Ligue contre le cancer de Corse du Sud, l’un des nombreux partenaires de l’opération. « Certaines d’entre elles nécessitent d’être détectées à un stade précoce pour éviter des traitements douloureux pour les patients et coûteux pour la collectivité. La prise en charge d’un seul cancer coûte 100 000 à 300 000 euros par an. »
Marie-Thérèse et son mari Dominique, 79 ans tous les deux, sont les témoins vivants de l’importance du dépistage précoce. « On se dit qu’on a une deuxième chance, il ne faut pas la louper », confie-t-elle, lors de l’escale du camping-car à Péri, commune de 2 000 habitants. « Nous sommes la preuve qu’on peut survivre même aux cancers les plus agressifs. C’est lors de la coloscopie de contrôle qu’on a découvert le mien », témoigne Dominique.
Vaccin HPV pour les filles et les garçons
« En France, nous sommes également en retard concernant la vaccination HPV, regrette le Dr Carole Bertrand-Finance. Pourtant, grâce à une mobilisation massive et précoce, certains pays comme l’Australie et le Royaume-Uni sont en passe de faire disparaître le cancer du col de l’utérus sur leur territoire. »
Matthieu et Maysanne, 10 et 11 ans, qui font une halte devant le camping-car en rentrant de l’école, n’ont une connaissance que lointaine de sa généralisation depuis la rentrée scolaire 2023 pour les élèves de cinquième. « Vous pourrez en parler avec vos parents en rentrant à la maison », explique le médecin en leur tendant une documentation sur le sujet.
Cette vaccination ne peut être réalisée qu’avec leur autorisation. Elle est recommandée pour toutes les jeunes filles et tous les garçons de 11 à 14 ans et peut contribuer à éradiquer ce cancer qui fait chaque année un millier de morts en France. Une condition à cela : qu’environ 80 % de la population soit vaccinée contre 37 % chez les filles et 9 % chez les garçons actuellement selon le ministère de la Santé et de la prévention (chiffres 2023).