En cette période particulière, l’entraide et la solidarité sont essentielles. Que ce soit pour aller faire quelques courses, les déposer à des voisins ou rendre de petits services. « Mon mari va aussi de temps en temps donner un coup de main à un voisin agriculteur, éleveur de volailles, explique Anna Lecoquen. Comme il était impossible de trouver des masques pour ces sorties, j’ai décidé de les fabriquer. J’ai ressorti ma machine à coudre à cette occasion. »

Salariée de Présence Verte Haute-Normandie depuis treize ans, Anna a exercé sur le terrain pendant plusieurs années. Assistante administrative au sein du pôle secrétariat, Anna est en charge du standard téléphonique et, confinement oblige, assure son activité essentiellement dans le cadre du télétravail.

« Des masques pour mes collègues de terrain »

« Je n’utilise pas ma machine à coudre autant que je le voudrais, en raison d’un manque de temps libre. Mais, juste avant le confinement, j’ai subi une intervention suivie d’un arrêt de travail. Dès que j’ai récupéré, je me suis mise à confectionner des masques. Sur Facebook, de nombreux groupes de couturières fleurissent pour en fabriquer et j’ai adhéré à l’un d’eux. Le principe était de se faire livrer du matériel déjà coupé afin de les assembler pour les remettre à ceux qui en avaient besoin. Mais la personne qui devait me fournir ce matériel a eu peur de faire de la route et je n’ai finalement pas pu réaliser les masques dans ce cadre. J’ai donc cousu pour ma famille et, quand ma directrice m’a demandé si j’accepterais de mettre mes talents de couturière au service de mes collègues de terrain, c’est avec grand plaisir que j’ai accepté. »

L’association Présence Verte Haute-Normandie, outre son activité de téléassistance, assure également un service de portage de repas à domicile avec des tournées en milieu rural. Certains salariés, dans le respect des gestes barrières, sont donc amenés à se déplacer pour effectuer les livraisons. Le port d’un masque freine les projections et protège les autres.

À raison de deux masques par collègue, Anna en a réalisé 32. Ils sont lavables et ne doivent pas être portés plus de 4 heures. Elle est désormais rôdée : « Dix à quinze minutes sont nécessaires en fabriquer un. Le premier que j’ai reproduit, à partir d’un tutoriel du CHU de Grenoble, n’était pas vraiment adapté aux personnes qui portent des lunettes (formation de buée sur les verres). Je me suis alors tournée vers le modèle mis à disposition par l’Afnor et je l’ai adapté, d’une part, en prévoyant une ouverture à l’arrière afin d’ajouter un filtre supplémentaire et, d’autre part, en ne laissant aucune couture apparente. »

Résultat : des félicitations en cascade, notamment de la part des porteurs de lunettes. Au point que de nouvelles demandes de collègues de la MSA émergent. Et ce n’est pas la pénurie d’élastiques à laquelle elle a été confrontée qui viendra contrecarrer les plans d’Anna : « J’en attends trente mètres dans les jours prochains ! »

Une passion récente

« La couture, ce n’était pas du tout mon truc. Ma passion est relativement récente. J’y ai été initiée par ma sœur jumelle, qui est partie s’installer dans le Sud il y a une dizaine d’années. À l’occasion d’un séjour de vacances chez elle, elle m’a appris à coudre. Depuis, on partage grâce aux outils numériques ; la semaine dernière, nous avons chacune réalisé un sac à main, en « visio ». On peut être en ligne ensemble pendant plusieurs heures… et on oublie la distance. »