« Si on peut se réjouir de la dynamique sur le marché du travail de l’emploi, si le chômage baisse, il n’en reste pas moins qu’une part encore assez importante de nos concitoyens se retrouve dans une difficulté particulière d’accès à l’emploi, a souligné Thibaut Guilluy lors de la rencontre organisée le 2 mars sur le stand de la MSA au Salon de l’agriculture.
« Parce qu’ils n’ont pas travaillé depuis longtemps, a-t-il poursuivi, parce qu’ils sont en situation de handicap, parce qu’ils cumulent des difficultés dont certaines peuvent être propres à la ruralité – je pense à la mobilité, l’accès aux droits, la garde d’enfants… – freins importants à l’insertion dans la vie professionnelle. C’est de notre devoir et de notre responsabilité d’aller chercher ces personnes qui ne sont pas sans capacité, sans talent et de leur redonner la confiance nécessaire, l’accompagnement, la formation. »
35 initiatives lauréates
C’est tout le sens du programme Inclusion et ruralité, lancé en 2020 par la CCMSA via son réseau Laser emploi, en partenariat avec le ministère du Travail et le haut- commissariat à l’emploi et à l’engagement des entreprises. Il est destiné à soutenir la création ou le développement de structures d’insertion par l’activité économique (SIAE) ou d’entreprises adaptées (EA) dans les territoires ruraux isolés. 35 projets ont été sélectionnés.
Épaulés par un référent MSA local, soutenus financièrement, intégrés à une communauté, ils recourent pour beaucoup d’entre eux au support de l’activité agricole pour apporter des réponses en termes d’inclusion, d’emploi, de vie des territoires ruraux.
Un levier pour l’insertion en agriculture
« Depuis le lancement du programme, 20 projets ont démarré leur activité et embauché des salariés en insertion, a précisé François-Emmanuel Blanc, directeur général de la CCMSA. Au bout de deux ans, nous pouvons être fiers d’avoir été au rendez-vous avec l’ensemble des porteurs de projets. Nous avons mené collectivement ce défi que vous nous aviez lancé, qui visait à faire d’Inclusion et ruralité un levier en faveur de l’insertion et de l’économie sociale et solidaire (ESS), faisant collaborer les entreprises, les structures de l’ESS et les institutionnels. Ce n’est pas toujours évident mais, là, ça a marché. Notre approche en toute proximité fondée sur le dynamisme des territoires est une logique exceptionnelle dans laquelle il faut vraiment s’inscrire dans la durée. »
Accompagnement social et professionnel
Venus de différents départements, trois des lauréats ont exposé leurs initiatives et l’avancement de celles-ci. Les représentants d’Escale EmmA, une EA de Charente, ont fait le voyage avec un des sept salariés aujourd’hui en parcours d’insertion. Ouverte en octobre 2021, elle est née d’un double constat : la difficulté de recrutement dans le secteur viticole et l’accompagnement social de jeunes adultes bénéficiant d’une reconnaissance qualité travailleur handicapé (RQTH) pour une insertion par l’emploi.
Autre éclairage, dans l’Eure, avec Terre de Champeaux et la création d’un atelier chantier d’insertion autour de la rénovation d’une ancienne ferme normande. Trois activités seront déployées : rénovation et entretien du patrimoine, entretien des espaces verts, polyculture agricole. Avec la volonté de transformer le lieu en écoferme pédagogique consacrée à un conservatoire de 23 races animales normandes, ainsi que des fruits et légumes anciens. Environ 40 parcours d’inclusion par l’emploi et la formation seront créés sur trois ans pour des personnes aujourd’hui exclues des réponses et dispositifs existants.
Troisième témoignage des dirigeants de La ferme Deux Bouts, en Gironde, dans laquelle 16 personnes seront embauchées et formées au maraîchage agroforestier sur sol vivant certifié agriculture biologique (AB) d’ici juin. Ces solutions feront l’objet de mesure d’impact. Perspective : essaimer, envisager un changement d’échelle avec les acteurs institutionnels, le ministère du Travail, les MSA… pour multiplier la création d’emplois dans un secteur où les besoins sont très importants.