Ils s’appellent Mélina, Élise, Kévin, Marion, Aline, Margot, Emma ou Annelyse. Ils ont entre 16 et 25 ans. Ils se posent de nombreuses questions. Ils arrivent à un âge charnière où des choix importants s’imposent à eux. Ils viennent de finir leurs études ou de les interrompre, ils s’interrogent sur la voie à choisir, la vie à mener. Ils appartiennent à un monde en pleine mutation qui les confronte à des problématiques sociétales cruciales.

Si leur parcours, leurs motivations, leurs envies diffèrent, c’est un engagement commun qui les a réunis durant deux jours d’un inquiétant mois d’octobre estival, au cœur de la réserve naturelle de Camargue. Pour ces jeunes emprunts de doutes ou de conviction, de craintes ou d’espoirs, la réflexion a mené à l’action. Cette dernière a pris la forme d’un service civique rural. « Tout de même bien câblés », comme aime à le répéter Jean-Michel Pertuit, premier adjoint au maire d’Aureille, dans les Bouches-du-Rhône, ils savent quel avenir ils souhaitent construire. C’est pourquoi ils ont choisi Insite pour effectuer ce service civique.

Faire battre le cœur des villages

Ce n’est pas un choix anodin. C’est même un parti-pris bien marqué, assumé. Ce qu’explique Mélina, 25 ans, qui réalise le sien à Toudon, un petit village de 350 habitants dans les Alpes-Maritimes, perché à 1 000 mètres d’altitude : « C’est vraiment Insite et leurs travaux qui m’ont attirée parce que j’ai grandi à la campagne. Les enjeux de la ruralité, redorer le blason des villages et le lien avec la nature m’intéressaient déjà. Je suis ici pour avoir cet engagement dans un éco-lieu, lié à la nature, à l’environnement social et culturel. » Un discours qui résume parfaitement l’ambition d’Insite qui est de « faire battre le cœur de nos villages ».

Lorsqu’il crée l’association en 2018, le constat de départ de Thibault Renaudin, maire d’un village du Gers de 182 habitants, est que la France rurale fait face à de grands défis économiques et sociaux et à un fort sentiment de déclassement malgré son attractivité, la richesse de sa diversité, de son patrimoine culturel environnemental et humain. Sa solution ? Accompagner les communes rurales dans la mise en place de missions de volontariat en soutien aux initiatives locales culturelles, sociales et environnementales qui font vivre le territoire. Il a participé aux Journées nationales de la MSA, organisées à Tours, pour témoigner de cette initiative innovante.

À Aureille, on est tout ouïe

Sur le papier, l’idée d’un volontariat rural d’une durée de six à neuf mois en mode Erasmus est belle. Dans la réalité, elle l’est tout autant, et ce n’est pas Jean-Michel Pertuit qui dira le contraire. À Aureille, Julia et Ange sont le troisième binôme de jeunes volontaires à loger dans l’ancienne gare qui a été réhabilitée. Une charmante petite maison toute équipée qui les accueille du 1er octobre au 31 mars puis sert de gîte d’étape. En 2021, la principale mission de Léo et Lola, le premier binôme, a été de lancer les jardins partagés qui jouxtent la bâtisse.

À Aureille, la municipalité soutient le volontariat rural. Les jardins partagés créés puis animés par les jeunes volontaires sont une source permanente de lien social pour le village.

Julia et Ange vont poursuivre le travail en y proposant des animations aux élèves de l’école primaire, aux enfants du périscolaire et au foyer des anciens. « Ces jardins partagés, ça marche du tonnerre. Ça crée un lien social fantastique. Ce qui pousse dedans devient presque accessoire, s’enthousiasme l’adjoint au maire. Les projets émanent de la commune et les jeunes répondent à la fiche mission proposée. Julia et Ange vont travailler à la création d’un sentier autour de l’eau et de la biodiversité, presque finalisé par le binôme précédent, et à la mise en place du conseil municipal junior. »

Gagnant / gagnant

À Guillaumes dans les Alpes-Maritimes, Kévin et Océane, qui terminent leur volontariat rural à la fin du mois d’octobre, ont recueilli des photos, des objets et des témoignages de personnes âgées pour le musée Arts et traditions, ils ont œuvré à faire revivre la chapelle abandonnée d’un hameau et aidé au festival du livre et à certaines fêtes du village. Mélina, elle, est à mi-chemin. Jusqu’au 20 décembre, elle va travailler avec l’association qui gère les jardins partagés, tenter de dynamiser la bibliothèque municipale et créer du lien intergénérationnel.

L’objectif d’Insite d’offrir à ces jeunes « une expérience hors du commun leur permettant de donner du sens à leur parcours et de développer de nouvelles compétences » est pour elle pleinement rempli. « C’est une expérience de vie qui confirme ma volonté de m’installer dans un village et qui m’a permis de développer des compétences organisationnelles et communicationnelles. D’un point de vue professionnel et personnel, ça m’apporte énormément parce que je rencontre des gens que je n’aurais jamais rencontrés autrement. »