Lors d’une conférence de presse organisée le 27 février sur le stand de la MSA au Salon de l’agriculture, Jean-François Fruttero, président de la MSA, a rappelé l’implication de l’organisme dans la lutte contre le mal-être et le suicide en milieu agricole. « Dès le début des années 2010, la MSA a mis en place un plan de prévention du suicide. Cette action s’est poursuivie et amplifiée dans le cadre du plan interministériel de lutte contre le mal-être agricole et, cette année encore, avec le choix de la santé mentale comme grande cause nationale 2025. »
Depuis le premier plan national de prévention en 2011, la MSA a mis en place une série de dispositifs : cellules pluridisciplinaires, Agri’écoute, formation de sentinelles, aides au répit, etc. Avec le lancement du Programme de prévention du mal-être agricole (PMEA) en 2021, l’approche s’est élargie pour agir en amont des crises et toucher tous les adhérents, y compris les jeunes et les retraités.
Des chiffres en forte progression
Magalie Rascle, directrice déléguée aux politiques sociales, a dévoilé les derniers chiffres de la détection du mal-être agricole :
- 5 829 signalements en 2024, soit une hausse de 31 % par rapport à 2023.
- 57 % des signalements proviennent des services MSA, 27 % des partenaires locaux, 13 % des sentinelles et 3 % d’Agri’écoute.
- 88 % des cas sont pris en charge directement, 12 % sont orientés vers d’autres structures.
Le guichet unique, mis en place pour coordonner les interventions, a permis une hausse significative du nombre de signalements pris en charge : +198 % par le service contentieux, +231 % par les services de santé et sécurité au travail.
« Le mal-être agricole n’est pas forcément synonyme de mauvaise santé économique de l’entreprise. Il y a une forte pression relative à la transmission de l’exploitation que ce soit pour les terres ou l’élevage », explique Magalie Rascle.
Une détection accrue et des dispositifs étoffés
Le réseau des sentinelles continue de se développer avec plus de 10 000 personnes formées à la détection et 8 054 sentinelles actives (+23 % depuis juin 2024). De son côté, Agri’écoute a reçu plus de 4 000 sollicitations en 2024, dont 3 454 avec un psychologue.
En 2025, la plateforme enrichit son offre avec des consultations en langue des signes et de la thérapie EMDR (Eye movement desensitization and reprocessing) à distance pour les chocs traumatiques. La thérapie EMDR, ou désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires, est une méthode de psychothérapie utilisée pour traiter les traumatismes et le stress post-traumatique (TSPT). Agri’écoute signe également un partenariat avec le Fil Santé Jeunes pour les mineurs.
L’aide au répit, dispositif clé pour soulager les exploitants en détresse, a bénéficié à 1 736 agriculteurs en 2023, dont 1 364 primo-demandeurs (+25 %). En parallèle, l’aide au répit administratif, lancée en avril 2024, a déjà permis d’accompagner 403 exploitants dans leurs démarches.
Un appel à projets innovants a également permis de financer 17 initiatives locales pour un total de 178 853 €, en partenariat avec Agrica.
De nouveaux partenariats pour une action élargie
Afin de mieux détecter les signaux faibles et renforcer son maillage territorial, la MSA a signé trois nouvelles conventions lors du Salon avec :
– Le Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (CNIEL), pour sensibiliser les acteurs de la filière laitière,
– La Fédération nationale des entrepreneurs des territoires (FNEDT), pour toucher les entreprises de travaux agricoles et forestiers,
– L’Association des maires ruraux de France (AMRF), afin d’impliquer les maires ruraux dans le signalement et l’accompagnement des exploitants en difficulté.
Olivier Damaisin, coordinateur national interministériel du Plan de prévention mal-être en agriculture, a souligné : » L’importance de donner plus de pouvoir d’action aux acteurs locaux est essentiel pour améliorer la santé mentale. La MSA joue un rôle clé en tant que moteur, particulièrement impliquée auprès des salariés et non-salariés agricoles. Il est impératif de renforcer les actions de prévention et d’identifier les moments critiques dans la vie personnelle et professionnelle des adhérents. Par exemple, l’installation des jeunes agriculteurs représente une étape clé. Il est primordial de les accompagner efficacement à ce stade. D’autres événements sensibles, comme les accidents, doivent également être pris en compte pour prévenir les risques de rupture et garantir une intervention rapide des services de remplacement. »
La santé mentale, Grande cause nationale 2025
Cette année, la MSA s’inscrit pleinement dans la dynamique de la Grande Cause Nationale 2025 dédiée à la santé mentale. Plusieurs actions de communication et sensibilisation sont prévues, notamment autour d’Agri’écoute et des sentinelles.
Jean-François Fruttero a invité les participants à suivre la table ronde sur le mal-être agricole et la santé mentale, réunissant des experts du secteur, dont le ministre chargé de la Santé, Yannick Neuder.
Avec ces avancées, la MSA confirme son rôle central dans la prévention du mal-être en milieu agricole et son engagement durable aux côtés des exploitants.