Et si la MSA Côtes normandes devenait la MSA Côtes gourmandes ? Et si le régime agricole était aussi synonyme de bien manger ? Ce serait certainement grâce à la déclinaison, par les trois échelons locaux du sud Manche, de la mobilisation nationale « engagés pour l’alimentation ». « Une aventure collective qui a conduit les élus du secteur à chercher à valoriser les produits locaux de saison et les circuits courts auprès d’un public jeune qui présente parfois des comportements alimentaires aberrants », indique Jean-Claude Huon, délégué du collège des salariés et président de l’échelon local d’Avranches-Pontorson.

Découverte de nouveaux produits à cuisiner sans four

Une aventure collective à double titre puisque, comme dans toute action à la sauce MSA qui se respecte, elle s’est faite en y incorporant une bonne dose de partenariat : un soupçon de centre social, une pincée de foyer de jeunes travailleurs, trois gouttes de mission locale et un zeste de service habitat jeunes.

Ajoutez à cela deux diététiciennes et vous obtenez trois ateliers participatifs en soirée et un à « quatre-heures », où les 35 jeunes – dont quelques migrants – réalisent les recettes en duo. Au menu : poke bowl (ou poké) – cette variante moderne d’un plat traditionnel hawaïen à l’origine composé de poisson cru coupé en dés, adapté avec divers fruits et/ou légumes froids sur une base de riz vinaigré – et barre énergétique.

Deux études publiées en 2016 par la mutuelle étudiante Smerep (aujourd’hui Heyme), portant sur les habitudes alimentaires des étudiants et lycéens(1), faisaient état de deux phénomènes majeurs dans cette tranche de la population : le faible budget et le grignotage. Ainsi, 22 % des étudiants déclaraient consacrer moins de 5 € par jour à leur alimentation et 38 % entre 6 et 10 € ; 59 % des étudiants déclaraient grignoter par gourmandise ; 35 % des étudiants et 36 % des lycéens grignoter par faim car ils avaient sauté le repas précédent. Des tendances confirmées bien avant la crise sanitaire(2) !

Du jus de pomme et des sablés

« Nous nous adressons aux jeunes hébergés ou accompagnés par des structures pour donner envie aux professionnels de s’emparer du sujet et d’organiser d’autres ateliers sur le thème de l’alimentation », explique Jean-Claude Huon. « Je pourrais manger des tacos tous les jours », lâche l’un des jeunes lors d’un repas partagé, attestant ainsi qu’il y a du pain sur la planche. « Nous semons des graines », reconnaît humblement Delphine Beaucé, diététicienne au pôle de santé de Saint-James.

Et en matière de graine, le régime agricole se pose là et sait exactement où la planter. « Outre le fait de démontrer l’intérêt de bien s’alimenter, les délégués ont également pu présenter leur rôle et celui de l’action sociale sur les territoires à des jeunes qui ignorent tout de la MSA. Dans les tote bags au logo de l’action, nous leur avons remis des produits locaux : des pommes, du jus de pomme et des sablés fabriqués par un paysan-boulanger. »

Qu’en disent les principaux intéressés ? « Les jeunes ont découvert de nouveaux produits et de nouvelles idées pour cuisiner sans four, avec des aliments de saison et de qualité, livre Cécile de Montgolfier, animatrice territoriale de la MSA Côtes normandes. La dégustation des différentes préparations culinaires avec les partenaires et les délégués de la MSA a été vécue comme un agréable moment de partage et d’échanges autour de l’alimentation. Les recettes ont eu du succès et certains sont repartis avec des restes pour faire goûter à leur entourage les différentes réalisations. » Ne dit-on pas que la faim justifie tous les moyens ?

(1). Étude OpinionWay réalisée du 29 avril au 25 mai 2016 auprès d’un échantillon de 507 étudiants représentatif des étudiants français et d’un échantillon représentatif de 707 adhérents Smerep (Île-de-France) et étude menée du 20 mai au 7 juin 2016 auprès de 403 lycéens de toute la France et de 368 d’Île-de-France.
(2). heyme.care/fr/blog/conditions-de-vie-et-sante-des-etudiants-en-france.