À 17 ans à peine, François Serpaud fonde sa première association, dédiée à la promotion du rock dans le Nord, pour démocratiser l’accès à la musique et aux concerts de métal. Dans le même temps, il anime l’émission Easy Rider – clin d’œil au film culte de Dennis Hopper – sur Magdalena, une radio libre de la région. Avec son enregistreur à bandes, il sillonne les routes à la rencontre de Jean-Louis Aubert, Ange ou encore Trust. « C’était artisanal, mais magique, se souvient ce fan absolu d’AC/DC, un groupe de rock australien formé en 1973. La radio, c’est un média de lien. Écouter, transmettre, être vrai sont des valeurs qui me vont bien. » Et d’ajouter dans un sourire : « Mon côté rockeur, je ne l’ai jamais perdu. »

L’école, en revanche, ne lui réussit pas d’emblée. « J’ai raté deux fois mon bac », confie-t-il sans détour. Après un passage dans le transport de fonds et son service national, il décide de reprendre son destin en main. En 1987, il débute sur le terrain, en vendant des assurances en porte-à-porte. Autodidacte, il repasse son bac en candidat libre en 1990 et décroche un BTS deux ans plus tard.

En 1991, il rejoint Groupama Nord-Est. De commercial à manager, il gravit les échelons sans jamais se couper du terrain. C’est là qu’il découvre le mutualisme : « Une organisation où la responsabilité est partagée, où la solidarité a un visage. Ça m’a tout de suite parlé. » En 1996, il devient délégué cantonal à la MSA, puis s’investit pleinement dans la vie syndicale à partir de 2000, avec la volonté de s’engager pour ses collègues et les accompagner dans leur quotidien professionnel. « On ne peut pas comprendre le monde du travail sans mesurer la difficulté de certaines vies, les drames silencieux et le besoin d’être soutenu, quels que soient les métiers exercés. Être utile, c’est être là, concrètement, quand tout vacille. »

Président de son syndicat dès 2009, il devient ensuite administrateur du groupe Agrica, où il œuvre dans l’action sociale, avant de rejoindre la MSA Nord – Pas de Calais, puis la caisse centrale en 2020. Aujourd’hui, premier vice-président, il mesure la portée de sa mission. « Cette élection me donne bien plus de devoirs que de droits, explique-t-il. En recevant ce mandat, j’ai eu une pensée pour ceux qui m’ont précédé : Thierry Manten et Jean-François Belliard, et au travail très important qu’ils ont accompli. »

L’esprit mutualiste

Marié à une infirmière à domicile, père de quatre enfants et grand-père comblé, le Nordiste de 61 ans applique la même philosophie dans toutes les sphères de sa vie. À la tête d’un établissement catholique d’enseignement, il prône une gouvernance collégiale. Pour lui, cette approche incarne l’esprit mutualiste : chacun à sa place, chacun sa responsabilité, dans un équilibre de respect et de dialogue.

Au cœur de ses priorités, la négociation de la prochaine Convention d’objectifs et de gestion (COG). « Nous devons disposer des moyens d’agir, de prévenir et d’accompagner. La COG, c’est le contrat qui nous lie à l’État, mais c’est aussi notre levier pour faire vivre nos valeurs sur le terrain. » Pour ce Ch’timi revendiqué, installé à Lewarde, tout près du plus grand musée de la mine de France, les priorités sont claires : renforcer la prévention, soutenir la santé au travail, et préserver la présence de la MSA dans les territoires ruraux. « Il faut que chaque famille, chaque exploitant, chaque salarié puisse trouver une écoute, une main tendue, pas un mur administratif. »

Pour François Serpaud, le régime agricole, c’est avant tout près de 13 000 délégués et un réseau vivant, ancré dans la réalité des campagnes. « Il n’y a pas une famille pour l’exploitant et une autre pour le salarié, conclut-il. J’aime parler de la grande famille agricole. C’est là que notre institution prend tout son sens. »

© Franck Beloncle/CCMSA Image

On se dit presque tout…

François Serpaud, premier vice-president de la CCMSA fan absolu d’AC/DC, un groupe de rock australien formé en 1973.
François Serpaud est un fan absolu d’AC/DC, un groupe de rock australien formé en 1973. Son flipper en témoigne…

Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
Quand j’étais ado, je rêvais d’être marin. Partir loin, découvrir le monde… tout en servant mon pays. J’avais cette envie d’aventure et de liberté. Bien sûr, je n’ai pas pris la mer, mais je crois que mes rêves ont pris une autre forme

Quels sont vos loisirs ou plaisirs favoris ?
La musique, le sport et les amis : mon trio gagnant ! Abonné au Losc, je suis un vrai passionné de foot – mon fils est d’ailleurs arbitre ! Mais je ne manque jamais une occasion de suivre aussi le basket, surtout quand mes filles sont sur le terrain. Et puis, il y a ces moments simples entre amis : un bon repas, des discussions animées, des projets associatifs comme Les Copains d’abord, une association que j’ai créée avec d’autres parents d’élèves.

Une personnalité que vous admirez ?
Sir Winston Churchill, dans son entièreté. C’est un homme de conviction, de courage, avec un sens de l’État exceptionnel. J’aime sa lucidité, son humour britannique, sa capacité à sourire de lui-même. Il avait ce mélange de fermeté et d’humanité, et une plume incroyable – prix Nobel de littérature, quand même !