« Je prends celle-là car il y a un petit éléphant dessus, c’est plus joli ! » Lorsqu’il s’agit du goûter des enfants, les marques redoublent d’imagination pour attirer les petits consommateurs. Mais qu’est-ce qui se cache derrière ce petit éléphant ? Sucres, matières grasses mais aussi produits laitiers, féculents, protéines…
Adopter de bonnes pratiques dès le plus jeune âge
Avant de bien comprendre une liste d’ingrédients, les élèves de CM1 et CM2 du Gouray revoient les bases de la nutrition avec Anne-Gaëlle Herrou, infirmière à la MSA d’Armorique, lors de deux ateliers d’1h30 chacun : pyramide alimentaire, catégories d’aliments et leurs bienfaits, menus équilibrés, décryptage d’étiquettes, saisonnalité, produits locaux… Objectif : adopter de bonnes pratiques dès le plus jeune âge, savoir ce qu’on mange et ce qu’on achète.
Cette initiative est lancée dès 2016 par deux groupes d’élus de la MSA d’Armorique, qui réfléchissent à des actions autour de la nutrition. Très vite, émerge l’idée d’intervenir auprès d’élèves qui seront très bientôt confrontés au collège aux choix du self-service. L’animation est déclinée dans les écoles depuis 2017. Catherine Aveline, élue sur l’échelon local de Plénée-Jugon, souhaite la mettre en place sur la commune du Mené en 2019. Pour clôturer le projet, un forum ouvert au public est également prévu, avec de nombreuses animations.
Ce territoire du centre Bretagne est un regroupement de sept communes rurales, en zone d’éducation prioritaire. Les statistiques de la MSA y mettent en évidence une prévalence des affections de longue durée, ce qui en fait une cible particulière. Celle concernant les maladies cardiovasculaires chez les 45 ans et plus relevant du régime agricole se situe à 19,5 %, contre 16,9 % au national. La nutrition, la prévention et la promotion de la santé sont des axes prioritaires du contrat local de santé de Loudéac Communauté ainsi que du programme régional de santé.
Pyramide alimentaire et menus équilibrés
Les établissements scolaires et les enseignants de la commune adhèrent tout de suite au projet, fixé pour l’automne après un arrêt face à la pandémie. Seize interventions auprès de 188 élèves au total ont ainsi lieu du 8 au 16 novembre dans huit classes.
« Lors du premier atelier, les élèves sont un peu timides, raconte Annie Bertrand, animatrice du réseau des élus. Ils nous parlent de légumes, de viande… Et puis on les interpelle : “Soit vous êtes des enfants parfaits, soit il y a d’autres choses que vous mangez ?” Là bien sûr on arrive aux burgers, aux frites, aux bonbons ou à la pâte à tartiner. Au fur et à mesure qu’ils citent des aliments, l’infirmière les note au tableau et les rassemble en fonction de la pyramide alimentaire. Nous leur proposons ensuite de constituer une journée idéale et équilibrée en petits groupes à l’aide de magnets. »
En fin d’atelier, chacun présente le résultat de son travail, agrémenté de conseils de l’infirmière. « C’est là qu’on se rend compte des habitudes de vie, des aliments que les familles peuvent produire chez elles notamment, constate Annie Bertrand. Ici, dans nos campagnes bretonnes, c’est assez habituel de boire du cidre par exemple, même pour les enfants. »
De la cantine au self
Nous avons ciblé les enfants de CM1 et CM2 en écoles rurales car lorsqu’ils arrivent en 6e, ils passent de la cantine au self.
Anne-Gaëlle Herrou, infirmière à la MSA d’Armorique
L’idée est de leur faire comprendre l’importance d’un bon comportement alimentaire sur la santé, qu’ils deviennent un peu autonomes. Et c’est dans l’enfance qu’on acquiert les bonnes pratiques, les bons réflexes, tout en se faisant plaisir, c’est important. Certains ont déjà étudié la pyramide alimentaire, qui est au programme, d’autres pas encore. Aucune intervention n’est semblable à une autre, on s’adapte à chaque fois. Mais le message reste le même. Avec la lecture des étiquettes, on essaie aussi de leur faire prendre conscience de ce qu’il y a vraiment dans les produits.
Et ça marche, je le vois avec ma fille qui a eu le même genre d’intervention et qui me disait : « J’ai mangé du Nutella hier, aujourd’hui, je vais prendre une pomme ! » Ce sont des petites choses comme ça. Au-delà, on touche aussi les parents. Avec le livret de recettes, ils pourront avoir le plaisir de cuisiner et de goûter de nouveaux aliments avec eux. Face à des enfants de cet âge, on reste sur le basique. Pour pousser plus loin, avec des lycéens par exemple, l’intervention d’un(e) nutritionniste est plus indiquée car ils ont des questions plus précises.
Du champ à l’assiette
Et pour parler de production, les équipes de la prévention santé et de la vie mutualiste sont accompagnées d’élus agriculteurs, qui font découvrir aux enfants leur métier lors du deuxième atelier. « C’était une première pour moi, j’ai été agréablement surprise !, avoue Catherine Aveline, éleveuse bovin-lait. Les enfants sont très réceptifs, à l’écoute, ils posent plein de questions… Et pas des plus simples ! » Comment fabrique-t-on le fromage ? Le beurre ? Combien de temps vit une vache ? « Contrairement aux idées reçues, ils ne connaissent pas tellement plus l’agriculture que des citadins, déplore Annie Bertrand, y compris parfois des enfants d’exploitants, qui ne vivent plus forcément sur la ferme. »
Côté nutrition, après le décryptage des étiquettes et d’une liste d’ingrédients, les élèves découvrent de manière ludique les fruits et légumes de saison et locaux, afin d’éveiller la curiosité de nos petits cuisiniers en herbe. Le saviez-vous ? Le kiwi, la patate douce et même l’ananas aiment le climat tempéré de la Bretagne (oui oui !). Et pour stimuler les papilles en famille, un livret de recettes leur est remis.
« Il n’y a pas d’interdits ! », insiste Anne-Gaëlle Herrou. Manger de tout pour être en bonne santé, se faire plaisir, sans oublier de bouger, c’est le message principal qu’ont voulu faire passer les intervenants de la MSA afin de faire de ces futurs consommateurs des acteurs de leur santé.
« Le centre Bretagne est un secteur souvent oublié. »
La MSA y a toute sa place pour apporter de l’information, de la prévention à destination de tous puisque ce n’est pas uniquement réservé à nos ressortissants. En classe, j’ai expliqué mon métier de producteur de lait. Il y a eu des questions bien sûr. Certains enfants s’y connaissent parce qu’ils ont un tonton, un papi qui a été agriculteur, et puis d’autres demandent : c’est quoi une salle de traite ? C’est quoi un robot ? Elles sont de quelle couleur tes vaches ? Il faut donc leur expliquer. Face à ce jeune auditoire, il vaut mieux éviter les termes trop techniques, en tant que professionnel, ce n’est parfois pas facile ! C’est important que la profession soit présente pour expliquer ce qu’on fait. On a quand même l’une des agricultures les plus durables du monde ! Ce n’est pas nous qui le disons. Il s’agit d’informer les futurs consommateurs. Je leur ai parlé du respect de la saisonnalité ainsi que de l’origine des produits, que l’on peut trouver notamment grâce au symbole ovale « FR » suivi du département et du numéro d’usine. Je suis fier d’avoir participé à cette action. Il faut aller vers les gens, sortir de son confort.
Yvon Recoursé, administrateur à la MSA d’Armorique, agriculteur à la retraite.
Forum alimentation
Un grand forum a eu lieu le samedi 20 novembre à la salle Mosaïque de Collinée, avec de nombreuses animations. Retour en images :