« À rester enfermée chez moi comme ça sans voir personne, je commençais à déprimer », soupire Denise, 84 ans. Cette coquette habitante de Marizy-Sainte-Geneviève dans l’Aisne, 130 habitants, avoue ne pas avoir très bien vécu son confinement. Elle a tenu à remercier la MSA pour son initiative car « cela fait du bien de parler ». Contacter les personnes vulnérables et détecter les situations à risques ne font pas partie des missions traditionnelles de la plupart des salariés du groupe MSA. Ces échanges téléphoniques ont pourtant été l’occasion de moments de partage d’une grande richesse.

« Je viens de terminer ma 2e vague d’appels et quel a été mon plaisir de retrouver nos aînés, assure Séverine Andrieux, téléconseillère. Le but est d’abord de prendre soin d’eux mais personnellement, j’en ai quelques-uns dans mon listing qui me donnent la pêche en retour. »

C’est certain, Denise, malgré un petit coup de mou à la fin du confinement, appartient à cette catégorie. « Je suis en forme, tant mieux pour moi. J’ai une maison, un jardin mais il me manquait le contact avec les gens, les voir en vrai, confie l’Axonaise. Je pense souvent aux enfants qui ont vécu le confinement en HLM. Nous, au moins, on a la chance d’être au bon air. »

Sur Internet pour passer le temps

L’octogénaire a respecté scrupuleusement les préconisations de son médecin. « Il m’a dit : “Vous ne faites rentrer personne.” Alors, depuis, je discute depuis ma fenêtre ou au téléphone. Je suis prudente. Au début, j’avais pris ça à la rigolade, ensuite plus du tout, à tel point que je n’osais plus sortir. » Même masquée, l’ancienne agricultrice est aujourd’hui heureuse de pouvoir refaire ses courses. Denise ne s’est pas pour autant ennuyée pendant ce drôle de printemps. Pour s’occuper pendant le confinement, elle a préféré l’ordinateur à la télévision. « J’aime bien aller sur Internet dénicher des astuces pour fabriquer moi-même des produits d’entretien naturel afin de nettoyer le sol ou faire ma propre lessive. »

Son gros regret : « On a dû annuler notre traditionnelle cousinade prévue le jour de l’Ascension. Nous étions 42 cousins à nous réunir l’année dernière, on en attendait au moins autant cette année. Ça permet à la famille éparpillée dans toute la France de se voir et aux petits de faire connaissance. » Mais sa plus grande tristesse est la perte d’une proche. « Pendant cette période, il y a eu des morts autour de nous, pas forcément du Covid. Ma tante, qui était placée à Reims, devait fêter ses 100 ans cette année. En temps normal, son fils allait la voir quotidiennement. Un beau jour, il n’en a plus eu le droit. Elle ne comprenait pas pourquoi. L’entendre lui dire : “Pourquoi ne viens-tu plus me voir ?” était un véritable déchirement pour lui. Quelques jours plus tard, on lui a annoncé qu’elle était morte. Il n’a jamais pu la revoir. Est-ce qu’on protège vraiment les gens en fin de vie en agissant ainsi ? »

« Dans ces moments inédits, j’ai eu le sentiment d’apporter un peu de soleil aux personnes âgées que j’ai appelées et avec lesquelles j’ai partagé, même brièvement, des histoires de vie qui interpellent et qui ramènent à l’essentiel », estime Luc Warnault, responsable du pôle entreprises et partenariat.

« Ça m’a bouleversée »

« J’ai eu le sentiment d’apporter un peu de soleil aux personnes âgées que j’ai appelées et avec lesquelles j’ai partagé, même brièvement, des histoires de vie qui interpellent et qui ramènent à l’essentiel », estime


Luc Warnault, responsable du pôle entreprises et partenariat. MSA de Picardie

« Depuis le 11 mars, je n’ai pas mis le pied dehors », assume Josiane, 84 ans. Il faut dire que cette habitante de Douchy, minuscule village de l’Aisne, se remet sûrement mais doucement de son opération de la hanche et perd encore parfois l’équilibre. « J’ai eu 50 heures d’aide à la toilette par la MSA pour m’accompagner après l’opération. Pas facile de faire ça avec un masque et des gants alors je remercie mes aides à domicile d’être là mais aussi la MSA d’avoir pris de mes nouvelles pendant le confine-ment. J’ai souffert mais je ne me plains pas. J’ai été agricultrice. On avait des vaches et on faisait des céréales et des endives en pleine terre qu’on ramassait entièrement à la main avec une petite binette. C’est pour ça que j’ai la colonne vertébrale en vrac. »

MSA Solidaire
Pas question d’oublier nos aînés isolés
Parce qu’ils sont particulièrement vulnérables en temps de crise, les seniors de plus de 80 ans qui vivent seuls dans des communes de moins de 500 habitants ont été appelés par les collaborateurs de la MSA de Picardie dans le cadre de l’opération MSA solidaire pour prendre de leurs nouvelles et s’assurer que tout va bien. Ils nous racontent leur confinement.
« Depuis le 11 mars, je n’ai pas mis le pied dehors », assume Josiane, 84 ans, une habitante de Douchy, minuscule village de l’Aisne.

Elle aussi est fâchée avec la télé.
« Je la regarde le moins possible car ils ne parlent que du virus. Et on en a soupé. Heureusement que Pernaut revient lundi. Je crois que lui aussi était confiné à la campagne. »
Un petit jeune de 70 ans, fidèle au poste, qui est aux manettes du 13 heures de TF1 depuis 32 ans.

« Mais n’allez pas croire que je m’ennuie. J’occupe ma journée, je cuisine et je lave mon linge mais je ne l’étends pas. Je fais des mots croisés. C’est difficile de tricoter ou de coudre à cause de mes mains biscornues. J’ai toujours un petit jardin mais ça a dû mal à pousser en ce moment. C’est trop sec. »
Josiane n’aime pas trop aller au restaurant, ce qui ne lui a pas manqué pendant le confinement. Par contre, la coiffeuse est venue lui couper les cheveux à la maison. Elle sera toute pimpante pour ressortir, une fois sa hanche remise.

« Les personnes contactées m’ont fait sentir à quel point elles appréciaient cette marque d’attention. On se sent utile », témoigne Olivier Luraschi, chargé de comptabilité technique.

« Pendant le confinement je ne sortais pas, une petite voisine m’a proposé de faire les courses pour moi, se souvient Marie*, habitante de Coullemelle, village de la Somme de 330 habitants, qui a papoté 1 h 50 avec une collaboratrice du groupe MSA. Ici on est ravitaillé par les corbeaux, plaisante-t-elle. Ce qui m’a le plus manqué, c’est de pouvoir toucher mes enfants. J’ai 87 ans et je n’ai jamais vécu un moment aussi étrange. Je ne m’imaginais pas à mon âge devoir remplir un papier pour sortir de chez soi. Ça m’a rappelé de mauvais jours. En 1944, j’avais 12 ans. Même si on sait que cette fois c’était pour de bonnes raisons, ça m’a bouleversée. C’était dur à avaler. Certaines de mes amies du village ont accusé le coup, surtout celles qui ne savent pas s’occuper. Moi pas trop parce que j’aime être seule et que je ne m’ennuie jamais. Je lis beaucoup, surtout des policiers du moment que ce n’est pas trop sanguinolent. J’aime aussi les livres qui parlent de la vie à la campagne. Je viens de finir un Sagan, Les Faux-fuyants. Il raconte l’histoire de quatre amis mondains fuyant Paris occupé, qui sont emportés dans la tourmente des colonnes de réfugiés sur les routes de juin 1940 et trouvent refuge chez un paysan. »
Un livre qui fait écho à l’actualité, qui a vu nombre de Parisiens se confiner à la campagne.

« On plaint surtout ceux qui ont perdu de la famille, admet Marie. Avec la mienne, on a échangé des photos et quelques coups de téléphone. Mais ils travaillent. Ils ont leur vie, concède cette mère de cinq enfants, mamie de six petits-enfants et de neuf arrière-petits-enfants. On ne peut pas les embêter à chaque fois qu’on s’ennuie, même si j’aimerais mieux les avoir tout près de moi. La plus proche habite à 140 km d’ici… Mais de temps en temps, ils viennent me chercher et je passe quelques jours chez eux. Je vais bientôt partir pour la région de Saint-Émilion, où l’on fait du bon vin. Une gorgée me suffit mais j’adore ça pour accompagner mon fromage. » Une raison de plus pour s’enivrer de cette liberté retrouvée…

*le prénom a été changé

Rester en contact

• Afin de rassurer, rompre l’isolement et réaliser un point sur les conditions de confinement, des collaborateurs de la MSA de Picardie se sont portés volontaires pour appeler plus de 400 personnes âgées qui bénéficient d’une solution de téléassistance Présence Verte.

• Le personnel de MSA services a effectué des appels auprès 300 bénéficiaires du service d’aide à domicile Avenir rural, non ressortissants agricoles. Les travailleurs sociaux de la MSA ont contacté les bénéficiaires du régime agricole.

• Pour s’assurer que tout va bien, les collaborateurs de la MSA de Picardie ont pris des nouvelles des seniors de plus de 80 ans résidant seuls dans des communes de moins de 500 habitants. Plus de 995 personnes âgées ont déja été appelées dans l’Oise, la Somme et l’Aisne.

• La MSA de Picardie a procédé au rappel de l’ensemble des adhérents qu’elle a accompagnés entre le 1er janvier 2020 et le 15 mars 2020, soit 373 personnes.

• Découvrez toutes « ces valeurs de solidarité et de partage» sur le site Internet dédié au recensement des actions déployées partout en France dans le cadre dispositif MSA solidaire.


Photo : ©Téo Lannié/CCMSA Image