Ne cherchez plus le bonheur n’importe où : il court les vallées, le bocage et les côtes de Vendée. Parole de Nathalie Herbreteau, une Chauchéenne de 50 ans, fière de son territoire, déléguée de la MSA Loire-Atlantique – Vendée et heureuse maman de deux enfants : un fils qui s’épanouit dans les travaux publics et une fille salariée agricole. Droite dans ses bottes, cette Vendéenne, dont les parents ont été agriculteurs, a vogué dans la vie en construisant sa voie avec détermination. Elle aimait la vente elle a donc fait des études pour évoluer dans le secteur. « Une fois que j’ai été dans le monde du travail, lâche-t-elle dans un éclat de rire, je n’ai plus jamais fait de vente. » La vie en a décidé autrement.

Chauché, la capitale de la mogette

Prenez l’agriculture. Elle n’a pas voulu en faire son métier. Le monde agricole s’est rappelé à son bon souvenir par l’en­tremise de l’amour. Elle épouse un agriculteur, à la tête d’un élevage de vaches laitières, installé à Chauché, une ville de pierres, connue pour la production de la mogette, le hari­cot blanc, une spécialité vendéenne qui bénéficie d’un label rouge et de l’indication géographique protégée.

La Vendée, une terre où il fait bon vivre, selon la déléguée MSA.

Conjointe collaboratrice, elle exerce pendant un temps une activité d’agrotourisme, s’occupant de chambres et tables d’hôtes à l’intérieur d’une grange et d’une étable transformées pour cet usage. En 2016, elle devient responsable de planning au service de remplacement du département, sur le secteur de Maine et Boulogne. Deux collègues couvrent les autres zones. Tous s’évertuent chaque jour à répondre aux solli­citations des agriculteurs des 4 910 exploitations réparties sur les 467 000 hectares du territoire [chiffres Agreste février 2022]. Le bureau se trouve à La Roche-sur-Yon à quelques foulées du siège de la MSA Loire-Atlantique – Vendée.

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3. Chantal Cador, une élue MSA qui prend soin de toute la population.

« J’ai été sollicitée pour devenir déléguée MSA »

« Quand j’ai été sollicitée pour devenir déléguée MSA, ma mère m’a encouragée à dire « oui ». Elle m’a vraiment soutenue. » L’engagement est un héritage familial qu’elle lègue elle-même à sa propre fille, pompier bénévole. « J’ai toujours entendu parler de la MSA par ma mère qui participait beaucoup aux réunions. Le bénévolat est un héritage qui se transmet de génération en génération. Maman était très impliquée. Elle le tenait de son papa également engagé. Mon grand-père était aussi investi dans des responsabilités agricoles. »

Son implication à la MSA remonte à 2010 lorsqu’elle est agricultrice. Elle est alors élue au 3e collège. En devenant salariée, elle doit démissionner de son mandat en 2016. Aux élections de 2020, elle se représente comme délé­guée salariée sur une liste qui n’obtient que deux sièges. En septembre, lorsqu’elle est sollicitée pour devenir administra­trice après le départ d’un colistier, elle n’a aucune hésitation. L’enthousiasme est intact malgré les années. « J’ai adoré mes deux premiers mandats. C’est quelque chose qui m’a infiniment manqué quand je suis devenue salariée. »

En plongeant dans la vie des personnes et en décou­vrant la complexité des situations vécues au cours de ses anciens mandats, elle prend conscience de sa fibre sociale. L’empathie la conduit à cueillir les individus à des moments charnières de leur vie, lorsqu’ils sont bloqués, sonnés après un décès, en difficulté dans leur travail et méconnaissant ce que la MSA est capable de déployer pour les accompagner et les aider à traverser ces épreuves.

On se dit presque tout…

Vos chanteurs préférés ?

Je suis une inconditionnelle d’Indochine. C’est générationnel. J’ai beaucoup apprécié le dernier album [13, sorti en 2017, NDLR]. J’aime aussi les chanteurs des années 1970 : Dalida, Joe Dassin, Michel Sardou.

Votre passion ?

Le plaisir de faire à manger et de régaler les convives avec des plats simples confectionnés à base de produits de la ferme. Si je pouvais, je passerais mon temps aux fourneaux. Avec la maison d’hôte, j’étais dans mon élément. J’ai nourri des centaines de personnes. Quand les enfants viennent, je leur mijote ce qu’ils aiment. Souvent j’en fais plus. Ils repartent avec une boîte. Ils adorent.

Avez-vous été tentée par d’autres régions ?

Non. Il n’y a eu aucune envie d’aller s’installer ailleurs. Il fait bon vivre à Chauché et en Vendée. On n’est pas à plaindre : on a un bon climat et l’océan à 60 kilomètres. Je ne me verrais pas mieux ailleurs.

Le goût des autres

Nathalie a appris à détecter les angles morts des actions de prévention lorsque celles-ci ne font pas mouche ou n’ar­rivent pas jusqu’au public qu’elles visent. La déléguée a sa petite idée sur le phénomène. Ce n’est pas l’information à propos de la disponibilité d’un dispositif ou de sa mise en œuvre qui manque. Et ce n’est ni l’efficacité ni la qualité qui sont en cause.

Simplement explique-t-elle, même si l’information est donnée voire répétée, elle n’est pas acquise pour autant. C’est le lien à ladite information qu’il faut questionner, sug­gère Nathalie Herbreteau. « Si on n’est pas touché par le pro­blème, on ne va pas s’y intéresser ou prêter attention. Je me rends compte de ce processus sur le terrain. »

Fan de « L’amour est dans le pré »

Vous suivez l’émission de M6 L’amour est dans le pré, animée par Karine Le Marchand ?

Oui, je ne manque aucun épisode [éclat de rire]. Les histoires d’amour ne sont pas évidentes pour les agriculteurs. Le métier est difficile. Ils ont un rythme de vie qui diffère de celui de leurs anciens copains d’école qui ne sont pas du métier. Alors que ceux-ci travaillent 35 heures par semaine, ont des loisirs et partent en vacances, eux ne peuvent pas se le permettre. Une situation qui peut être difficile pour les conjointes de jeunes agriculteurs. Surtout si elles ne sont pas issues du milieu. Ce n’est pas évident d’accepter de passer sa vie auprès de ses animaux quand on fait de l’élevage. Une vie affec­tive est possible mais avec quelqu’un qui comprend le métier et l’accepte.


C’est un sacerdoce ?

Oui. C’est surtout le cas dans l’élevage. L’activité, c’est du 1er janvier au 31 décembre. Seuls les gens qui exercent dans le secteur des cultures sont amenés par le jeu des saisons à avoir des périodes creuses. Un animal demande une attention quotidienne. Il n’y a pas le choix.

Du quotidien des personnes à la complexité de la psy­chologie humaine : le rôle d’élue est tout entier tourné vers l’autre, guidé par une attention qui enrobe la personne et l’accueille dans sa singularité. La relation de proximité nouée avec les ressortis­sants agricoles, avant d’être géographique, est interaction : un lien avec autrui. Nathalie Herbreteau est un être social. Elle possède le sens de l’écoute.

Dans ses fonctions au service de remplacement, elle n’hésite pas à relayer tout ce qu’elle sait sur les mesures d’accompagnement de la MSA. « Avec mes collègues, nous sommes beaucoup dans le conseil de ce que peut leur apporter la caisse. Quand nous sentons une détresse chez un agriculteur, nous sommes capables de donner de nombreuses recommandations en fonction de la situation. Nous en sommes même souvent remerciés parce que les gens ignoraient ces aides. » Cette disponibilité aux autres en dit long sur sa générosité. La voie peut-être du bon­heur à la chauchéenne ?

Photo : © MSA Loire-Atlantique – Vendée