Le jury des rencontres prévention jeunes (RPJ) PACA Corse organisées par la MSA Alpes-Vaucluse s’est réuni le 10 juin 2021.
Et le prix coup de cœur décerné par les élus des caisses participantes (Alpes-Vaucluse, Provence-Azur et Corse) et récompensant le fond et la qualité des films concernant la prévention des risques, a laissé tout le monde sans voix, à commencer par les lycéens/comédiens. Ce qui est tout à fait logique pour un film muet.
Une mise en scène sans paroles, très dans l’air des temps que nous venons de traverser. Elle reflète en quelque sorte la crise sanitaire qui a fortement perturbé nos relations sociales, nous laissant presque cois. Les adolescents font partie des populations les plus impactées par ce manque d’interaction et pour cette édition des RPJ, il n’était pas question pour la MSA de les laisser sans moyen d’expression.
Une motivation toujours présente
Si l’année particulière que nous avons vécu n’a pas permis de réaliser les projets autour de la santé-sécurité au travail comme à l’accoutumée, il n’en reste pas moins que les RPJ ont tout de même vu le jour. À conditions exceptionnelles, format exceptionnel, c’est donc sous forme de films de quelques minutes que les réalisations des élèves se sont concrétisées.
« Depuis quatre, cinq ans, nous participons chaque année aux rencontres prévention jeunes, explique Françoise Garbini, professeur en économie sociale et familiale au lycée Provence Verte de Saint-Maximin. Ça permet de faire connaître l’établissement grâce à un projet d’un groupe de classes en tissant des liens forts avec les jeunes. Ça les pousse à s’engager, s’investir et être persévérants. »
Sortir du lot
Avec son collègue Nicolas Sidobre, professeur de biologie/écologie, tout autant passionné de théâtre qu’elle, cette amoureuse de comédies musicales, de danse, de spectacles et d’animation est fière de pousser ses élèves à proposer des présentations très animées à chaque édition. C’est en quelque sorte devenu la marque de fabrique du lycée.
Loin d’avoir marqué un coup d’arrêt à cet état d’esprit, les contraintes liées à la crise sanitaire les ont simplement amenées à penser l’exercice différemment : « Au départ, nous voulions faire ça avec des élèves de seconde et de première. À cause du distanciel et des vacances, il n’y a pas eu cours tout le mois d’avril et ce n’était pas évident de prendre les petits de seconde, complète l’enseignante. Nous avons donc décidé de monter le projet avec des élèves de terminale. Ils nous connaissent depuis trois ans, ont participé aux RPJ 2019 et remporté un prix, sont familiarisés avec la prévention et présentent plus de maturité. Ça permettait d’aller plus vite. Sur une année normale, nous démarrons le projet vers février/mars, là, avec la crise sanitaire, nous nous y sommes attelés au mois de mai et avons eu très peu de répétitions. »
La prévention et le style
La thématique retenue pour le projet découle de celles traitées lors des précédentes éditions mais aussi des élèves engagés dans la démarche : « Le choix du risque routier dans les métiers du service à la personne s’est imposé. Ils sont en Bac pro services aux personnes et territoires, la plupart ont 18 ans et ont eu leur permis. Certains vont travailler cet été, indique Françoise Garbini. Traiter les risques liés au portable, à la cigarette ou à l’alcool au volant, c’est à la fois faire de la prévention jeunes et de la prévention professionnelle, c’est très important. »
En ce qui concerne la présentation, la crise sanitaire a joué un rôle majeur dans le choix du style : « Nicolas et moi sommes des amateurs de comédie musicale. Vu les circonstances, travailler comme nous le faisons d’habitude à partir de jeu de rôle n’était pas évident. Nous avons alors eu l’idée de tout faire en non verbal sur la base de films comme The Artist et La La Land, en noir et blanc. Quand nous avons évoqué le sujet avec les élèves, ils ont tout de suite accroché. De plus, comme nous sommes dans le domaine du service à la personne, imaginer une scène selon les techniques du film muet permet de toucher un public que l’on oublie trop souvent : les personnes en situation de handicap. »
Tournez manège !
L’idée de départ trouvée, reste à scénariser la thématique. Et pour cela, le propriétaire du manège de Saint-Maximin va lui aussi jouer son rôle : « En passant devant, l’idée de le prendre pour cadre principal et d’utiliser les voitures nous est venue comme ça, raconte Françoise Garbini. Ça donne un côté un peu ludique. Le propriétaire nous l’a gracieusement prêté pour la répétition du matin et le tournage de l’après-midi. Tout s’est fait sur une journée. »
En effet, pour réaliser les vidéos, la MSA a mis à disposition des établissements participants un vidéaste professionnel qui venait fixer sur pellicule le travail des élèves selon un planning bien précis. Tout devait être fin prêt donc pour le jour J.
« Avec les conditions de cette année, il nous a fallu modifier notre façon de procéder. Comme nous n’avons pas vu les élèves pendant un mois, Nicolas et moi avons participé davantage à l’élaboration du scénario afin d’accélérer les choses et que tout soit prêt le jour où le vidéaste allait venir. Évidemment, il n’en reste pas moins que c’est un travail en totale collaboration avec eux. Il est fondamental qu’ils s’approprient le projet, que chacun apporte ses idées sinon ça n’a pas de sens. Ils ont choisi leur rôle, réalisé les panneaux, le clap est du fait maison par une élève tout comme le drap blanc avec Charlot. Ceux qui ne jouent pas ont assuré la logistique. C’est un vrai travail d’équipe. »
Et celui-ci a une nouvelle fois payé puisque les lycéens repartent avec le prix coup de cœur qui récompense l’originalité de ce projet. Pour Françoise Garbini, malgré les contraintes, le contrat est largement rempli : « Nous sommes très contents du résultat. Même si certains élèves avaient un peu le trac lors du tournage, nous les avons mis en condition et nous avons tous passé une très belle journée festive. Nous n’avons pas encore l’idée lumineuse pour l’année prochaine mais ça va venir ! »