C’est pas gnangnan, ça ne verse pas dans le pathos. Les acteurs jouent un peu comme ceux du cinéaste Éric Rohmer… mais on s’y fait et on adhère ! Un jour, tu vieilliras… est un film d’Édouard Carrion. Une commande du centre communal d’action sociale (CCAS) d’Orléans sur la prévention de l’isolement des personnes âgées en milieu urbain, tournée avec des comédiens amateurs du cru. Le réalisateur réussit la gageure de fournir un opus sensible et juste sur un sujet qui, à l’origine, ne le tente pas et qu’il ne connaît pas.
En rencontrant des aînés et des acteurs sociaux pour boutiquer son scénario, il parvient à faire volte-face et à s’emparer des enjeux d’une responsabilité collective quant au vieillissement de la population. À l’instar du personnage de son film, Jean-Daniel, ingénieur à qui sa boîte propose, à un an du départ à la retraite, un mécénat de compétences dans une structure d’aide à domicile. Sidération, sentiment de mise au rebut, découverte d’un monde étranger, gêne… Jean-Daniel bascule dans l’apprentissage de la vieillesse et de la solidarité.
Un diagnostic des besoins
Le mardi 26 avril, le cinéma Aurore de Vitré a proposé une projection de ce long métrage qui fricote avec le documentaire. L’événement intervient en plein prélude, celui de la charte territoriale des solidarités avec les aînés « Vieillir actif et entouré au Pays de Vitré – Portes de Bretagne ». Elle est signée en octobre 2021 par le CCAS de Vitré, gestionnaire du centre local d’information et de coordination (Clic) des Portes de Bretagne, le Clic de la Roche-aux-Fées et la MSA.
Au préalable, un diagnostic a été mené sur le territoire d’intervention des deux Clic. « C’est Cécilia Vasseur, stagiaire étudiante en master 1 économie sociale et solidaire de l’université Rennes 2, qui l’a réalisé, raconte Marie-Andrée Richard, chargée d’études au service action sanitaire et sociale de la MSA Portes de Bretagne. Elle a rencontré quelque soixante-dix acteurs, parmi lesquels des élus locaux, des professionnels, des responsables associatifs et des seniors. Le document intègre des statistiques et des données qualitatives. Il recense les usages, les difficultés et les besoins rencontrés sur le territoire et des pistes de solutions proposées par les personnes interviewées. »
Les échanges ont porté sur six thématiques : le numérique, la mobilité, l’habitat, les aidants, l’accès aux soins et l’isolement. Pour des raisons locales, le comité de pilotage de la charte décide de privilégier quatre axes de travail : le numérique, la mobilité, l’habitat et l’isolement. Quatre groupes de travail idoines sont créés. Ils planchent sur un plan d’actions.
À l’issue de la projection, le débat est lancé. « Il faut bien distinguer l’isolement social du sentiment de solitude », rappelle Pierre-Yves Malo, psychologue du service de médecine gériatrique du CHU de Rennes. Les petits frères des pauvres proposent deux définitions : l’isolement social s’installe quand la personne est en situation de souffrance et de danger. La solitude désigne « l’état de quelqu’un momentanément ou habituellement seul » (Le Larousse) et elle est parfois choisie. Elle n’est pas forcément génératrice de malheur ou de souffrance. Pour certains, elle permet de se recentrer sur soi, de réfléchir ou de méditer. Ainsi, le sentiment de solitude renvoie au ressenti des personnes. On peut se sentir seul et abandonné alors qu’on a de la famille et inversement, ne pas avoir de proches et pourtant, ne pas en souffrir.
Pour que les habitants s’approprient la charte, cinq réunions de lancement se tiennent sur les bassins de vie du territoire dans la foulée de sa signature. Elles visent à partager le diagnostic, à informer sur le déploiement de la démarche et à mobiliser les autochtones sur sa mise en œuvre, en leur proposant de rejoindre les groupes de travail thématiques, coanimés par les centres locaux d’information et de coordination et la MSA Portes de Bretagne. Ils se tiennent de nouveau pour compléter l’état des lieux et traduire les manques identifiés en actions concrètes.