Les six étapes clés de l’accompagnement MSA, une étude ergonomique pour comprendre le travail dans un atelier de transformation à la ferme en filière porcine, un kit de contention pour préserver sa santé en élevage bovin… Les 23 novembre et 7 décembre dernier, la quinzaine de délégués participant aux deux webinaires sur la santé sécurité au travail (SST) sont plongés dans le vif du sujet. Deux après-midi riches d’échanges de connaissances et d’expériences. Objectif : mieux appréhender le travail des préventeurs et porter la bonne parole sur le terrain.
Être relais sur les territoires
« Dans le cadre du plan santé sécurité au travail 2021-2025 de la MSA, nous avons retenu en Alpes du Nord l’ambition 3 “renforcer l’action des élus dans la construction des stratégies d’action et de leur déploiement dans les territoires”, explique Catherine L’Allain, responsable du service prévention des risques professionnels. Nous avons en effet constaté que ces derniers méconnaissaient notre métier, notre approche de la santé au travail et nos façons d’intervenir et d’accompagner les actifs agricoles. Nous avons ainsi développé deux projets pour les cinq années à venir afin de les acculturer petit à petit à nos problématiques et de créer une relation plus resserrée avec eux. Le premier est ce nouveau parcours de formation. »
Après des webinaires sur les Marpa, la prévention des piqûres de tiques ou encore les ateliers seniors de l’association Itinéraires de santé Rhône-Alpes, du Groupe MSA, entre fin 2020 et l’été 2021, ces véritables vigies de la MSA au plus près des adhérents ajoutent une autre corde à leur arc. Quatre grands thèmes en SST ont été identifiés : l’accompagnement des projets d’aménagement et de conception, la manipulation et contention des animaux, ainsi que le processus de maintien dans l’emploi, mené avec les équipes de l’action sanitaire et sociale et du contrôle médical ; dernier point, le réseau de vigilance Phyt’attitude, qui recense et analyse les incidents et symptômes liés à l’utilisation de produits chimiques afin d’en améliorer la prévention. Ces deux derniers webinaires seront organisés courant 2022.
Acteurs de la santé au travail
« Il faut sensibiliser tout le monde aux risques sur les exploitations et dans les entreprises. » François Rozier, président du territoire Isère Rhodanienne et élu depuis plus de trente-cinq ans, a suivi les deux premières visioconférences. « Je connaissais déjà ces sujets, mais j’ai pu poser des questions et parler de ce que j’avais vécu. C’est quelque chose qui me touche car lorsque j’étais exploitant, j’avais un abattoir de volailles avec 50 salariés, et j’ai beaucoup travaillé avec la MSA sur la sécurité pour protéger les employés sur la chaîne, qui avaient souvent des problèmes de santé, dus aux gestes répétitifs. »
Ces formations nous aident à comprendre et à savoir pourquoi on est là.
Observation des situations de travail réelles, des machines, des positions, de l’éclairage, des ports de charges, des déplacements…. Chaque étape, et ses risques, est analysée par les préventeurs avant d’engager une réflexion pour améliorer ces conditions. « Il y a tout un travail de construction pour s’adapter à la demande et aux besoins d’une entreprise, d’une filière ou d’un exploitant, confirme Catherine L’Allain. Nous leur montrons comment on bâtit un projet de prévention et ce qu’on en fait après, comment on passe de l’individuel au collectif, les allers-retours entre le terrain et l’interne, l’équipe… » Comme en témoigne Franck Bellin, éleveur de porcs qui a réaménagé son atelier de transformation, lors du premier webinaire.
« J’en ai parlé à d’autres élus, je relaie le message pour montrer qu’il y a des choses très intéressantes à apprendre, que ça permet de poser des questions et, ensuite, de faire remonter des situations, continue le délégué isérois. Ces formations nous aident à comprendre et à savoir pourquoi on est là. On n’est pas élu pour être élu, mais parce qu’on a quelque chose à apporter. C’est pour ça qu’il faut communiquer. »
Renouer avec le terrain
« Maintenant, il faudrait une démonstration auprès des agriculteurs, annonce Rolande Delprato, élue en Haute-Savoie. Ce serait vraiment intéressant car j’aimerais transmettre, et être sur le terrain, ça apporte beaucoup. Après ces formations, il ne faut pas rester dans notre coin, même si là on est bloqués à cause de ce virus… » Il faut dire que depuis les dernières élections, en janvier 2020, nos élus subissent de plein fouet les aléas de la pandémie, et la frustration grandit. « C’est difficile de faire vivre le réseau, déplore Matthieu Payer, animateur des territoires. C’est pour cela qu’on essaie de faire des choses pour les tenir en haleine. Les webinaires ont cet avantage de pouvoir inviter du monde, sur tous les départements, et de transmettre au moins à ceux qui sont présents et intéressés. Concernant les sujets SST, c’est important que les conseillers en prévention prennent eux-mêmes les devants pour expliquer leur métier, très spécifique, car lors du précédent mandat par exemple, nous avons eu des demandes d’élus qui ne correspondaient pas du tout. »
« C’est un premier exercice qui demande un travail conséquent de construction du contenu, témoigne Catherine L’Allain. Nous avons pris le parti d’avoir un nombre limité de participants (moins de dix) et de garder un temps d’échange important. Cela a bien fonctionné. On a encore du travail sur la compréhension de nos métiers, mais ces deux expériences vont nous permettre de nous ajuster pour la suite. Nous allons réfléchir aussi à d’autres façons d’aller vers eux, il faut qu’on aille plus loin et il y a plein de thématiques à aborder. » Deuxième projet à venir dans le cadre du plan SST : la mise en place d’un groupe de travail d’administrateurs, pour travailler ces questions et les stratégies de service vis-à-vis des adhérents. Pour la responsable, « l’objectif final est que la MSA soit vraiment identifiée comme un acteur de la santé et sécurité au travail pour accompagner entreprises et exploitations dans les transitions et les mutations agricoles, en articulation avec nos partenaires. »
2022, année hybride ? Pour François Rozier, qui est également trésorier de Bulle d’air et qui fait partie du réseau de sentinelles «Le sillon dauphinois» chargé d’accompagner les agriculteurs en situation de fragilité, les deux formats ont leurs atouts, mais il faut retrouver au plus vite le contact humain. « Pour moi qui ai l’habitude de voir du monde, c’est dur quand on ne peut plus se rencontrer, parler entre nous et aider les nouveaux élus qui ne sont pas habitués. Certains sont parfois un peu frileux ; ils n’osent pas trop s’engager. C’est important qu’on puisse développer ce sens de l’aide, montrer qu’on n’est pas tout seul, qu’on a des collègues à qui on peut demander des conseils. Quand on voit toutes les difficultés du monde agricole, on a un devoir d’écoute. C’est notre rôle. Et bien souvent, il suffit de peu pour permettre à quelqu’un de passer le cap. »
Photos : © MSA Alpes du Nord
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Sommaire de notre dossier : Élus MSA, de la formation à l’action.