Un parcours de formation
« Ce que veulent les délégués, c’est se sentir utiles, disposer d’éléments concrets, et applicables dans leur quotidien. Pour certains, c’est leur premier mandat et ils ont tout à découvrir. La formation que nous leur offrons est ciblée sur l’apprentissage du rôle de l’élu, en lien avec l’action sanitaire et sociale », expliquent Marie-Claire Guimbal et Carole Terres, assistantes sociales à la MSA Midi-Pyrénées Nord. Toutes deux se sont portées volontaires pour construire ce programme, intitulé «Agir ensemble pour prendre soin de soi, des autres, de son territoire» afin de répondre à la « demande de notre direction de développer l’offre globale de formation vers tous les élus, pour mieux les connaître et mieux travailler ensemble sur les territoires ». Elles ont imaginé un parcours de formation avec un module de base de deux jours, qui pourra être complété par d’autres interventions sur les territoires, en fonction des besoins exprimés par les délégués.
Il a lieu en présentiel, avec de petits groupes de huit à dix participants. Au cours de la première journée, des échanges sont proposés autour du thème «Être élu en lien avec l’action sanitaire et sociale : s’engager et être utile pour tous». La seconde est consacrée à la notion de fragilité et à la sensibilisation à l’écoute active. « Les délégués sont très préoccupés par la situation des personnes en difficulté. La détection précoce des vulnérabilités est importante ; elle passe par les élus et le besoin est accru, impérieux en raison de la crise sanitaire », poursuit le duo. Mais l’action sociale, pour eux, au départ, cela ne veut pas dire grand-chose ».
Sensibilisation à l’écoute active
Pas de grand discours pour décrypter ce volet important de l’activité de la MSA mais du dialogue, de l’interaction, des échanges à partir des expériences de chacun, des exercices pratiques et ludiques. « L’action sociale, c’est un plus à disposition des assurés. Cela nous amène à nous remettre au cœur de notre métier, à ses fondements et à nous interroger avec les participants sur nos valeurs communes. La solidarité est celle qui ressort fortement. »
Parti pris original, il ne s’agit pas seulement d’amener les élus à connaître l’action sociale par ses missions mais plutôt par sa démarche, sa posture, c’est-à-dire « la façon de regarder, d’observer ce qui se passe autour d’eux, d’être bienveillant de manière à être au plus près. Nous faisons appel à leurs connaissances et leur sensibilité personnelle. S’ils rencontrent quelqu’un de fragile, nous allons les aider à l’amener vers nous ». Une sensibilisation à l’écoute active « pour qu’ils soient acteurs, sachent orienter, et qu’ils donnent du sens à leur engagement ».
Une orientation mise en pratique à travers un jeu de rôle proposé aux participants, mettant en scène un élu face à une personne en situation de fragilité. « Comment aller vers une personne en difficulté ? Comment lui parler de la MSA et l’amener à se rapprocher de l’action sociale, qui aura une écoute plus professionnelle et une approche en termes de solutions ? Ils repartent avec l’idée que, même si cela peut être difficile, ce n’est pas insurmontable. Ils sont en capacité de le faire, avec leurs mots et leur authenticité, pour que les personnes puissent venir vers nous d’elles-mêmes, le plus tôt possible. »
Tisser des liens privilégiés avec les élus
Trois premières sessions ont eu lieu depuis fin 2021. Toutes les composantes – exploitants, salariés employeurs de main-d’œuvre –, des retraités comme des personnes en activité, étaient représentées. Sont associés à ce parcours de formation tous les acteurs de l’action sociale, dont « les conseillers et les techniciens qui sont souvent le premier maillon avec les élus et les assurés, lors des échanges téléphoniques ». Carole Terres et Marie-Claire Guimbal ont « construit un kit pédagogique pour aider les équipes de terrain à s’approprier la démarche. Celles-ci vont animer elles-mêmes des formations sur leurs territoires respectifs, afin de tisser des liens avec les élus sur leur secteur géographique et, grâce à cette interconnaissance, à l’instauration de cette proximité, faciliter les échanges et aider les délégués à construire leur rôle comme partenaires de l’action sociale ».
Il y a d’ailleurs déjà eu des retours, des prises de contact au sujet de situations individuelles à l’issue des premières formations. Les participants disposent maintenant de contacts privilégiés qu’ils peuvent activer lorsqu’ils ont des questionnements. Un maillage, au cœur des besoins, qui pourra être complété en fonction des problématiques soulevées par des élus, comme l’épuisement professionnel, le répit ou des besoins collectifs sur un territoire.
« Confortée dans mon engagement »
Anne-Marie Selle, Montech (Tarn-et-Garonne) :
« Vigneronne, à la retraite, je me suis présentée aux dernières élections MSA en tant que déléguée et j’ai été élue présidente du comité territorial Sud 82. On m’a indiqué cette formation lors d’une rencontre dans l’Aveyron. La thématique m’a intéressée par rapport au rôle de l’élu, à la transition qu’il peut assurer entre la MSA et les ressortissants. Je veux être utile et c’est pour cela que je me suis investie. La session a eu lieu en janvier. J’ai été enthousiaste après la première journée, et encore plus après la deuxième !
Loin d’un cours ou une conférence, elle s’appuie sur du concret et sur des échanges fructueux, fondés sur l’écoute. Nous étions 7 ou 8 participants autour de la table, je n’en connaissais aucun mais cela n’a pas été un problème. Quand on s’inscrit à ce type de formation, c’est avant tout un choix en écho à une sensibilité personnelle. Nous avons fait des exercices très intéressants. Le point d’orgue a été un jeu de rôle [un élu face à une personne en difficulté] avec une mise en situation d’écoute, de recueil d’information. Un moment pas facile mais nous étions à fond, et là pour avancer. Cela nous a donné envie d’aller plus loin et m’a confortée dans le choix que j’ai fait de m’engager.
Le message essentiel que j’en retiens, c’est que l’élu n’est pas là pour trouver des solutions mais pour écouter les gens, les orienter et leur suggérer, si besoin, de contacter les assistantes sociales. Beaucoup sont en difficulté dans l’agriculture. Et on peut être démuni lorsqu’on est confronté à une telle situation. Aujourd’hui, je me sens plus à l’aise, rassurée et mieux armée pour savoir quoi dire, ne pas dire. »
« J’ai un point d’ancrage »
Christel Delorenzi, Le Clapier (Aveyron) :
« Je suis agricultrice, en ovins-lait et c’est mon 2e mandat à la MSA, en tant que suppléante. Pendant le premier, je n’ai presque rien fait et je me suis interrogée sur mon utilité. J’ai été très intéressée par cette formation. C’est franchement celle qu’il faut suivre pour savoir à quoi sert un élu. Elle est organisée sur un format de deux jours, à une période de l’année idéale par rapport à notre production, au sein d’un petit groupe.
Plusieurs participants étaient de nouveaux élus que je n’avais jamais rencontrés. La session est animée par deux assistantes sociales du territoire avec lesquelles on a fait connaissance et qu’on n’hésitera pas à appeler en cas de besoin. Cette rencontre a créé un contact privilégié et nous avons bien sympathisé au sein du groupe. Nous avons pris conscience du rôle important qu’on peut avoir si on détecte une situation grave. Ce n’était pas facile pour nous d’y être confrontés.
Je n’avais aucune clé jusque-là pour savoir comment agir. Maintenant, c’est clair pour moi : j’ai un point d’ancrage, je connais mon rôle, je sais ce qu’il faut que je fasse et qui joindre. Cette formation vivante, concrète, compréhensible et captivante m’a donné un petit coup de boost. »
Voir aussi
Sommaire de notre dossier : Élus MSA, de la formation à l’action.