Nous accompagnons à une prise de conscience

Les bénéficiaires peuvent nous joindre par téléphone, par tchat ou par e-mail. La plateforme en ligne permet une première prise de contact, notamment lorsqu’on peut être réticent à appeler tout de suite, pour avoir des renseignements, connaître le fonctionnement de l’accompagnement proposé. Lors du premier échange, nous sommes dans l’accueil de la parole, l’établissement d’une relation de confiance. Au fur et à mesure, si la personne décide de continuer, nous allons pouvoir aller plus loin. Je pense par exemple à un exploitant dont la charge de travail lui pesait depuis de nombreuses années. Il ne s’est jamais senti réellement à la bonne place à la ferme. En tant que psychologues, nous réalisons un travail de dentelle pour revenir sur son histoire de vie, la mise en sens de son vécu, apporter une compréhension du poids de l’héritage familial notamment. Nous accompagnons à une prise de conscience qui permet de réévaluer son rapport au travail et envisager tout changement souhaité.

Lorsque nous sommes sollicités lors d’un moment de stress intense, où la détresse est à son point maximal, nous avons une fonction de paratonnerre qui les autorisent à décharger, à s’apaiser. Dans les cas les plus graves, nous pouvons intervenir si nous évaluons que le risque de gravité suicidaire est présent.

Lorsque des proches nous appellent, inquiets, nous les aidons à comprendre ce qu’est le processus suicidaire et comment se positionner face à une personne en détresse. Nous leur donnons aussi des outils pour prendre soin d’eux et ne pas en mettre trop sur leurs épaules dans cette situation où on se sent très vite désarçonné, impuissant, et les orientons vers les relais les plus adaptés.

Je pense que c’est un vrai levier de pouvoir proposer ce type d’accompagnement en distanciel. Tout le monde n’a pas accès à un psychologue facilement, c’est donc une manière de démocratiser le soin psychique. De plus, cela vient aussi lever certains freins, certaines inhibitions. Les personnes ne se sentent pas jugées, et la parole se libère plus facilement.

Photo d’illustration : © Stígur Már Karlsson/Heimsmyndir/Istockphoto/CCMSA Image

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