« Quand on est jeune, tout va bien. C’est en vieillissant que ça se gâte. » Jean-Michel Blasson, éleveur laitier dans l’Aube, paye les conséquences d’un accident de la route survenu il y a vingt ans. Traumatisme crânien, clavicule et sternum cassés, cœur et poumons serrés… l’addition fut lourde. Pourtant, après une période de convalescence, l’agriculteur reprend rapidement le travail à la ferme. « J’aimais tellement mon métier. C’est ma passion. Je ne pouvais pas faire autre chose. »
Mais, au fil des années, des fragilités refont surface. « J’ai eu deux hernies discales. Je souffre d’asthme, de diabète. J’ai mal au bassin, au dos, aux genoux… partout. » Il y a peu encore, Jean-Michel Blasson calmait ses douleurs à la morphine et enchaînait les séances de kinésithérapie. Les montées et descentes de marches, le port de charges et la conduite d’engins sont particulièrement invalidants pour lui.
Aménager pour durer
En 2010 et 2015, la MSA Sud Champagne (médecin du travail, assistante sociale et conseiller en prévention) se rapproche de l’agriculteur pour faire évoluer sa situation.
« Nous sommes intervenus avec le Sameth et, grâce au financement partiel de l’Agefiph, pour aménager ses postes de travail et lui permettre un maintien dans l’emploi, précise Julien Quesne, conseiller en prévention. Certes, les aménagements réalisés chez monsieur Blasson peuvent apporter en plus un gain de productivité, mais l’aide de l’Agefiph a été calculée uniquement sur la base de l’amélioration apportée aux conditions de travail. »
Sur l’exploitation, le paillage est devenu compliqué. Jean-Michel Blasson doit se tourner dans son tracteur pour actionner les commandes de la machine, tout en maintenant la pédale d’embrayage. « Les commandes étaient derrière le siège : j’avais la colonne vertébrale complètement retournée. À la fin de la journée, j’avais très mal au dos. »
Le choix se porte alors sur le renouvellement de la pailleuse, adaptée à ses handicaps. « Maintenant, je suis bien installé sur mon siège. J’ai facilement accès aux manettes et je n’ai plus à actionner continuellement la pédale d’embrayage. En plus, cette pailleuse soulève moins de poussières, ce qui est beaucoup mieux pour mon asthme. »
La salle de traite aussi apporte son lot de difficultés : « J’étais obligé de monter et de descendre des marches pour aller chercher les vaches. C’était très fatigant. » Il fait l’acquisition d’un chien électrique et mécanise la barrière permettant de diriger les animaux : plus besoin de prendre l’escalier pour amener les vaches vers les quais de la salle de traite.
Les faisceaux trayeurs sont aussi remplacés par des griffes beaucoup plus légères, lui permettant une économie d’un kilo. Avec 180 vaches à traire chaque jour, le gain n’est pas négligeable. Aujourd’hui, Jean-Michel Blasson est rassuré : il va pouvoir exercer sa passion pendant des années.