C’est en réponse à des besoins repérés dans le cadre des actions de prévention santé menées depuis plusieurs années que la MSA Alpes Vaucluse s’est impliquée dans le programme de «Soutien aux aidants sur leur lieux de vie» dès son origine. « Ce programme de la CCMSA est très ouvert. Les thématiques sont bien choisies et souples. Elles permettent de s’adapter à la réalité locale », précise Nadine Armand, responsable adjointe de l’action sanitaire et sociale de la MSA Alpes Vaucluse.

En effet, la connaissance du territoire et de sa population est essentielle pour soutenir les aidants dans leur quotidien, prévenir et rompre l’isolement social et faciliter la relation aidants-aidés. Pour cela, une démarche de développement social territorial a été mise en place. Elle consiste à choisir un territoire, à réaliser un diagnostic social partagé sur l’existant et les besoins, à mobiliser des partenaires institutionnels, à impliquer les acteurs locaux, à faire participer les publics concernés, à créer des instances de pilotage du projet, à mettre en place et pérenniser des actions sur le territoire.

Une méthodologie made in MSA

Constitué de quatre communes, Richerenches, Valréas, Visan et Grillon qui appartiennent à une communauté de communes à cheval sur le Vaucluse et la Drôme, à forte population agricole et âgée (24 % des agriculteurs sont retraités), c’est le canton de Valréas qui a été choisi pour la mise en place du programme de soutien des aidants entre 2018 et 2021.

Le programme, initialement destiné aux aidants de personnes âgées en perte d’autonomie, a été élargi à ceux de personnes en situation de handicap. – © Fotografixx/GettyImages/CCMSA Image

La première année a été consacrée à la réalisation du diagnostic. À l’issue des réunions, des rencontres collectives et des consultations individuelles des partenaires et des aidants, une synthèse a été faite par un travailleur social.

La restitution auprès des acteurs locaux et des aidants invités a permis de nouveaux échanges et la mise en évidence de leurs besoins. « Tous les partenaires apprécient ce système. C’est la première fois qu’ils se rencontrent ensemble sur une même thématique, il n’y avait pas de concertation jusqu’à présent », précise Nadine Armand avant d’ajouter qu’il est « essentiel de voir si les besoins exprimés par les aidants sont les mêmes que ceux repérés par les services ».

Ainsi, est apparue la nécessité d’élargir le programme, initialement destiné aux aidants de personnes âgées en perte d’autonomie, à ceux de personnes en situation de handicap et de former deux groupes de travail.

Ces équipes constituées de partenaires, d’aidants et d’un travailleur social, planchent ainsi sur la coconstruction d’actions sociales en fonction des besoins. Cela aboutit par exemple à la création d’un groupe de parole avec un psychologue pour les aidants de personnes en situation de handicap qui font face à un énorme isolement et au besoin de rencontrer des pairs dans la même situation, à la création d’un lieu pour les personnes handicapées qui ne sont pas accueillies en institution, à la mise en place d’une action afin de mieux informer sur les maladies dégénératives, à permettre à certains partenaires (médecins, pharmaciens) de mieux appréhender la problématique de l’aidant et ainsi devenir des relais de l’information.

Il était une fois l’innovation sociale

S’il est essentiel pour la MSA Alpes Vaucluse de trouver les bons partenaires capables ensuite de prendre le relais en toute autonomie, elle n’en demeure pas moins à la pointe de l’innovation sociale. Sur le canton de Valréas, elle a ainsi développé un module qui accueille à la fois l’aidant et l’aidé. Les huit séances s’articulent autour de six binômes aidant-aidé maximum, d’une psychologue en fil rouge, d’un travailleur social et d’un intervenant (art thérapeute, musicothérapeute). Lors de la première expérimentation, un ergothérapeute était également présent afin de voir ce qui va ou ne va pas.

Ce module a été pensé pour que l’aidant et l’aidé en pratiquant une activité ensemble renouent un lien parfois distendu par le poids de la situation et la charge physique et mentale qu’elle occasionne chez l’un comme chez l’autre. Et c’est autour du conte que cet échange a lieu. Il développe l’imaginaire, la créativité, la réflexion, l’écoute.

Des études montrent que c’est un outil pertinent pour solliciter les personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer. Une formation est dispensée à Lyon, suivie par l’un des travailleurs sociaux de la MSA Alpes Vaucluse. Et, selon le ressenti des aidants interrogés après les premières expérimentations lancées par la MSA, cela marche.

Ce module, dont l’organisation est désormais portée par la plateforme d’accompagnement et de répit, s’intègre ainsi dans un parcours global créé par la MSA Alpes Vaucluse. Courant sur plusieurs mois, celui-ci inclut des événements comme des théâtres forum, quatre séances de groupe de parole et une prise de conscience de son statut d’aidant. Il complète les actions déjà engagées comme les séjours répit ou la présence de la MSA Alpes Vaucluse à la journée nationale des aidants.

Le conte comme outil thérapeutique

Utilisé depuis longtemps à des fins éducatives, pédagogiques et thérapeutiques avec des enfants, le conte fait désormais l’objet d’ateliers et sert de support de stimulations cognitives avec des personnes âgées souffrant de pathologies de la mémoire. Une étude menée en 2007-2008 et soutenue par la Fondation Méderic Alzheimer a notamment permis de révéler quatre effets positifs de ces séances.

Il a tout d’abord été constaté que l’attention des participants a augmenté au fil des séances. Ensuite, au niveau de la parole, les observations psychologiques et anthropologiques mettent en lumière une certaine récupération de la capacité des participants à s’exprimer. De même l’étude montre qu’ils retrouvent un certain sens de la narration et que cela leur permettrait de retrouver une certaine cohérence dans ce domaine. Pour finir, les ateliers conte auraient également un impact sur les troubles du comportement comme le mettent en évidence les meilleurs scores obtenus par les participants de cette étude aux tests de dépressions.

Photo d’ouverture : © Franck Beloncle/CCMSA Image