Depuis le 1er mars, et les premiers cas avérés de Covid-19, Auray et ses alentours sont sur le qui-vive. Établissements scolaires, crèches et accueils ferment les uns après les autres.
Dès le 9 mars, des mesures restrictives sont prises par l’Agence régionale de santé pour limiter la propagation du virus. Amper réduit et adapte son activité qui, malgré la pénurie des moyens de protection et un contexte anxiogène, permet de garder le lien avec les plus isolés, en soutien des services infirmiers.
« En cette période, on essaie d’apporter du réconfort. »
Nancy Maurcot, 44 ans, travaille pour Amper depuis 2009.
« Les premiers jours ont été compliqués… Nous avions peu d’informations ou mal interprétées, ce qui a entraîné une confusion, beaucoup de questionnements, notamment pour les salariées avec enfants… Tout a été ensuite transmis par écrit, ce qui a mis les choses au clair.
On a dû s’organiser, faire un état des lieux des situations des personnes, isolées ou non, adapter les plannings. Nous ne faisons que des interventions de nécessité, c’est-à-dire uniquement les repas et les levers, parfois un peu d’entretien du logement pour une personne vraiment isolée, sans famille à proximité.
Une semaine normale pour nous, c’est entre huit et dix personnes. Personnellement, il y en a deux chez qui je ne vais plus, je les appelle pour prendre des nouvelles. Je ne travaille que le matin, mais ce n’en est pas moins fatiguant ! Il y a plus de stress, il faut qu’on fasse attention à tout, qu’on pense aux gestes barrières constamment, tout en rassurant les personnes. Et puis nous n’avions pas assez de stock de masques ! Quand on arrive au domicile, on se lave les mains, dès qu’on touche des choses comme les poignées de portes… il faut les nettoyer. On n’a pas l’habitude non plus de rester à trois mètres d’une personne, d’autant plus si elle est malentendante. Pour mettre des bas de contention par exemple, il faut lui demander de faire attention à se tourner pour ne pas respirer sur nous… Nous avons reçu par la suite d’autres masques, chirurgicaux, et du gel hydroalcoolique, mais un stock limité. On peut utiliser du savon pour se laver les mains, mais pour les masques, ça ne suffit pas à nous protéger… L’état de nos mains est d’ailleurs déplorable !
En cette période particulière, on essaie surtout d’apporter un peu de réconfort. Je m’occupe notamment d’un monsieur en fauteuil roulant électrique qui ne peut pas aller très loin avec. Il se rend donc à la petite supérette du coin mais il n’y trouve pas tout. Et il a du mal à comprendre le confinement, surtout quand il voit les gens dehors. Beaucoup aussi rencontrent des difficultés avec les attestations… Tout cela est contraignant pour eux. Une dame chez qui j’intervenais plusieurs fois par semaine pour l’entretien de son logement se demandait pourquoi je ne venais plus, alors qu’elle voyait quelqu’un chez sa voisine. Je lui ai donc expliqué notre fonctionnement. Il faut les rassurer, ils ont hâte de nous revoir mais nous devons nous protéger aussi. On fait parfois de la pédagogie auprès des familles. J’ai par exemple rencontré la fille d’une personne qui rentrait après une hospitalisation pour insuffisance rénale, qui portait un masque FFP2 (alors que moi non). Sauf qu’elle l’utilisait depuis une semaine pour venir voir sa mère, alors qu’il faut le changer toutes les quatre heures.
Nous avons enfin reçu des masques FFP2 cette semaine [le 2 avril]. Nous allons pouvoir reprendre petit à petit certaines interventions qu’on avait arrêtées, pour mieux assurer notre mission. Notre position sur le terrain n’est pas évidente, mais c’est le cas aussi pour nos collègues qui doivent travailler avec les enfants à la maison ! Et en cas de besoin, nous pouvons appeler le numéro vert [voir ci-dessous] de l’association Soins aux professionnels en santé, qui a renforcé son soutien psychologique depuis le début de la crise. On garde le contact avec nos responsables, les ressources humaines et entre collègues, c’est important. »
Superhéros du quotidien
Association du réseau MSA Services, Amper intervient dans l’aide à la personne : garde d’enfants, accompagnement social, aides au quotidien (courses, repas à domicile, transport, habillage et toilette, téléassistance…), livraison de repas ainsi que pour le ménage ou des petits travaux de jardinage.
Sur ses 250 salariés, 204 sont en activité pendant le confinement. Une activité centrée sur les situations de fragilité. Cela représente tout de même plus de 1 400 personnes aidées à domicile et 560 en portage de repas. Ce dernier a d’ailleurs vu les commandes augmenter depuis le début de la crise.
Malgré un stock de 4 000 masques, plusieurs dizaines de litres de gel hydroalcoolique et environ 150 boîtes de gants, l’association poursuit ses efforts pour faire face à cette situation exceptionnelle, en sollicitant notamment le soutien de l’ARS et du conseil départemental. Des consignes sont régulièrement transmises aux salariés et adaptées selon l’évolution de la situation, notamment avec l’aide du service de médecine du travail de la MSA Portes de Bretagne. Toutes les précautions prises pour limiter le nombre de cas semblent donner de bons résultats pour le moment.