Marina Bigot, animatrice à l’Asept PC, a participé à partir de 2016 à la refonte du programme avec Sandrine Beurguet. Elle s’occupe du déploiement en Charente-Maritime et en Charente pendant que Sandrine Beurguet (cf. interview) intervient dans les départements de la Vienne et des Deux-Sèvres. Elles se sont réparti les dix ateliers du Pac résidents.
À la rencontre de la personne
Ceux de Marina Bigot tournent autour de la personne, les ateliers : « 1 : Mon identité, 2 : Mon parcours géographique, 3 : Prendre soin de moi et des autres, 4 : Au tour des savoirs, et le 6 : Gym et mémoire qu’on a interverti avec le 5. Pour cet atelier, on a travaillé avec l’Ehpad de Marennes où un ergothérapeute (son témoignage à lire ici) a participé à l’expérimentation. » Cette partie s’intéresse à la personne, à son histoire, à son parcours. Bref à son identité, explique Marina Bigot. Exemple, « au niveau géographique, il s’agit de positionner la personne selon son parcours de vie. Souvent les résidents en établissement ne sont pas originaires de la région. Il faut alors réfléchir sur leur place et comment ils se sentent. Ce sont des personnes qui ont voyagé. Cela favorise les liens à l’intérieur du groupe et fabrique des points d’attache entre les individus. » Certains découvrent à cette occasion qu’ils partagent la même passion, la peinture. Et la découverte de ce point commun va perdurer par-delà le Pac. Fabriquer ce type de lien entre dans les objectifs de ce programme.
Donner confiance
Le travail de mise en confiance individuelle est recherché dans la simple prise de parole sous le regard des autres. Le fait de s’exprimer, de prendre des initiatives, d’oser parler, incite les gens à se remettre en cause. Ils s’ouvrent un peu plus. Tout se passe dans la bienveillance, dans l’échange et le partage. Ils peuvent alors se dire : « Eh bien voilà, je peux… je suis possible, je suis encore capable, j’ai encore des connaissances, je suis une personne résidant dans l’établissement, j’ai tout un parcours, une histoire, dont l’identité. Je ne suis pas juste Madame ou Monsieur, du fond du couloir, chambre 816. Je suis Madame Martin, qui a un passé, un vécu, je suis une personne. »
La mémoire fait partie d’un tout
Quel lien entre identité et la mémoire ? Marina Bigot répond : « Toutes les séances, à différents niveaux, font appel à la mémoire. Cela les fait réfléchir. Qu’est-ce que j’ai fait ? Où ai-je été ? Avec la séance 4, par exemple, « on a différents métiers. Vous avez par exemple céréalier, dentiste, cordonnier, agent de maintenance, mécanicien… On a différentes grilles et on leur demande de les ranger par catégorie » Cet effort de classification est propice à un retour sur sa propre expérience. « C’est l’occasion d’échanger sur le savoir-faire acquis tout au long de leur parcours. » Stimuler la mémoire fait partie d’un tout, tient à rappeler Marina Bigot : « On aura beau stimuler la mémoire, si, dans le groupe, la personne n’est pas à l’aise, l’impact sera faible. Le fait d’être à l’aise, ouvert au reste du groupe, de ne pas de sentir mis à l’écart, est bénéfique et l’impact sur la mémoire en est renforcé. Tout est lié. »
Bilan fait à la fin de chaque cycle
Sandrine Beurguet , de son côté, s’est occupée des 5 autres séances orientées sur la culture : Mes 5 sens en éveil, Musique et chant, Contes fables et écriture, Cuisine et saveurs locales et Des événements pour marquer le temps. À la fin du cycle, une évaluation est faite avec les résidents et les équipes ou la direction des structures. « On fait un bilan de l’action sur ce qui a plu ou pas, mais aussi des apports et des éventuelles actions de suite qu’on peut mettre en place », explique Sandrine Beurguet.
Lyasid Souakri
Ergothérapeute dans un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) de Marennes, il a participé à la conception de l’atelier 6 « Gym et mémoire ».
Gym et mémoire, est-ce un atelier uniquement pour les personnes âgées ?
L’atelier a été pensé à la base pour les personnes âgées, mais peut être adapté à tout le monde bien sûr. L’idée est de proposer à des personnes potentiellement porteuses de limitation fonctionnelles (articulaires ou musculaires) une séance d’activité physique réalisable totalement. Donc ce n’est pas forcément une histoire d’âge mais d’accessibilité aux personnes âgées : tout le monde peut le faire chacun avec ses possibilités.
L’avez-vous imaginé à l’occasion du lancement du Pac résidents ?
Oui, en collaboration avec des animatrices l’Asept PC dont (Marina Bigot) avec essai in situ des propositions d’exercices et retour des «expérimentateurs» sur les ressentis, la faisabilité et les bienfaits.
Quelles sont les mémoires ciblées par la gym ?
Il y a la mémoire motrice spontanée : la capacité à répliquer à l’identique, sans aucune préparation préalable, une action physique après l’avoir vue se réaliser une seule fois ;
la mémoire procédurale : il s’agit de la mémoire des savoir-faire, des habilités à effectuer une action ou un mouvement « appris » comme coudre, écrire… ;
la mémoire sémantique, qui correspondant à la mémoire des connaissances générales définitives comme les jours de la semaine, la définition des mots (arbre, table…) ;
et la mémoire de travail : cette mémoire à court terme permet de stocker et de manipuler temporairement des informations afin de réaliser une tâche.
Mais les exercices font aussi appel à l’accès à la symbolique, l’abstraction, l’attention, la concentration…
Pouvez-vous préciser votre méthode ?
Dans la formation initiale des ergothérapeutes, une grande partie est centrée sur la mobilisation des capacités restantes des individus soignés avec l’objectif de conserver ou récupérer des habiletés afin d’être le plus autonome possible. Les cours dispensés portent entre autre sur l’anatomie, les sciences cognitives et la psychologie. Les moyens pour atteindre ces objectifs sont la mobilisation active et volontaire, l’intégration et l’appropriation de son schéma corporel (modifié ou non) ainsi que de ses propres capacités, et les mises en situations réelles. Au-delà de cette approche scolaire et scientifique, cela fait 15 ans que j’anime des ateliers «gymnastique douce» et «rééducation de groupe» auprès des personnes âgées. Donc une partie de la méthode d’élaboration est aussi basée sur des connaissances empiriques et expérimentales. En effet, au cours des années plusieurs méthodes ont été testées me permettant de mixer et de prendre «le meilleur» de chacune : méthode Feldenkrais, niveau d’évolution motrice, rééducation par la sensorialité, sophrologie…
Est-ce que cela opère ?
Les seuls retours dont j’ai bénéficié ont été positifs et sont ceux effectués pendant la période de test. Pour plus de rigueur et d’impartialité, il faudrait réaliser une étude sur plusieurs groupe qui en ont bénéficié avec enquête et tout ce qui s’ensuit.