Les interviews, Claire Hédon connaît. Journaliste à Radio France, France Inter et RFI pendant une trentaine d’années, elle les mène aussi bien comme intervieweuse que comme interviewée. Maîtrise en droit, Master 2 en communication, journalisme, bénévolat puis présidence d’ATD Quart Monde… Elle évoque assez rapidement sa biographie. Pour la Défenseure des droits, l’important à cet instant n’est pas là.

Défenseure de l’accès aux droits

Pourtant, les 28 années passées à l’association ATD Quart Monde sont fondatrices de son action comme Défenseure des droits. « Ce mouvement met l’accent sur le fait que la pauvreté n’est pas simplement un manque de revenus, mais aussi la difficulté à faire valoir ses droits, explique-t-elle. Cette question a été centrale dans mon engagement associatif et dans mon action quand j’y étais présidente. C’est à ce titre-là que le président de la République a pensé à moi pour le poste de Défenseure des droits. » En effet, elle a la question de l’accès aux droits chevillée au corps.

Il en va de même pour sa fonction et l’institution qu’elle sert. « Son statut d’autorité administrative indépendante est solidement établi. Depuis sa création il y a quatorze ans, l’institution mène un travail continu. Elle est issue de la réforme constitutionnelle de 2008, qui l’a inscrite dans la Constitution. La loi de 2011 en définit précisément les missions. » Elle en a deux – protéger et promouvoir les droits et les libertés – qui s’appliquent à cinq domaines de compétences : droits des usagers de services publics ; lutte contre les discriminations ; droits des enfants ; contrôle du respect de la déontologie par les professionnels de la sécurité ; protection et orientation des lanceurs d’alerte.

Un outil, la médiation

« Nous faisons face à une forte augmentation des réclamations. » Elles sont passées de 100 000 en 2020 à 140 000 en 2024. 80 % d’entre elles concernent les droits des usagers des services publics. « Cela dit quelque chose, notamment, des difficultés d’accès aux services publics. » Dans 80 % des cas, la médiation est engagée et elle aboutit dans trois quarts des situations. « Notre principal outil d’intervention, c’est la médiation. En rétablissant les personnes dans leur droit, l’institution a un rôle essentiel d’apaisement des tensions et de cohésion sociale. »

La Défenseure des droits rend des décisions portant recommandations. « Linstitution n’a pas de pouvoir de contrainte mais nous pouvons faire des observations devant les tribunaux. Nous avons été créés en complément de la justice. Nous percevons une partie des difficultés d’accès aux droits qu’elle ne voit pas. C’est pour cela que nous lui sommes utiles et qu’elle nous demande régulièrement des observations. »

Faire respecter les droits

Utile, elle l’est également lorsqu’il s’agit de dire ce qu’il faudrait faire pour que les droits soient mieux respectés. « C’est à ce titre-là que nous faisons des propositions de réformes réglementaires ou législatives, précise-t-elle. Linstitution a avancé sur la question des contrôles d’identité discriminatoires. Nous avons rendu plusieurs décisions et rapports annuels marquants comme la décision-cadre sur la protection de l’enfance ou celle sur l’enquête interne. Nous avons également entamé un gros travail d’accessibilité de l’institution et renforcé nos échanges avec la société civile et beaucoup progressé dans le « aller vers ». »

Un bilan ? « Nous n’y sommes pas encore, nous sommes toujours dans l’action. Nous publions les différents volets de notre enquête Accès aux droits jusqu’en 2026 et notamment sur les discriminations dans l’emploi. Les premiers mois de 2026 vont être jalonnés par la sortie de nombreux rapports sur la lutte contre la fraude, l’accès aux juges ou la protection des lanceurs d’alerte. »

Dates clés

1962 : Naissance à Paris
1987 : Journaliste à Radio France, RFI, et France Inter
1992 : Découverte du mouvement ATD Quart Monde lors d’un voyage en Thaïlande
2015 : Présidente d’ATD Quart Monde
2020 : Défenseure des droits