« Sur environ 8 500 personnes accueillies au sein des Esat [établissements et services d’aide par le travail] des Pays de la Loire en 2017, un quart présente des troubles psychiques », constate Audrey Serveau, de l’ARS régionale. Contrairement au handicap mental qui se caractérise par une déficience intellectuelle plus ou moins profonde, la personne atteinte d’un handicap psychique présente des capacités intellectuelles préservées. Des troubles cognitifs peuvent être associés. Les manifestations du handicap psychique sont essentiellement variables et imprévisibles dans le temps.

Un accompagnement adapté

« Aujourd’hui, nous sommes invités à nous interroger sur l’approche de l’accompagnement auprès de ce public. Il s’inscrit d’abord dans un parcours de soins et dans un parcours de vie qui embrasse différentes thématiques autour de l’hébergement ou de la vie sociale, par exemple. Nous constatons que ces parcours sont très diversifiés, avec des risques de rupture en lien avec l’imprévisibilité des troubles, des phases de stabilisation et de décompensation. Des besoins d’accompagnement plus ou moins intensifs, évolutifs tout au long de la vie. »

La mise en œuvre d’un accompagnement adapté est un enjeu pour les Esat. Des établissements qui accueillaient traditionnellement un public de personnes atteintes de déficiences intellectuelles mais qui se sont ouverts au handicap psychique notamment sous l’effet de la loi du 11 février 2005 relative à l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées.

La reconnaissance du handicap psychique a débouché sur la nécessité de repenser les modes de fonctionnement en interne pour répondre aux besoins de personnes qui ont, pour certaines d’entre elles, connu un parcours de travail en milieu ordinaire avant de rejoindre un Esat.

Les troubles psychiques

Dans les troubles psychiques, on distingue les névroses et les psychoses.
Les premières sont caractérisées par des troubles de l’humeur (dépression, trouble bipolaire), des troubles anxieux (phobie, trouble obsessionnel compulsif), des troubles de la personnalité (borderline), des troubles des conduites alimentaires (anorexie, boulimie…), des dépendances, des addictions.
Les secondes recouvrent les troubles psychotiques : schizophrénie, bouffée délirante aiguë, délire paranoïaque, etc.

Contre les idées reçues :


Les écrans rendent épileptiques ?
Les crises d’épilepsie photo-induites sont très rares. L’arrivée des écrans plats a fortement réduit ce risque.

Les problèmes de santé mentale ne me concernent pas ?
Aucune famille n’est à l’abri. Selon l’organisation mondiale de la santé (OMS), les troubles mentaux concernent environ une personne sur quatre dans le monde. La dépression est la première cause d’incapacité. En France, 1,4 million de personnes sont suivies par les services de psychiatrie publiques.

La schizophrénie est un dédoublement de la personnalité ?
Il ne faut pas confondre le diagnostic de schizophrénie et celui du trouble dissociatif de l’identité (ou personnalité multiple). La schizophrénie n’engendre pas un dédoublement de la personnalité.

« Mais ce qui nous est également rapporté, poursuit Audrey Serveau, ce sont des orientations qui sont prononcées par les MDPH [maisons départementales des personnes handicapées] qui ne sont pas mises en œuvre du fait du refus des personnes elles-mêmes à entrer en Esat. » Ces établissements sont encore trop souvent associés au handicap mental du public historiquement accueilli.

Sur un plan national, le plan Ma santé 2022 élève la psychiatrie et la santé mentale au rang des priorités. Les trois axes présentés dans la feuille de route de la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, le 28 juin 2018, y sont repris : promouvoir le bien être mental, prévenir et repérer précocement la souffrance et les troubles psychiques et prévenir le suicide ; garantir des parcours de soins coordonnés et soutenus par une offre en psychiatrie accessible, diversifiée et de qualité ; améliorer les conditions de vie et d’inclusion sociale et la citoyenneté des personnes en situation de handicap psychique.

Le secteur médico-social doit innover

Par ailleurs, la circulaire du 2 mai 2017 relative à la transformation de l’offre d’accompagnement des personnes handicapées dans le cadre de la démarche « une réponse accompagnée pour tous » et de la stratégie quinquennale de l’évolution de l’offre médico-sociale 2017-2021 définit des objectifs opérationnels. Il s’agit, entre autres, de favoriser une vie en milieu ordinaire par des dispositifs de droit commun tout en conservant l’accès à des dispositifs spécialisés lorsque c’est nécessaire (gradation de l’offre).

Elle vise à favoriser les dispositifs souples et modulaires pour mieux répondre aux besoins des personnes en tenant compte de l’évolution dans le temps de leurs situations. Elle promeut la complémentarité de la réponse de tous les acteurs (articulation entre les secteurs sanitaire, social et médico-social). Enfin, la circulaire demande une organisation des réponses face aux situations complexes et d’urgence lorsqu’elles se présentent pour prévenir les ruptures de parcours.

Parmi les actions à mettre en œuvre dans le cadre de ce virage inclusif, les Esat de transition proposent notamment une solution adaptée. 

La franchise sociale Messidor

L’association Messidor gère des Esat et des entreprises adaptées (EA) qui accueillent des personnes handicapées psychiques reconnues travailleurs handicapés par la commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapées (CDAPH).

Elle leur permet de reprendre une activité professionnelle grâce à un parcours individualisé incluant une activité salariée dans des activités de services, et avec des formations appropriées.

Messidor développe également un service de Job coaching pour accompagner directement les personnes à l’emploi en milieu ordinaire de travail. Ainsi, elle aide les personnes handicapées psychiques de s’épanouir en construisant un projet professionnel.

Pour en savoir plus : www.messidor.asso.fr

Photo : © Sylvain Cambon/CCMSA Image