Que recherchaient les créateurs de l’association en 1983 ?

Anne-Marie Grallet : À l’intérieur de la galaxie MSA, l’AVMA est l’Association vacances de la mutualité agricole. Il y trente-cinq ans, ses créateurs cherchaient à fédérer les villages vacances dont les caisses de MSA étaient propriétaires. Ils voulaient favoriser l’essor de ces structures et aussi garantir qu’elles œuvrent dans la continuité de la politique sociale vacances de l’institution.

Qu’est-ce que le concept de tourisme social ?

A.-M.G. : Le tourisme social, c’est à la fois une organisation et une offre. Une organisation dans le sens où l’activité est réalisée par des associations qui cherchent à pérenniser l’emploi local et à travailler avec les acteurs de leur territoire. Quant à l’offre, elle se caractérise par une recherche de mixité sociale des publics et une volonté de donner accès aux vacances au plus grand nombre.

À qui s’adressent aujourd’hui ces villages ?

A.-M.G. : En écho à votre précédente question, je dirais à nouveau au plus grand nombre. Les familles, les seniors et les jeunes trouveront leur séjour idéal dans nos résidences. Mais pour faire vivre un village vacances, il faut aussi l’ouvrir aux groupes (de randonneurs par exemple) et aux entreprises qui recherchent des lieux de séminaires.

Un village situé dans le Jura vient d’intégrer l’AVMA et un autre est en projet. Quelle est la stratégie de développement de l’association ?

A.-M.G. : L’attractivité d’un réseau tient à sa capacité à proposer une expérience vacances dans des sites touristiques remarquables. Nous cherchons donc à avoir des sites bien répartis en France métropolitaine. Mais pour rejoindre l’AVMA, il faut également partager les valeurs du tourisme social et solidaire et répondre à notre charte qualité.

Quelle est la santé économique des villages vacances ?

A.-M.G. : La majorité de nos villages vont bien, mais nous sommes sur une activité très concurrentielle et de moins en moins prévisible. Pour rester dans la course, nos villages doivent adapter en permanence leur offre. Les attentes en termes de prestations sont sans cesse en hausse, il faut donc dégager des capacités d’investissement pour rénover ou créer de nouveaux services comme les spas par exemple.

Comment vous démarquez-vous de l’offre touristique actuelle, aujourd’hui pléthorique ?

A.-M.G. : L’adaptabilité à des publics variés est l’un de nos atouts. Un village découvert lors d’un séminaire d’entreprise pourra devenir la bonne idée vacances en famille pour l’été prochain. Notre marque de fabrique, c’est aussi un rapport qualité/prix extrêmement bien placé pour des prestations proposées dans des lieux aux paysages exceptionnels.

La casquette de tourisme social n’est-elle pas un handicap pour faire venir un public large ?

A.-M.G. : Les clients recherchent avant tout une expérience vacances réussie et originale qu’ils auront plaisir à vivre et à relater à leurs amis. C’est donc cette expérience que nous mettons en avant pour convaincre les clients de réserver un séjour chez nous. La dimension sociale de nos établissements prend tout son sens pour les vacanciers quand ils voient un séjour intergénérationnel se dérouler à côté d’eux. Cette solidarité et cette authenticité qui s’expriment au sein de nos villages leur donnent un supplément d’âme qui fidélise nos clients.

Est-ce qu’aujourd’hui les agriculteurs s’autorisent à partir en vacances ? Ont-ils fait leur révolution culturelle de ce point de vue ?

A.-M.G. : C’est une question difficile. Les vacances reflètent souvent l’évolution de la société et de l’économie. Les grandes disparités de revenu des agriculteurs influent beaucoup sur les départs. Culturellement je pense aussi que les jeunes générations aspirent à mieux concilier vie professionnelle et vie de famille. Mais l’agriculture est une activité très saisonnière qui n’est pas toujours compatible avec un projet de vacances l’été avec les enfants.

Aidants, quatrième âge, malades d’Alzheimer, comment allez-vous chercher les publics les plus fragiles ?

A.-M.G. : Pour accompagner le départ des publics fragiles le partenariat avec des organismes de protection sociale est essentiel. Les villages AVMA ont un savoir-faire indéniable pour adapter les séjours aux besoins de ces personnes. Mais pour la réussite de ces projets, ils doivent collaborer étroitement avec les travailleurs sociaux des caisses MSA en particulier. Ils font un travail remarquable sur les territoires en rassurant et en accompagnant des familles qui parfois n’ont jamais connu le bonheur des vacances.

Vous avez inauguré l’exposition itinérante « Les vacances, toute une histoire » appelée à circuler dans les 35 caisses de MSA. Dans cette grande histoire, est-ce qu’il y a un événement ou une petite histoire qui vous a touchée en particulier ?

A.-M.G. : La grande histoire des vacances comme vous le dites est une très jeune histoire. L’essentiel des droits aux vacances a été obtenu ces quatre-vingts dernières années. Mais les inégalités restent encore fortes. Il est assez consternant de voir que 40 % des Français ne peuvent pas profiter de vacances. Cette situation rend touchants les témoignages des familles que nous avons aidées à partir en séjour. L’un d’eux m’a particulièrement émue : celui d’un agriculteur de 52 ans qui n’avait jamais vu la mer et n’avait pas pris de vacances depuis plus de vingt ans. Ce temps de répit, qui renforce les liens et redonne un nouvel élan à toute la famille, est pourtant essentiel à notre équilibre physique et psychologique à tous.