Face à la montée des prix et un marché de l’immobilier tendu, une oasis est apparue dans le paysage de la location pour les étudiants. Et c’est à la campagne que ça se passe. Beaucoup d’agriculteurs possèdent des bâtiments inutilisés et de nombreux jeunes rencontrent des difficultés à trouver un logement pour la rentrée. Alors pourquoi ne pas mettre en relation ces deux mondes ?

C’est le pari que s’est lancé en 1995 Campus vert, la fédération des associations des fermes d’accueil en chambres d’étudiants. L’association veut ainsi lutter contre la crise du logement étudiant tout en valorisant le patrimoine des agriculteurs en les aidant à réaménager d’anciens bâtiments.

Subventions et loyers plafonnés

La famille Damageux, agriculteurs à Loos-en-Gohelle dans le Pas-de-Calais, a rejoint l’aventure quasiment dès le début. « Quand on a repris la ferme de mes parents, on a très vite eu des bâtiments inexploités et on ne savait pas quoi en faire », explique l’agriculteur aujourd’hui à la retraite. En novembre 1999, ils ont donc accueilli leur premier étudiant. Depuis, près d’une centaine sont passés par leur ferme. Et ils ne regrettent pas ce choix.

Administration simplifiée, centrale de réservation, mise en relation avec les étudiants… ils ont trouvé de nombreux avantages à adhérer à l’association. Notamment celui de bénéficier de subventions pour la rénovation des bâtiments. En échange, ils s’engagent à respecter un cahier des charges précis et à appliquer des loyers plafonnés décidés en assemblée générale. « Ainsi, pas de concurrence déloyale entre propriétaires, tout le monde est logé à la même enseigne », note le couple.

Entraide et rencontres

Baptiste Rozé, en contrat d’alternance à Évin-Malmaison, à côté de Lens, paye par exemple 366 euros pour un duplex de 35 m2 dans les bâtiments aménagés de la ferme. Il n’y voit que des avantages : « J’ai une cour pour garer ma voiture, c’est tranquille, et je ne paye vraiment pas cher par rapport à d’autres logements en ville. »

L’étudiant et les agriculteurs ont aussi aimé l’état d’esprit véhiculé par ce concept. Car ce n’est pas qu’une histoire de location mais aussi d’entraide et de rencontres. « Pour rejoindre Campus vert, il faut aimer l’accueil », note Pierre Damageux. Pour cet agriculteur qui a grandi dans sa ferme, accueillir des jeunes était une continuité presque logique. « Du temps de mes parents, la maison a toujours été un vrai courant d’air, avec du monde qui venait. Pour moi ça fait partie de notre mode de vie ». Et d’ailleurs, propriétaires et jeunes gardent souvent contact après la fin des études. Alors, tous au vert ?