Lundi 3 mai au matin, Amanda prend le bus !
« Il y a toujours un peu d’appréhension, une part d’inconnu mais ça fait tellement longtemps qu’on l’attend, ce bus, qu’on est contente d’y être enfin ! » Que le lecteur se rassure, ces propos ne sont pas ceux d’une écolière qui attendrait pour la première fois à une desserte scolaire, en retard. Ce sont ceux d’Amanda Rocca, agent d’accueil à la MSA Provence Azur. Et le véhicule dont elle parle est un camping-car. Pour autant, il ne sera pas non plus question de départ en vacances, même si le cadre où se déroule notre histoire, la Côte d’Azur, pourrait le laisser présager. D’ailleurs, éloignons de suite les images du littoral puisque c’est davantage à l’intérieur des terres que nous allons voyager. Dans le massif des Maures plus précisément, entre Sainte-Maxime et Le Luc en Provence.
Définition de la zone d’action
Une analyse territoriale et un diagnostic social menés par la MSA, la préfecture du Var et les partenaires France services révèlent que la population de ce territoire est la plus éloignée des services publics existants dans le département. « Le massif des Maures est la zone la plus fragile en termes d’accessibilité et de mobilité, à la différence de la bande littorale, très bien desservie car très touristique », indique Marion Laroutis, sous-directrice de la MSA locale, en charge de la relation de services et des partenariats France services.
Ce constat ne peut rester en l’état, d’autant que l’un des objectifs prioritaires de la MSA, communément partagé par ses partenaires, est de consolider et développer une offre de proximité. La solution est alors simple : si l’accès à ces services est compliqué pour les habitants, il faut que ces services viennent à eux.
Le projet prend forme … de bus
Nous sommes fin 2019 et l’idée d’un bus sillonnant les zones périurbaines et rurales de ce territoire vient de naître à la MSA en collaboration avec MSA services. La conception du projet et l’obtention des financements occupent une bonne partie de l’année 2020.
« Nous avons recueilli, précise Marion Laroutis, des subventions auprès des partenaires (le conseil départemental, la CAF, la CPAM) pour acquérir un camping-car afin d’assurer la mission France services mais le portage du projet est assuré par la MSA. »
La demande de labellisation dans les tubes et un aller- retour en Bretagne plus tard, Jean-Philippe Bouvier, chargé de mission MSA services et logisticien de l’équipe, transforme le véhicule en salle sur quatre roues. « Près de Lorient, nous avons trouvé un fabriquant qui pouvait aménager l’arrière du camping-car comme nous le souhaitions. Ensuite, je me suis occupé de l’installation du wifi, de la téléphonie et de l’informatique. »
Avec deux espaces d’accueil grand public, six ordinateurs, tablettes connectés, une imprimante, un store amovible, une table et des chaises d’extérieur, le voilà paré pour accomplir sa mission : offrir la meilleure offre d’accueil possible aux bénéficiaires et assurer une prestation de qualité.
Les acteurs principaux
Reste le cœur du dispositif. Ceux qui donnent tout son sens à l’opération, les agents d’accueil. Ils sont six en tout, 100 % MSA. Leur mission ? Apporter des réponses et de l’aide sur des sujets aussi variés que l’état civil, la famille, la formation, l’emploi, les retraites, la justice, le budget, le logement, la mobilité et le courrier ou la prévention santé.
« Ils ont été formés par les partenaires et sont en capacité d’apporter des réponses de niveau 1, détaille Marion Laroutis. C’est de l’accompagnement à la réalisation des démarches en ligne à de la mise en relation éventuelle avec les administrations même si, sur les dossiers relatifs à la protection sociale, les compétences MSA leur permettront d’aller un peu plus loin. »
Les six agents d’accueil ont aussi suivi une formation de deux après-midis avec un formateur routier pour la prise en main du véhicule. « Certains appréhendaient un peu de conduire un gros véhicule comme ça, confie Jean-Philippe Bouvier. Une fois au volant, ils se sont rendu compte que c’était aussi facile que de conduire une voiture. »
Dans les starting-blocks
1er janvier 2021. Tout le monde est fin prêt à prendre la route et le programme est labellisé France services. C’est parti !
Pas tout à fait comme l’explique Marion Laroutis : « Le bus a été mobilisé à la demande des services de l’État et de l’agence régionale de santé. De fin février à mi-avril, il a servi à lancer une campagne de vaccination mobile à laquelle ont participé les médecins et les infirmiers du travail de la MSA sur le territoire du Haut-Var. »
Cette première escapade a eu le mérite de faire connaître le camping-car dans les communes. Pour Yvonne, l’une des agents d’accueil, le bouche-à-oreille et la curiosité promettent une certaine affluence : « Nous avions pris le bus pour la signature de la convention. En le voyant, les gens s’arrêtaient et venaient d’eux même pour nous demander ce que c’était. »
Quand il arrive en ville
Les lieux de stationnement du camping-car à Sainte-Maxime, Cogolin, Gonfaron, Carnoules et Le Luc en Provence (les villes étapes du bus) feront le reste. « Pour être autonomes, il nous faut des bornes électriques et un accès d’eau à proximité, explique Jean-Philippe Bouvier. Les parkings des marchés en sont équipés ». Nul doute qu’entre fruits et légumes, le bus va devenir la nouvelle attraction comme le souligne Yvonne : « Nous aurons du monde, les gens viendront acheter leurs carottes, leurs tomates et jeter un œil au bus. Quand ils vont voir que nous pouvons les aider à faire leur déclaration d’impôts, vu qu’on est en plein dedans, ils seront intéressés ! »
Un bus d’utilité publique
Avec les mesures liées au Covid, les agents d’accueil ne recevront pas plus de deux personnes à l’intérieur du camping-car. Si Amanda et Yvonne ont du mal à estimer l’affluence à venir, on les sent tout de même sereines et surtout heureuses de partir sur les routes :
« Nous allons gérer le flux en continue, comme en agence et puis nous avons l’espace extérieur. C’est sûr que nous allons avoir une période d’adaptation, explique Amanda. Tout dépendra de l’affluence, des démarches à accompagner. Si c’est un acte de naissance ou une carte grise, nous pouvons aider de suite à faire la démarche en ligne. Si c’est un problème plus spécifique, nous redirigerons vers les référents. »
Lundi 3 mai au matin, Amanda prend le bus et il ne faudra pas être en retard car comme le précise Yvonne en riant : « Nous avons une collègue qui a déjà eu un message d’une personne pour prendre rendez-vous à Sainte-Maxime. Donc lundi, pour l’ouverture, Amanda aura déjà quelqu’un, c’est sûr ! »